LÉGENDECette chanson fut tirée d'un conte populaire. Le conte dit que, dans un village dans l'ancien Mali, entre une jeune femme et un hippopotame se créa un lien particulier. Chaque fois que la femme allait laver le linge ou la vaisselle à la rivière, cet hippopotame (mani) à la puissance surnaturelle (« sajio », qui veut dire aussi jumeau en malinké), communiquait avec elle. La légende précise qu'il avait le chanfrein blanc et les pattes blanches jusqu'aux garrots.
Cette relation eut lieu dans le village de Bafoulabé, au confluent du Bagoé et du Banifing, affluents du Niger : d'où un refrain de la chanson : «Yeeh, mani sajio, Bafoulabé mani sajio : ô toi, puissant hippopotame du confluent ».
La jeune femme tomba enceinte ; le pacte mystique entre la femme et l'hippopotame voulait que l'enfant à venir soit le gage de leur amitié. Une fille naquit qui devint l'amie de l'hippopotame. En échange d'une nourriture symbolique, l'hippopotame procura de l'or et la richesse à la famille de cette fille.
Mais un jour, un chasseur jaloux tua l'animal. La fille dut alors renoncer au mariage « à cause de l'amitié » exclusive avec cet hippopotame.
Selon les versions, cette chanson évoque certains interdits sociaux : l'adultère ; un passage des couplets dit : « une amitié entre deux hommes ou entre deux femmes ne prête pas à commentaire, mais une amitié entre un homme et une femme est toujours suspecte » ; l'hippopotame serait alors une figure de l'étranger. l'inceste sororal (entre frère et sœur) ; l'hippopotame serait alors une figure du frère.
Par ailleurs, les griots chantent « Mali Sajio » pour glorifier les origines totémiques du Mali rappelant ainsi l'étymologie populaire du pays. En effet, le mot « Mali » vient de la prononciation particulière aux Peuls de « Mani », nom originel en malinké (« Maninka ») de ce pays.
C'est pourquoi, les griots citent souvent au milieu de la chanson la devise des familles peuls du Manding.
SORY KANDIA KOUYATÉ -
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