Nous finissions d’entasser les sacs dans le coffre de la vieille merco 190 diesel de Dorian, tandis que je vérifiais une dernière fois la liste des objets de première nécessité. 1ere phrase qui donne le ton. Tu as choisi par automatisme le mode littéraire avec "nous finissions". Il s'agit-là d'un réflexe liée à une séparation de la pensée en deux. Je m'explique. Dans la vie courante, tu parles normalement, donc ta pensée est en mode normal, même populaire je dirais. Dès que tu veux écrire une fic, tu penses à faire des phrases correctes, bien structurées, donc littéraire. Et tu te mets en mode littéraire. C'est une petite erreur (pas vraiment mais) à éviter. L'astuce c'est d'écrire en mode normal populaire, tout en faisant des phrases structurées.
Le mode populaire conviendrait mieux à ce genre d'histoires. Ou alors le perso principal est une aristo très guindée adepte de la langue de Victor Hugo, qui peu à peu sombre dans les basses fosses de l'argot de la cour des miracles.
La radio crachait « Lucy in the Sky with Diamonds » des Beatles.
Soudain Krystos s’agita frénétique en fouillant sa banane.
— Merde, grinça-t-il les dents grinçantes, j’ai oublié ma rouleuse de joints !
— Pas grave, rétorquai-je en riant, tu feras du roulé main, ça te rappellera ta tendre jeunesse.
— Ouais, en plus ça fait longtemps qu’on n’a pas fait de soufflettes nous trois, souffla Dorian.
— D’accord les mecs mais on fera tourner cette fois-ci, vu que la soufflette se pratique à deux, précisai-je.
Un côté "Las Vegas parano". Johnny Depp et Benicio Del Toro filant à Las Vegas, le coffre de la bagnole rempli de mescaline, LSD, coke, poppers et autres.
Dorian s’installa au volant de sa Mercedes. Krystos prit place à côté de lui et moi sur la banquette arrière. Je t'aurais bien vu au volant, Krys et Do déjà léger dans les vapes, hallucinés sur la banquette arrière, toi zigzaguant de temps à autre sur l'asphalte, un tonnelet dans les narines. Ou après 2-3 heures de route, avec échange de volant, Do ne voyant plus la route, because une shilomade vitaminée.
La radio crachait « Lucy in the Sky with Diamonds » des Beatles.
Les lettres de LSD, pour ceux qui ne sauraient pas.
— Déconne pas Babou, contre-attaqua-t-il en dévissant sa tête pour me regarder, il vient du Maroc, c’est du pur cuir de chameau ! Je l’ai ciré ce matin !
Délocalisation de Gemey Maybeline.
Au bout de 9 heures de route nous arrivâmes au village de vacances, enfin, pas tout à fait, là un panneau indiquait « parking ».
9 heures à exploiter, il a dû se passer au moins un truc durant le trajet, une envie de pisser coloré contre un cactus au bord du désert, avec un crotale intéressé par la vision urinatoire, par exemple.
Un étroit sentier se faufilait dans une petite brousse hirsute. Le chant des oiseaux rythmait gentiment notre cadence. Justement, c'est parfois trop gentil, tu as fait jouer ton auto-censure, la preuve que tu n'écoutes pas de rock metal punk à la Marilyn Manson.
Je sentais les regards de Dorian et de Krystos sur mes épaules pesants.
Attention au participe présent en fin de phrase. Plutôt … peser sur mes épaules…
— C’est super génital ! Mouahahahahahahahahahaha !
— Génial, Krys, on dit génial, pas génital, dis-je le sourire amusé.
Là c'est toi qui transparais dans la fic, toi de tous les jours, normale, équilibrée, et pas toi dans le rôle de Babou déjantée en plein trip. Tu aurais pu répliquer : "Super mega génital crash, ouais !" Par exemple. Dès que tu commences une fic, avec toi dedans, il faut être le personnage de la fic à tous les moments, surtout si ce perso est adepte de trips dans l'histoire.
Il devenait urgent de se concerter mentalement (oui, on avait pas mal pratiqué la transmission de pensée en s’exerçant avec les épisodes du « Mentalist »).
Excellente trop géniale l'idée. Bien trouvée, et ça évite les verbes de dialogues. Et en plus la disposition verticale théâtrale est justifiée. Bravo.
Je voyais un bourdonnement dans mes oreilles.
Je sentais des chuchotis venus de loin.
J’entendais des ombres traverser mon champ de vision.
Très bon les synesthésies. Mémoire d'un effet de big tonnelet ?
Une maîtrise de l'écriture mais plus au niveau littéraire. Tu t'es plongée dans le bain d'un road movie de junkies, mais en gardant souvent ta personnalité normale. C'est comme être acteur, il faut s'oublier pour incarner le personnage à fond, au-delà de la censure.
Et bien évidemment passer les Sex Pistols sur la sono avec le portrait de William Burroughs au colt scotché au mur.
Des scènes à exploiter, comme celles des 9 heures de route, ou avec Maat et Phantom Blue. Snif, pour une fois que j'apparaissais dans une fic, enfin de façon fantomatique, on ne me voit pas.
Au final, on passe vraiment un excellent moment à découvrir les péripéties voyageuses des personnages bien campés dans leurs grandes passions et petits conflits du quotidien.