par Phantom_Blue » 24 Nov 2009, 19:51
DORIAN se versa un verre de Slize au menthol cannabisé et laissa le liquide opiacé dévaler le long de sa gorge, les yeux perdus sur Futuropolis baignant sous une nuit étoilée. Les navettes volantes circulaient sur plusieurs niveaux entre les gratte-ciel saturés de panneaux publicitaires télévisuels animés dans un délire d'images blu-ray aux couleurs flamboyantes.
Son vaste loft high tech aux grandes baies vitrées, situé au 525e et dernier étage, offrait une vue panoramique sur la ville et il goûtait cette position privilégiée.
Puis il contempla Marilyn allongée sur le canapé en cuir blanc, merveilleuse dans sa nudité aux formes parfaites. Marilyn, le dernier androïde ultra perfectionné de la next generation aux 53 sexes interchangeables par simple clic sur une télécommande. Marilyn et la puce XZ rajoutée par Dorian à son multiprocesseur, puce interdite achetée au marché noir dans l'underground de FaceBook.
Dorian posa le verre sur le comptoir du mini bar et déboutonna sa chemise en soie jaune, dévoilant un torse finement musclé.
Jim Crack, le dealer, lui avait bien précisé qu'une fois la puce XZ activée pour une seule utilisation, il avait droit à une heure de plaisir indescriptible, après quoi elle grillerait tout le système. Et qu'il devait se déconnecter cinq minutes avant, sinon il risquait une implosion neuronale.
Il retira son pantalon en cuir Donatella Versace, offrant aux yeux cybernétiques de Marilyn son corps d'une nudité digne du David de Michel Ange, plaça le clip du connecteur sur son oreille gauche et appuya sur le bouton de la télécommande.
Quand l'écran holographique vidéophonique apparut dans le salon. Dans sa précipitation, Dorian avait oublié de le débrancher. Il plaqua ses deux mains sur sa partie hautement attractive. L'agent fédéral Kurt Lancaster afficha une gêne puis enchaîna dans un flot de paroles :
— Pardon de vous déranger, monsieur le maire, mais nous l'avons de nouveau arrêté pour excès de vitesse et rébellion à agents, deux de nos hommes ont dû être hospitalisés, d'après la nouvelle loi gouvernementale il aurait déjà dû passer au désintégrateur, venez le chercher dans l'heure qui suit, après je ne pourrai plus rien faire pour lui.
Dorian ne put réprimer une colère sourde tandis que l'écran s'évaporait dans l'air. Il serra les poings, loucha Marilyn, loucha sa montre, hésita, resserra les poings, reloucha Marilyn, reloucha sa montre.
Les mains crispées sur le manche de sa navette, il décolla de la plate-forme d'envol de son gratte-ciel. En calculant bien, il serait de retour dans quinze minutes, vingt au plus, le temps de régler l'affaire.
La navette se faufilait à vive allure entre les files, doublait, passait d'un niveau à un autre, contournait les gratte-ciel dans des virages serrés.
Enfin la plate-forme d'atterrissage du commissariat de la 123e avenue apparut dans un carré de lumière.
Dorian sprinta hors de la navette, s'engouffra dans l'ascenseur, déboula à l'accueil, passa en coup de vent devant le comptoir où il fut immédiatement reconnu par une hôtesse rougissante follement amoureuse de lui.
Il fonça dans le couloir B Sud et retrouva Kurt Lancaster qui le conduisit à la salle de dépôt.
Pouillu sortit de sa petite cage et s'ébouriffa le poil comme si de rien n'était sous les yeux courroucés de Dorian qui lui envoya d'une voix sévère :
— Désormais, interdiction de scooter, privé de sortie pendant un mois et tu feras le ménage !
Pouillu se lissa le poil avec ses pattes, concentré sur son opération esthétique.
Dorian loucha sa montre, constata que quinze minutes s'étaient écoulées et fila vers sa navette garée sur le toit.
Dix minutes après, il débarquait dans son loft. Marilyn n'avait pas bougé et lui souriait toujours.
Il arracha sa chemise en soie jaune, arracha son pantalon en cuir, constata que le connecteur était toujours clipé sur son oreille gauche. Et il s'avança vers l'androïde, un désir incontrôlable bouillonnant dans les terminaisons nerveuses hyper sensibles de son anatomie.
Quand un formidable bruit de baies vitrées éclata le silence tamisé et un commando cagoulé en combinaisons, suspendu à des fils, surgit dans le loft, des guns à visée infra-jaune braqués sur le maire de Futuropolis. Un urticaire de points rouges s'imprima sur son corps nu.
— Damned ! s'écria Dorian. Les flics de FaceBook !