Je suis née le 4 décembre 1986 à Meyssac, en plein cœur du Limousin, dans la propriété des Clift située très haut dans la côte de Pierretaillade.
Je descends de deux familles aristocrates. La première, celle de ma grand-mère maternelle, était la famille Larouge de La Coste. La seconde, celle de mes grands-parents paternels, vint du Royaume Uni au début du XIXe siècle. Leurs ancètres vivaient dans le Shropshire et le Staffordshire proches de Birmingham. Nombre de mes cousins vivent toujours en Angleterre.
J’ai une petite sœur, Sarah, née huit années après moi. Du haut de ses quinze printemps, Sarah fait tourner toutes les têtes. Je peux vous assurer que, plus d’une fois, j’ai entendu des scooters rôder aux alentours de la propriété.
Il y a quelques années, nous avons été embêtées par plusieurs administrations de l’État qui désiraient en savoir plus à propos de ma petite sœur. Evidemment, c’est Stéphane Legoff qui nous a sauvé la mise par le jeu des relations.
Dans la famille (du côté de ma mère, de ma grand-mère maternelle, etc.), toutes les filles possèdent des particularités physiques et psychiques extraordinaires qui se perpétuent de mère à fille sans aucune altération malgré la mixité avec des hommes.
J’avais seize ans lorsque mes parents moururent dans un accident d’avion. C’est ma grand-mère maternelle et moi-même qui élevâmes Sarah.
Peu après mon dix-huitième anniversaire, je découvris, grâce à un homme devenu depuis un véritable ami (Stéphane Legoff, ancien agent de la DST devenu détective privé), que l’Airbus A320 qu’occupaient mon père et ma mère avait été victime d’un attentat. Mais personne ne sut jamais, à part les fonctionnaires mis dans la confidence et moi-même, que près de trois-cent personnes innocentes avaient perdu la vie à la suite d’un sabotage. Officiellement, la crash fut tout d’abord attribué à une avarie moteur. Puis, dans les mois qui suivirent, une nouvelle explication officielle vint remplacer la première : il s’agit d’une erreur de pilotage.
C’est précisément ce changement dans la raison du crash qui m’incita au scepticisme et m’encouragea à découvrir la véritable explication.
Je suis une sorte d’aventurière tendance écolo-médecines douces. J’ai un gros pistolet automatique, un engin énorme qui ne fait de mal qu’à ceux qui sèment la terreur.
Je l’ai appelé le Pacar (pistolet à canon à recul). Je peux le charger de seringues hypodermiques soporifiques aussi bien que de balles lacrymogènes. La visée laser est débrayable et peut être remplacée, d’une simple commutation, par le projecteur infrarouge. Oui car il me faut préciser que je suis une nyctalope. La nyctalopie est la faculté de conserver une acuité visuelle normale même dans l’obscurité. Bien entendu, il y a des limites. Dans un noir total, un noir dépourvu du moindre photon, je ne peux voir. Le projecteur infrarouge est donc là pour me permettre de voir dans le noir même le plus absolu.
Le Pacar est entièrement réalisé en titane. Il est complètement étanche et peut fonctionner dans le vide spatial autant que dans les grandes profondeurs de l’océan.
Après l’avoir expérimenté durant plusieurs de mes missions, j’ai décidé d’en faire fabriquer cinq de plus, dont un qui viendra épauler le premier puisque je me suis spécialement entraînée à tirer de la main gauche.
Les autres resteront à la maison. Deux sont entreposés dans un logement caché dans ma chambre, et une autre paire de Pacars est entreposée dans l’abri anti-atomique de ma demeure, au huitième sous-sol.
Parlons un peu de moi, à présent. Comme je vous l’ai écrit un peu plus haut, je possède des pouvoirs que nul autre humain, à part les femmes de ma famille maternelle depuis trois générations, ne possède.
Je pèse 130 kg, le poids d’une femme de 2 m 50. Oh ! Ne vous inquiétez pas ; je ne les fais pas du tout. Mon gabarit est tout à fait normal et quelconque. Je mesure 1 m 75. Mes mensurations sont 105-60-105. Malgré mes rondeurs un peu trop jessica-rabbitiennes à mon goût, je garde une taille fine et une silhouette élancée. La masse importante dont je suis l’objet est due à la densité exceptionnelle de mes muscles, densité grâce à laquelle je puis soulever 300 kg à l’arraché sans aucun souci et, surtout, sans entraînement spécifique.
Pendant toute mon enfance, mes parents ont réussi à me faire éviter toutes les visites médicales auxquelles sont astreints les écoliers, en général.
Je n’ai jamais été vaccinée. Je n’ai jamais été malade.
En revanche, je ne suis pas invulnérable. Je me suis déjà coupée, ne serait-ce qu’en préparant à manger. Bien sûr, j’ai un pouvoir de cicatrisation hors normes, mais il n’empêche, on peut me blesser.
Je me trouve plutôt pas mal. En réalité, ce n’est pas en m’admirant dans un miroir que je me sais belle. C’est en contemplant ma grand-mère et en examinant, non sans une infinie tristesse, les photos de ma mère. Nous nous ressemblons comme trois gouttes d’eau. Ma grand-mère, à qui nous avons récemment fêté le soixante-dizième anniversaire, n’a pas dépassé le stade de la trentaine, concernant son aspect physique.
Ma mère aurait peut-être vécu la même chose, si elle n’avait pas été assassinée.
