par Phantom_Blue » 14 Jan 2008, 10:53
DRIMS saison 2
Episode 9
Un rectangle brillant de deux mètres de haut se découpa dans l’air et BB-lilith en sortit. Le rectangle s’effaça derrière elle.
Aeryn Sun ronflait sur le lit, étalée au milieu de canettes vides.
BB-lilith l’attrapa au bras, la souleva, la chargea sur son épaule, traversa la terrasse, descendit un escalier et se dirigea vers un bassin.
Plouf fit Aeryn Sun dans l’eau transparente, troublant la léthargie ensoleillée des nénuphars.
Electrifiée par un sursaut, elle se réveilla. Gesticula dans tous les sens. Avala quelques gorgées d’eau, ce qui ne pouvait que lui être profitable. Ne réalisa pas tout de suite. Se redressa sur ses pieds, la robe collée à la peau. L’eau lui arrivait à la taille.
— Mais ça va pas la tête ? qu’elle brailla.
Avant de reconnaître BB-lilith.
— Lili ? C’est toi ?
— Oui, mais sors du bassin, les crocodiles ont la dalle.
— Quoi ?
Aeryn Sun sprinta et s’éjecta de l’eau juste au moment où une dentition vorace allait lui déguster le fessier.
— Mais t’es folle !
— Ça t’apprendra à jouer les Cléopâtre et picoler.
— Ben quoi, j’avais une petite soif. Comment t’as fait pour revenir ?
— J’ai découvert qu’on pouvait agrandir les écrans pour en faire des portes. C’est ce qui sert à passer dans les sphères. J’ai même vu l’écran de sortie de DRIMS.
— Ouais ? Géniaaaal ! Alors on va pouvoir revenir dans la réalité !
— Oui, mais pour ça il faut retourner dans le central.
— Et tu peux plus ?
— Ben non. J’avais le choix : la réalité ou te rejoindre.
Aeryn Sun la regarda, toute dégoulinée d’eau.
— Alors on fait quoi ?
— Les autres sont ici. Je les ai localisées sur des écrans. On va les récupérer et puis on verra. Viens, on va chercher tes fringues et tes guns.
Enilis se trémoussait sur la grande piste de danse de l’Abou Simbel, le corps électrocuté par une techno endiablée, qui se répercutait dans l’immense salle haute de vingt mètres. Autour d’elle, des djeunes se livraient à toutes sortes de chorégraphies proches des gestuelles du primate en rut. Une multitude de boules à facettes métallisées tournaient lentement, suspendues au plafond par de longues tiges, éclaboussant de reflets multicolores les parois massives en pierres et les hautes statues des dieux égyptiens trônant un peu partout. Autour de la piste carrée, des tables basses en verre s’alignaient devant des sofas confortables.
Le garçon qui gesticulait avec elle s’était rapproché et entamait un va-et-vient du derche, que Enilis lui décocha un genou de la rotule dans la braguette de l’entrecuisse.
— Grrrr ! Tous les mêmes, qu’elle grogna.
Elle traversa la piste de danse, laissant le garçon recroquevillé les mains sur ses parties sensibles, bouscula des djeunes, en envoya rouler sur la piste, et se tala sur un sofa vide, léger vénère. Elle appela une serveuse en mini robe décolletée, ce qui la vénéra encore plus, et commanda un triple Blacky Flashy, un mélange de whisky vodka tequila et limonade, la limonade juste pour faire des bulles.
Les djeunes s’agitaient toujours. Des couples se kissaient sur des sofas. Les statues géantes semblaient observer tout le monde.
La serveuse apporta le Blacky Flashy, se pencha pour poser le verre sur la table basse, les lolos dégorgeant presque du décolleté.
— Grrr ! fit Enilis. Dégage !
Etonnée, la serveuse s’éclipsa sur ses chaussures à hauts talons.
Enilis s’empara du verre et laissa couler une bonne gorgée de Blacky Flashy derrière le soutif.
C’est au moment ou elle posait le verre, que BB-lilith et Aeryn Sun déboulèrent en force, les couettes essoufflées.
— Dis donc pour te trouver, qu’elle jactouilla, BB-lilith, c’est grand ici, un vrai hall de gare !
— Vous êtes aussi là ? Et les autres ?
— Justement, répondit BB-lilith, il faut aller récupérer Sandy, elle est au sommet de la pyramide. Pour Blue, je sais pas, je l’ai pas repéré sur les écrans.
