Tous les arts reposent sur une mathématique très précise. Sans elle, les arts n’existent pas.
Prenons la musique. OK, il y a la mélodie qui danse dans les airs. Donc l’émotion. Mais au niveau composition, la mathématique intervient à tous les niveaux, à commencer par la mise en mesure de la mélodie. La mélodie doit être carrée, obéir à un nombre de mesures et de notes très précis. Puis la mélodie doit passer par l’enchaînement des accords, qui eux aussi obéissent à des règles très précises. Il y a des bonnes façons d’enchaîner, et des moins bonnes, des notes dites fortes qu’on peut doubler ou tripler, des notes dont les sons n’apporteront que des accords médiocres. Etc.
On peut donc dire qu’il y a dans un 1er temps l’inspiration, la liberté ; puis dans un 2e, tout le travail technique de la composition, qui nécessite un esprit analytique et froid, automatique même.
Il en va de même pour l’écriture. Suivant le style et la forme choisis, elle obéit à des règles très précises. Par exemple si je choisis un style subjectif à dominante psychologique (où l’auteur ou le perso principal « parle » dans sa tête), même si les scènes sont déjantées, l’écriture devra obéir à certaines règles. Sinon il y aura des déséquilibres qui bugueront l’œuvre.
Si on choisit la forme du sonnet, on est obligé d’obéir à des règles très strictes. S’il y a ne serait-ce qu’une erreur, le sonnet ne sera pas juste. Donc la composition du sonnet n’a rien à voir avec l’émotion, on construit un corps de chair sur un squelette imposé. Après, oui, quand le sonnet est achevé, l’émotion peut déferler.
Maintenant si on choisit une forme poétique libre, comme la poésie en prose, c’est différent. On ne sera pas astreint aux règles strictes du sonnet. Mais il faudra quand même obéir à une certaine esthétique d’écriture, suivant le style choisi par l’auteur. Et qui dit esthétique dit règles, et donc forcément mathématique.
C’est peut-être le mot mathématique qui déplait. Parce que les mathématiques sont perçues comme une science froide et sans âme, s’opposant à la littérature et la philosophie. Ce qui est entièrement faux. Les mathématiques sont la littérature de l’univers, je dirais. Ils ont une âme et ils nous aident et nous soutiennent chaque jour, le plus souvent à notre insu. On fait quotidiennement des maths sans même le savoir. Et souvent des maths très complexes.
L’écriture c’est donc 100% d’émotion et 100% de mathématique. Je dirai 100% d’émotions au départ, 100% de mathématique entre, et 100 000 % d’émotions au final.
Maintenant au sujet de l’écriture érotique, je le répète, c’est l’écriture la plus facile, car elle fait appel à des fantasmes et des clichés réflexes de base. L’inconscient collectif en est rempli. Je ne vais pas les énumérer, c’est un forum tous publics. Il n’y a même pas besoin de se creuser le ciboulot pour avoir des idées. Il faut donc faire gaffe, car on dérape vite dans l’érotisme et cela n’apporte rien de nouveau sous le soleil. La féerie est bien plus puissante que l’érotisme. A définir et méditer.