Mes cheveux sont argentés. Ils ne sont pas blancs ; ils ne sont pas gris ; ils sont argentés. Ma sœur et ma grand-mère ont les mêmes tignasses, épaisses comme des crinières longues et raides qui s’épanouissent jusqu’aux genoux. Impossible de couper ces cheveux sans un sécateur dûment affuté. Impossible de les dompter. Ce n’est qu’à grands renforts de main d’œuvre musclée qu’on arrive à nous faire des tresses. Heureusement, dans ma famille, les femmes ont de la poigne.
Quand je n’ai personne sous la main pour m’aider à me coiffer, je me contente, la plupart du temps, d’une simple queue de cheval.
Ma mère se faisait tout le temps des teintures au henné ; et elle me grimait de même, même si je râlais à chaque fois.
Les gens ne devaient pas savoir.
Aujourd’hui, nous assumons presque toutes parfaitement notre couleur naturelle. Je suis la seule à dissimuler ma chevelure sous des teintures brunes, car j’apparais souvent en public. Mon coiffeur est un vieil ami de la famille qui vient régulièrement désépaissir ma tignasse à domicile.
Je lisse mes cheveux avec soin, je les colore à l’aide de substances naturelles… Bref, je me débrouille pour avoir l’apparence la plus ordinaire possible.
Évoquons maintenant mes activités. J’ai un métier, bien entendu. Je suis justicière. Ne me demandez pas à quel genre de mission je prends part. Pour d’évidentes questions de sécurité, je ne pourrai vous répondre.
Ce que je peux vous dire, c’est que la plupart des missions auxquelles je participe me sont proposées par Stéphane Legoff (encore lui !).
J’adore la peinture. Mon artiste préféré est un peintre danois qui s’appelait Carl Vilhelm Holsoe (1863-1935). Je profite de cette occasion pour vous montrer la photo d’une de ses plus jolies œuvres. Il s’agit de la « Femme assise près de la fenêtre ».

En musique, j’adore le baroque (Vivaldi, Haendel, Bach, etc.) et le romantique (Tchaikovski, Grieg, Saint-Saëns, Sibelius, etc.), mais j’aime aussi beaucoup la musique électronique (Tangerine Dream, Klaus Schulze, Kraftwerk), le jazz (Count Basie, Dave Brubeck, Glenn Miller, etc.), les crooners (Nat King Cole, Dean Martin, etc.) et le be-bop. Bien sûr, comme toutes les petites filles qui ont rêvé de princesses et de princes charmants, j’ai adoré les valses de Johann Strauss père et fils. Il m’arrive encore souvent de les écouter.
En matière de cinéma, mon acteur préféré est Jerry Lewis. J’adore revoir tous ses vieux films. Sinon, j’aime beaucoup les grands films d’aventure ou de science-fiction. Elektra est une de mes idoles. Contrairement à moi, elle reste une femme ordinaire qui se surpasse en permanence pour être au top. J’admire son courage et sa détermination.
J’apprécie certaines séries comme Lost, Heroes, etc.
En littérature aussi, j’ai toujours adoré la science-fiction. Mais depuis quelques années, je me régale des livres de l’écrivaine américaine Robin Hobb. Elle écrit une sorte de fantasy, mais avec une propension incroyable à décortiquer les sentiments et à analyser les faits et gestes des personnages qu’elle invente. En seulement deux grandes sagas, elle a complètement bouleversé le style. En ce moment, on peut découvrir, peu à peu, sa troisième grande saga. Si vous voulez avoir davantage de renseignements sur Robin Hobb et ses écrits, allez donc visiter un site superbe qui s’appelle « les rivages maudits ».
Les jeux vidéos sont une de mes grandes passions. Tomb Raider est quasiment le seul jeu qui soit capable de me scotcher à ma chaise pendant des journées entières.
Il y a eu Abe, aussi, jadis. J’étais petite et nous jouions ensemble, ma maman et moi… C’était il y a longtemps.
Je crois qu’il n’y a eu que trois opus d’Abe, hélas. C’est bien dommage car ce jeu était vraiment subtil et intelligent.
Évidemment, j’adore certains jeux à pratiquer autour d’une table, comme par exemple le Mahjong (le vrai mahjong chinois ; pas les puzzles en 3D qui n’ont de mahjong que le nom), le tarot (surtout à quatre ; j’adore quand on joue à quatre), le nain jaune, le baccalauréat, les échecs, le jacquet, etc.
En sport, j’adore la moto, le kung fu, le tennis et la chaise longue.
Il n’y a qu’une seule activité sportive qui me pose un réel problème : la natation.
En effet, je suis incapable de flotter. La densité de mon corps m’interdisant les jeux aquatiques, j’ai dû me faire fabriquer des combinaisons spéciales dont l’épaisseur renferme des milliers de bulles d’air.
Et pour parer à tout éventuel accident, je ne sors jamais en mer sans mes deux « airbags » (ne voyez pas là la moindre allusion graveleuse, messieurs !) qui restent fidèlement incorporés à ma ceinture de plongée. Ce sont des petits sacs de plastique qui se gonflent immédiatement d’air (une minuscule bombonne d’air liquide est dissimulée au milieu de chacun de ces sacs à air et s’ouvre, par une commande électronique) quand j’appuie sur la commande fixée à ma ceinture. Aussitôt, les deux sacs se gonflent et me remontent à la surface. Il va de soi que ce dispositif reste dédié à ma sécurité. Je n’ai encore jamais eu à m’en servir autrement que pendant des exercices, et j’espère que ça n’arrivera jamais.
Voilà . Je crois vous avoir tout dit à mon sujet… enfin, non, pas tout à fait !
Le reste fait partie de mon jardin secret.