— Ah ouais, les écrans, alors t’as réussi à sortir ?
— Oui, je t’expliquerai, viens, faut se grouiller !
— Hein ? fit Enilis. Pas encore ! Je me poile bien ici !
— Pas le temps, insista BB-lilith, allez viens !
Voyant qu’Enilis ne bougerait pas, BB-lilith lança un regard à Aeryn Sun. Enilis fut tirée de force du canapé par quatre mains. BB-lilith la chargea gesticulante sur son épaule.
— Mais lâche-moi ! Putiiiin ! J’veux des beaux garçons ! Ouuuiiiiinnnn !
Tandis qu’Aeryn Sun sifflait rapidos le reste du Blacky Flashy.
Recroquevillée plus loin sur un sofa, les poings plaqués sur les joues, la tête et les couettes rentrées dans les épaules, Coralie boudait.
A côté d’elle, Nayru aspirait la fumée framboise cassis d’un narguilé. Elle articula, de la fumée rose sortant des narines : — Arrête de faire la gueule !
— Nan ! qu’elle crachota, Coralie, les zoeils furibards.
— Mais ça te plait pas ici ? C’est cool, non ?
— Nan ! C’est nul ! Y’a pas de zombies à flinguer !
— Mais y a pas que les zombies dans la vie.
— Siii !
Sami et Misscroftlook se ramenèrent de la piste, les dents rigolantes.
— Qu’est-ce qu’on s’éclate ! qu’elle caqueta, Misscroftlook en se laissant tomber sur le sofa.
— Ouais, dit Sami, en se déhanchant devant les filles. Tout mon corps n’est plus que vibrations. Et avec mon nouveau mini shorty, je suis la déesse de l’amour.
Elle se caressa les lolos et les hanches.
— Pffff, souffla Coralie en haussant les épaules.
— Allez, Coco, chanta Sami, libère tes chakras ! Viens danser avec Osiris !
— J’veux des zombiiiies ! qu’elle brailla. Z’êtes pas marrantes ! Snif ! Bouuuu !
— Héé mais c’est pas BB-lilith et Aeryn Sun là -bas ? qu’elle dit, Misscroftlook.
De l’autre côté, sur un sofa, Laraider cramait une cigarette extra longue mentholée, légèrement additionnée de graines de ganja, un verre de Vodka dans les doigts, les zoeils crispés dans les sourcils.
— Quand je pense que je tenais Steve. Il avait dérapé sur le carrelage. Et y a ce lutin qui m’a balancée de la poudre en pleine gueule.
Babou s’envoya un Gin Tonic Clan Campbell dans le gosier, clapota la langue contre les gencives, because toujours ses babines retroussées façon rictus satanique.
— Il faut toujours se méfier des lutins. Ils te louchent la prune en douce. Ce sont des sournois. Mais t’inquiète pas, on finira par le coincer.
Corinne pompait sur un narguilé pêche poire, salivant l’embout en nacre parfumé.
— Laissez le papillon voltiger dans la lumière ! OOOOOMMMMM !
Babou la cibla :
— Tu devrais te chercher un mec. Je sais, ça sert pas à grand chose, mais ça sert quand même un peu quand il pleut et que tu t’ennuies.
Vêtue d’un mini tablier en dentelles plein de cœurs roses imprimés passé autour du cou et noué derrière par un joli nœud, en petite culotte, avec des pantoufles en forme de Pikachus aux pieds, Sandra prit le moule rond avec la mousse au chocolat et le plaça dans le four. Elle régla le thermostat à 7. Jeta un regard par la fenêtre. Du sommet de la grande pyramide, à 150 mètres de haut, on dominait toute la vallée des rois. Quelle merveille du bonheur de vivre avec Rob dans son super loft ! Elle contempla encore sa tenue, s’assura qu’on ne voyait pas trop ses lolos sous les côtés du tablier, ajusta bien les élastiques de sa petite culotte pour qu’elle ne fasse pas de plis, rougit et fonça au salon.
Rob glandait affalé sur le canapé en training avec les bandes blanches pour faire sportif, une canette de bière à la main, les zieufs rivés sur l’écran de la télé. Le match de foot contre les Anubis et les Horus accaparait son attention.
Sandra se campa à sa droite, les mains derrière le dos et dit d’une petite voix toute zamoureuse et intimidée :
— Le gâteau au chocolat est dans le four. Comment tu me trouves ?
