Là d’où je viens, on n’y retourne pas. Il est déjà fort improbable d’y arriver une première fois, alors quant à y retourner… impossible !
Je pensais qu’en repartant de là -bas, je perdrais à nouveau l’usage de mes jambes, mais il n’en a rien été, finalement.
Je regrette un peu cet endroit. J’y étais bien. Je n’y avais pas trop de contraintes, dans la mesure où j’y ai considéré mes activités journalières de survivance plus comme un agréable passe-temps que comme une sinécure.
Plusieurs mois de ce traitement m’ont fait réfléchir à des choses profondes, à des choses importantes auxquelles je n’aurais probablement jamais songé si ma médiocre petite vie d’employé de bureau avait suivi son cours sans anicroche particulière.
Mais bon, il a fallu que je mette les pieds dans ce providentiel aéroplane censé me porter jusqu’en Californie ! Je ne le regrette absolument pas.
L'existence, dans cette île, a failli m’être fatale plus d’une fois. J’y ai même laissé la vie, mais je suis revenu mystérieusement du royaume des ombres. Je ne m’explique pas moi-même ce qu’il s’est produit.
Tout ce que je sais, c’est que je me suis pris plusieurs pruneaux dans le buffet et que, après en être mort, j'ai mystérieusement ressucité.
Ah ! La vie ! Qu’elle est belle, à présent ! Mais qu’elle était triste, avant ce séjour chaotique sur mon île !
J’aimerais tant y retourner.
Oui, ma vie est belle, aujourd’hui. Pourtant, je rêve souvent d’y retourner.
Avec plusieurs de mes amis – des amis rencontrés au cours de ce voyage et de ce séjour dans mon île –, nous organisons des sorties, de temps à autre. Nous nous invitons mutuellement, nous jouons au bowling, nous parlons pendant des heures, parfois… de notre île.
Je ne désespère pas. Je sais que c’est pour bientôt.