— Mmm, mouais, articula Rob sans quitter l’écran des zoeils.
Il s’envoya une coulée de bière dans le gosier.
Elle sauta sur ses genoux et l’agrippa au cou, la bouche à deux doigts de la sienne, disons deux lèvres de la sienne.
Rob faillit lâcher sa canette.
— Hééé mais fais gaffe !
— Roby, je t’adore trooop, donne-moi des kissous !
C’est ce que j’appelle la belle vie. Couché dans le sable chaud, la tête sur les genoux de Fleur, à l’ombre des palmiers, des dattiers et des figuiers, au cœur d’une oasis. Ben non, je suis pas en slibard, c’est un mini caleçon option plage. Et puis Fleur est en bikini parce qu’il fait chaud. C’est l’Egypte, pas le Groenland.
Les rennes gambadaient, broutaient de l’herbe, des fois copulaient frénétiques. Normal, deux rennes, deux rennettes, ça invite au dialogue du zamour. Bon, des fois aussi ils se balançaient des coups de boules. Surtout les rennettes, qui boulaient des coups. Les femmes, quoi !
Les doigts fins de Fleur me câlinaient le visage. Massage relaxant.
La fin du chapitre « Les balles miracles » s’afficha sur l’écran du lecteur DVD posé sur mon ventre.
Evidemment, après l’avoir vu, tout devenait clair, enfin une partie. Les éléments vécus s’emboîtaient dans une logique précise, celle du jeu de DRIMS. Tout avait été fait pour que je prenne connaissance de ses infos et que je m’oriente dans cette direction. Oui, encore fallait-il avoir l’idée de prendre un lecteur DVD, mais peut-être que Fleur en aurait sorti un. Pourtant malgré ces infos, ce n’était pas joué d’avance.
Ben voilà , il fallait bouger, prévenir les autres. Si je les retrouvais. Mais quelque chose me disait que j’allais bientôt les revoir.
J’aurais préféré buller avec Fleur, bercé par sa douceur éternelle dans l’éternité de sa douceur.
Sa voix angélique tinta au-dessus de moi :
— On a quinze minutes pour aller à la pyramide.
Je levai mes yeux vers elle. Ils ricochèrent sur les bonnets gonflés de son soutif.
— Je te demande pas comment tu sais ça !
Oui, je la tutoie, euh, une certaine amitié s’est créée entre nous.
Son sourire me répondit.
Il ne restait plus qu’à me lever, m’arracher à elle, me refringuer, quitter le paradis.
On ne se rend pas compte, mais la vie d’un mec, c’est quand même infernal au niveau sentimental !
BB-lilith, Enilis et Aeryn Sun surgirent dans le loft de Rob, au sommet de la pyramide de Kheops. Il fallait juste prendre l’ascenseur et appuyer sur le bouton du dernier étage. Vous croyiez quoi ? Qu’il fallait passer à travers des tas de systèmes de sécurité hautement sophistiqués et atrocement meurtriers ? C’est une fic à petit budget, j’ai pas les moyens.
— Aaaaaah ! s’écria Enilis en voyant Sandra en train d’épousseter les meubles du salon avec un plumeau rose . Mais c’est quoi cette tenue ?
— Hein ? fit Sandra. Vous êtes là ? Ben c’est la tenue manga de la fée du logis.
— Quoiiii ? s’énerva Enilis. Mais t’as juste un tablier sur toi, et super mini !
— Et une petite culotte, précisa Sandra, quand t’es lycéenne t’as le droit d’avoir les fesses à l’air.
Enilis crut qu’elle allait avaler ses couettes.
Aeryn Sun loucha Rob avachi sur le canapé.
— Comme Chonchon, qu’elle gerbouilla. Tous les mêmes !
Le traîneau atterrit dans un glissement feutré d’air sur la grande terrasse du loft au sommet de la pyramide. La vue était magnifique.
Je m’éjectai du traîneau, aperçus les filles à travers la baie vitrée, déboulai dans le salon, cadrai Sandra, restai deux secondes sans voix, avalai la moitié d’un glurps saliveux. N’eus pas le temps d’avaler l’autre moitié.
Et suffoquai, la langue baveuse :
— Gasp… bouark…
Les doigts câlins d’Enilis m’étranglaient le cou de la tête.
— Mais arrête ! cria Sandra en lui tirant les couettes en arrière.
Ce qui eut pour effet de lifter la peau du visage d’Enilis, lui donnant des zoeils bridés à l’asiatique. Une vraie chatte en colère !
Aeryn Sun et BB-lilith lui agrippèrent les poignets et lui dégagèrent ses doigts crispés avec peine. Elle finit par me lâcher le cou.
— Mais ça va pas ? lui dit BB-lilith. Qu’est-ce qui te prend ?
Enilis resta quelques secondes dans le gaz et sembla reprendre ses esprits.
Quand son regard dévia sur Fleur, qui se tenait dans l’entrée du salon.
— C’est qui cette pouffe ? qu’elle claqueta des dents, la Nini.
Fleur lui adressa un sourire et chanta :
— La colère irréfléchie de la souris rampante ne trouble pas la sérénité du vol de la colombe divine.
— Grrrr ! grogna Enilis. Je vais t’en donner, moi, de la souris rampante.
Elle allait s’élancer sur la jeune Japonaise mais BB-lilith la stoppa dans son élan en la retenant par la taille.
— Ça suffit maintenant ! Tu te calmes !
Je me massai le cou. Et on dit que les filles sont des créatures faibles.
— Ça doit être un effet de DRIMS, tenta de m’expliquer Aeryn Sun.
Ben DRIMS ou pas, dorénavant je garde une distance de sécurité sécurisante, soit l’espace Terre Pluton. Minimum.
Soudain Sandra fila dans un coin du salon, s’enveloppa dans une cape dorée qui pendait à un porte-manteau, et gueula avant d’enfouir sa tête dedans :
— J’en ai marre qu’on me dicte toujours ce que je dois faire ! Je me casse ! Salut !
— La cape de la téléportation du magicien Zozo qu’ils ont disparu au supermarché avec ! s’écria Enilis. Noooon, Sandra, arrêêêêêête !
Figés par la surprise, on attendit, les zoeils braqués sur la cape. Des secondes interminables s’écoulèrent comme le reste d’un verre de flotte balancé dans le goulot d’un évier après la descente d’un Doliprane 1000g dans le gosier, que tu bois jamais toute la flotte, que si tu avales avec une bière tu descends toute la bière, que c’est marqué sur la notice d’emploi à prendre avec un grand verre d’eau, que comme tu bois pas toute la flotte, et qu’avec la bière tu siffles toute la canette, ils devraient marquer sur la notice d’emploi avec une canette de bière. Logique non ?
Sandra dégagea sa tête de la cape, les couettes brillantinées par la déception.
— Ça marche po.
Elle laissa la cape glisser à ses pieds.
Enilis bondit en avant, un cri d’horreur accompagnant le bond, à moins que ce ne soit le bond qui accompagna le cri d’horreur. Agrippa la cape sur la moquette et la remonta en un éclair pour recouvrir Sandra jusqu’au cou.
— Ben quoi ? qu’elle demanda, la Sandra, surprise.
— Mais t’es toute nuuuuue ! qu’elle cracha, Enilis. T’es tarée du cerveau des couettes ou quoi ?
— Hein ? gargouilla Sandra. Euh, oups ! Ben alors ça a marché à moitié la téléportation.
— Et c’est tout ce que tu trouves à dire ? lui postillonna Enilis dans le visage.
— Ben quoi ?
Je louchai les dunes, Abou Simbel, une bande de fennecs copulant frénétiques dans le sable. Qu’auriez-vous fait à ma place. J’attendais qu’Enilis m’apostrophe de la voix des dents. Elle m’apostropha des dents de la voix.
— Grrrrr ! Blue, je t’ai vu, t’as maté ! Grrrr !
— Hein ? que je fis en me retournant ? Quoi qui se passe ?
— Grrrr ! Arrête de mater comme un malade !
— Mais quoi, j’y peux rien, c’est pas de ma faute, j’ai rien vu…
— Grrr ! Grrrrrrrr ! GRRRRRRRR !
Aeryn Sun et BB-lilith rigolaient soutenu. Cette dernière demanda pour la cape et la téléportation. Enilis lui résuma en trois mots, puis entraîna Sandra dans la pièce voisine.
— On devrait lui demander comment il fait ? proposa Aeryn Sun en montrant Rob.
— Oui, dit BB-lilith, mais s’il veut rien dire ?
— T’en fais pas, une fois Chonchon il voulait pas me dire le numéro de sa carte Bleue, deux minutes après il avouait même l’existence d’un second compte bancaire. Tu te rends compte ? Et la confiance dans le couple, ça vaut quoi alors ? Comme si j’étais une voleuse ! Je l’ai vidé, pour lui apprendre le respect dû au conjoint.
Elle s’avança vers Rob, toujours étendu sur le canapé, paumé dans les vapes, et le secoua costaud.
— Réveille-toi ! J’ai des questions à te poser !
Rob devint tout mou et fondit sur le canapé. Il glissa sur le sol comme une flaque d’huile et se désagrégea dans les poils de la moquette.
— Putiiin ! qu’elle s’exclama. Il s’est volatilisé ! Et sans sa cape !
Trois secondes après, Sandra déboulait en petite culotte et soutif, les couettes inquiètes.
— Rooooob ? Mais t’es où ? Roooob !
Enilis cavala derrière elle et l’attrapa par le bras, mais Sandra résista. Elle la ceintura alors à la taille, la souleva et l’embarqua dans l’autre pièce. Sandra gesticulait en braillant :
— Rooooob ! Mon amour ! Reviens, je t’aime !
— Dis donc, et Kisshu, tu en fais quoi ? qu’elle lui demanda, Enilis.
— Kisshu, qu’elle répondit la Sandra, c’est juste pour le week-end ! Roooooob !
C’est ce qu’on appelle l’agenda du zamour des filles. D’un côté, elles disent que la passion ça ne s’explique pas, les sentiments ça ne se commande pas, et d’un autre côté elles organisent leur planning zamoureux avec la froideur d’un comptable de morgue répertoriant les macchabées dans les tiroirs.
— Ben je sais pas comment on va faire, soupira BB-lilith en se laissant tomber sur le canapé.
Aeryn Sun se dirigea droit vers le bar et décapsula une canette de mousse houblonneuse. C’est vrai que je commençais aussi à avoir les papilles dégustatives légèrement desséchées. Je l’imitai et descendis une bonne dose.
Fleur s’était approchée et me souffla :
— Il faudrait peut-être leur dire !
Aeryn Sun dirigea un zoeil interrogateur vers moi, la canette toujours soudée au bec, le coude levé.
Ah oui ! J’avais complètement oublié. Je balançai :
— Je sais comment aller dans le central des écrans et retourner dans la réalité.
J’avais expliqué tout le binz. En évitant l’oasis, valait mieux, relatif à Enilis. Bon je vous résume. On va pas y passer la soirée. Les balles du gun de Ringo Star avait envoyé BB-lilith dans le central des écrans. Dans le chapitrage « Les balles miracles », les trois filles de Laraider, prisonnières d’un cube spatio-temporel, découvrent que les balles d’un gun leur permettent de s’évader, et d’accéder justement à un central semblable. Donc il est facile de déduire ce qu’il y avait à déduire. En supposant que les 4 guns des Beatles avaient cette possibilité. En éliminant les 2 guns de Ringo Star et de Georges Harrison, flingués et disparus avec leurs guns. Je suppose. Restait le gun de Paul McCartney, ayant atterri sous les rayon librairie (si vous vous souvenez). En espérant qu’il s’y trouve encore, mais pourquoi ne s’y trouverait-il plus ? Et celui de John Lennon, blessé, qui s’est barré avec le sien.
Et c’est là que les autres RE girls débarquèrent. Manquait plus qu’elles. A croire que tout le monde devait atterrir dans le loft de Rob.
Sami se précipita sur moi, les zieufs allumés, le mini shorty moulant ce qu’il pouvait mouler. Ça doit pas être facile pour un mini shorty d’essayer de mouler avec un minimum de moyen. Surtout un mini shorty de Sami.
Elle se pendit à mon cou. Je connais maintenant les psychoses d’une potence.
— Bluuue, tu m’as horriblement manqué ! J’arrêtais pas de penser à toi !
Elle me chanta un truc en anglais avec des « only you and me » et des « love in the night », bref un charabia de fille incompréhensible pour les mecs.
Elle fut tirée en arrière par la main d’Enilis crochetée au col de son mini tee-shirt.
— Dis, tu te crois où là ? T’as vu ton shorty ? qu’elle lui crachota, la Nini.
— Quoi, mon shorty ? qu’elle répliqua, la Sami. Tout le monde il peut pas. Faut avoir des fesses de rêve.
— Grrrrrr !
Elles s’empoignèrent et se secouèrent dans tous les sens.
Pendant que Coralie donnait des petits coups de boule dans la baie vitrée en maugréant : « J’veux des zombies ! J’veux des zombies ! » Que Nayru se confectionnait un super cocktail au bar, une bouteille de vodka dans une main, une bouteille de whisky dans l’autre, les goulots déversant à donf dans un maxi bock. Devait avoir une petite soif. Et que Misscroftlook se limait les ongles, les gambettes croisées dans un fauteuil.
Aeryn Sun paria à dix contre un sur Enilis, avant de vider une autre canette, tandis que Nayru donnait Sami gagnante.
BB-lilith secouait la tête, les bras croisés devant le spectacle.
Je m’étais rapproché subrepticement de façon furtive dans un mouvement de crabe de Fleur.
— Hééé ! envoya Sami. On va quand même pas se battre à cause des mecs !
— Ah ouais ! approuva Enilis. C’est tous des blaireaux du slip ! Ils sont tout juste bons à nous pourrir la vie !
— Tu l’as dit. Si on n’était pas là , ils crieraient au secours maman !
Elles rigolèrent, mais pas la rigolade de la Belle au Bois Dormant, légère et cristalline, plutôt la rigolade de la mutante vampirique entraînant un mec par les griffes au fond du lac maudit.
— Alors, comment tu trouves mon nouveau shorty ? qu’elle lui demanda, la Sami.
— Très tendance.
— Ouais, hein ? En dessous j’ai un string. Les petites culottes ça me boudine.
— Ouais, moi aussi je mets des strings des fois, mais la ficelle ça me tire dans les fesses.
— Le truc, tu vois, c’est d’enlever la ficelle.
— Ah ouais ? Mais alors, comment il tient le string ?
— Devine !
Elles rebelotèrent une rigolade graveleuse.
Ne cherchez pas l’astuce, vous auriez des palpitations frissonnantes dans le cerveau du cœur.
Quand une voix gueula dehors :
— Les momies attaquent !
Coralie sprinta sur la terrasse, regarda par-dessus le petit muret en bas et cria :
— Super, y a plein de momies qui escaladent la pyramide !
Elle dégaina ses deux guns, enjamba le muret, sauta sur un bloc et rafala. Des explosions tonnèrent dans l’air. Vous avez deviné que c’était des momies comme dans Tomb Raider 1, ou alors faut rendre votre diplôme de super pro de Tomb Raider. Quoi, vous n’avez pas le diplôme de super pro de Tomb Raider ? Vous demandez à Laraider par mail, et elle vous envoie ça avec la signature et le tampon, et une photo d’elle en mini bikini Lara Croft (je vais me faire tuer).
Nayru se dépêcha de vider son bock et courut la rejoindre.
— Enfin de l’action, chanta Sami en l’imitant.
Sandra fonçait aussi en avant, quand Fleur l’agrippa au bras et lui dit :
— Non, on a autre chose à faire.
— Mais tu viens Missou ? cria la voix de Nayru dehors. On s’éclate trop !
Misscroftlook se leva, soupira, et marcha vers la terrasse en roulant du shorty.
— Encore des monstres à flinguer, c’est d’un banal.
Elle dégaina un gun, enjamba le muret et rejoignit les autres.
— Oui, lança BB-lilith, faut retourner au supermarché chercher le gun de Paul.
— Il n’y a que quatre places dans le traîneau, précisa Fleur, il faudra que deux filles s’assoient sur les genoux de quelqu’un.
— Moi je m’assieds avec Blue, envoya Sandra.
— Ah non ! coupa sec Enilis. T’es folle ou quoi ? T’en as pas assez fait comme ça ?
— Bon, dit BB-lilith, Blue et Fleur à l’avant, moi et Sunny à l’arrière avec Sandra et Enilis.
— Pffff ! souffla Sandra. C’est po juste !
— Niark, niarka, dark Enilis, un zoeil foudroyant collé dans mes zoeils d’un calme céleste.
Le traîneau s’envola dans les airs.
Coralie, Nayru et Misscroftlook rafalaient soutenu, sautant d’un bloc à l’autre, éclatant les momies. Elles essayaient de rattraper Sami. Oui, une momie l’avait embarquée sur son épaule et se barrait avec elle, sautant avec une agilité phénoménale de bloc en bloc vers la base de la pyramide. On distinguait le ciboulot bandelletté de la momie et le mini shorty rebondi de Sami. Surtout le shorty rebondi.
— Trop génial ! s’exclama Sandra, assise derrière moi sur les genoux de BB-lilith. Snif ! Je voulais aussi flinguer des momies. C’est po juste !
Le traîneau passa au-dessus d’Abou Simbel, du palais de Cléopâtre et survola les dunes du désert.
Une violente explosion arracha le loft de Rob.
Mais oui, c’était bien Corinne, Babou et Laraider, cavalant à dos de dromadaires. Devant eux, à une centaine de mètres, Steve, juché lui aussi sur le dos d’un dromadaire. A mon avis, il essayait de leur échapper. Ou alors il testait l’amour de Laraider, pour voir si elle le rattrape. Mais bon, la deuxième hypothèse me parut quelque peu très hypothétique.
Les mecs seront toujours poursuivis par les filles. Elles ne peuvent pas se passer de nous. C’est génétique, hormonal, psychotique.
Pourquoi une violente explosion elle arrache le loft de Rob ? Mais le gâteau au chocolat de Sandra oublié dans le four. Vous voyez, vous suivez pas. Non, le thermostat il s’arrête pas automatiquement. C’est pas un thermostat qui s’arrête automatiquement. Sinon il peut pas y avoir une violente explosion qui arrache le loft de Rob. Et avec une violente explosion c’est plus mieux pour la scène.
— Dis, Blue, tu crois qu’elle s’est téléportée où, ma petite culotte ? qu’elle demanda, Sandra.
— Mais ça va pas la tête ? claqua sec des dents Enilis. Pourquoi tu demandes un truc pareil à Blue ?
J’adoptai un vide total dans le ciboulot. Ne cillai pas d’un cil. Evitai de remuer ne serait-ce qu’une zoreille.
Quand Enilis, assise sur les genoux d’Aeryn Sun, s’exclama :
— Mais c’est Clac-Clac !
Effectivement, le corbeau volait à quelques mètres de nous, une petite culotte dans le bec.
Quand Sandra s’exclama à son tour :
— Mais c’est ma petite culotte qui s’était téléportée ! Je la reconnais, c’est celle du supermarché !
Clac-Clac largua un pet et vira en piqué sur la droite.
J’énonçai un principe digne de e=mc² : « Une petite culotte qui se dématérialise se rematérialise toujours quelque part. » C’est comme les filles, tu les plaques, donc tu les dématérialises de ta vie, elles finissent toujours par se rematérialiser au tournant.
Le parking était vide. Des papelares se baladaient un peu partout, poussés par le vent.
Sur le toit du supermarché, on pouvait lire : « RATOS LAND » Le G manquait.
A peine on était descendu du traîneau, Fleur dit d’une voix souriante :
— C’est là que nos chemins se séparent.
Elle claqua un coup de rennes sur les rênes, euh, de rênes sur les rennes, euh, bref. Ils se lancèrent au galop et le traîneau décolla.
Une larme perla de mon zoeil.
— Je le savais, crachota joyeuse Enilis, les Japonaises c’est toutes rien que des lâcheuses. Niark niark niark !
J’évitai son regard. L’aigle majestueux plane loin de l’hyène ricanante.
Surprise en entrant ! Tous les rayons étaient vides. La populace avait tout embarqué.
Je passai en revue les possibilités. Soit le gun était sous le rayon, mais vide. A moins de trouver des balles miracles, il faudrait retrouver John Lennon. Soit le gun était sous le rayon, mais pas vide. Bon, pour les détails vous cogitez. Je commence à avoir des palpitations du cervox.
C’est au détour du rayon électroménager, enfin il ne restait plus que la pancarte, que je compris la signification de RATOS LAND.
Une meute de gros rats poilus avec des zoeils rouges cavalaient partout sur le sol et les étagères des rayons. Il devait y en avoir une bonne centaine, voire plus. Ils furetaient avec leurs museaux frétillant, frétillaient avec leurs museaux furetant.
Un rat plus gros que les autres émergea du lot. Enfin il ressemblait beaucoup à un hamster, mais son poil hérissé était crado, lui donnant un air de rat. Ça devait être le big boss. Il dit d’une voix de hamster plus gros que les autres rats :
— Salut, je suis Pouillu ! Je suppose que vous cherchez le gun de Paul McCartney ! Si vous voulez le récupérer, ce sera quatre petites culottes !
Certainement un copain de Clac-Clac. Mais avec Pouillu les enchères avaient monté. La bestiole était gourmande.
Les rats suivirent les filles, une multitude de zoeils rouges braqués sur les shortys rebondis, les langues slurpant à donf. Pouillu bavait copieux, laissant une traînée visqueuse sur le carrelage.
Les rideaux des cabines d’essayage claquèrent sec en se fermant sur les visages pas jouasses des filles. Surtout Sandra, qui en avait marre de refiler sa petite culotte.
Les secondes passèrent dans un silence de regards concupiscents et de néons grésillant.
Pouillu se détacha de la meute et sautilla sous le rideau de la cabine de Sandra.
Oh le vilain petit canaillou de voyeur !
Il ne resta pas longtemps. La rangeo de Sandra le catapulta dehors. Il vola en vol plané et s’étala tout plat ramolli sur le carrelage dans un plof de poil grassouillet.
Tous les rats rigolèrent dans un concert de claquements dentaires.
Enfin les rideaux s’ouvrirent sur les filles avec leurs petites culottes à la main.
Elles les balancèrent sur le carrelage. Pouillu se précipita, largua : « Le gun est toujours à sa place sous le rayon librairie », agrippa les quatre petites culottes avec ses petites dents pointues et se barra. Tous les rats lui emboîtèrent la patte.
Sandra trépigna des rangeos.
— On s’est encore fait avoir ! Je hais cette fic débile ! Je veux rentrer à la maison ! Maman je veux de la danette au chocolat ! Bouuuuuuuu ! Ouuuuiiiiinnnnn !
Le gun était bien sous le rayon librairie, mais vide.
On se regarda en se regardant comme on se regarde quand on se regarde. De toute façon, même avec des balles, il aurait fallu se tirer dessus. Plutôt trash comme moyen. BB-lilith pensait-elle la même chose ? On avait pas eu le temps de causer et de confronter nos avis sur la question et tout le reste.
Quand Aeryn Sun vacilla, devint molle, comme après une overdose de bibine, et se désagrégea dans l’air.
— Sunnyyyyy ! s’écria Sandra. Ben elle a disparu ! Saperlipopette !
— Je crois comprendre, dit B-lilith. Elle avait été blessée par une balle, vous vous rappelez ? Ça a agit à retardement. Je m’en doutais un peu.
— Pourquoi t’as rien dit ? lui demanda Enilis.
— J’étais pas vraiment sûre. J’attendais de voir.
Elle ajusta son oreillette.
BB-lilith : Sunny, tu m’entends ?…
Pas de réponse. Elle rebelota plusieurs fois l’appel. Aeryn Sun s’était évaporée Dieu sait où. Pardon, DRIMS sait où.
— Il faudrait un annuaire, dit Sandra. On pourrait peut-être retrouver John Lennon. Il doit y avoir des téléphones.
Des fois la gamine a de bonnes idées, faut reconnaître. Ben non, j’ai jamais dit qu’elle avait pas de bonnes idées. Mais bon, toujours avec son Kisshu, et puis là avec son Rob, et… Oubliez !
On fit le tour du supermarché. Y’avait bien des téléphones, mais avec les fils arrachés, je dirai plutôt rongés. L’entrepôt était vide. Toutes les marchandises avaient disparu. Rien dans le bureau du lutin.
— Y’a mon magazine, dit Enilis.
Elle nous expliqua avec le parfum Sphinx.
Plusieurs essais devant les glaces des cabines d’essayage avec des photos ne donna rien. Pas de résultats non plus avec mon magazine. Enilis en profita au passage pour déchirer le poster trois volets de Yuu, une rage folle enflammant son regard incendié de flammes folles. Je bouclai ma voix. Le sage est celui dont les dents n’apparaissent pas à l’air libre.
On aurait pu tester la cape, mais on avait oublié de la prendre. Pas sûr de réussir une téléportation en plus.
On savait plus quoi faire. Aeryn Sun ne répondait toujours pas. On se trouvait au milieu d’un supermarché vide. Comme bloqué dans une salle dans un temple quand Lara Croft tourne en rond sans rien découvrir, enfin quand on la fait tourner en rond partout dans tous les coins avec les pouces ankylosés sur les boutons de la manette, et que ciboulot il commence lentement à fumer à force de cogiter pour des prunes sans trouver la soluce.
Quand j’eus l’idée.