Remember the night


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Remember the night

Messagepar Phantom_Blue » 06 Avr 2011, 13:05


Une heure que je glandais à la stammtisch du PMU, le cul tétanisé par la chaise en bois, le mental en pleine méditation sur le yoga de la mort. Après une longue ascèse dans son ashram, le yogi se jette du haut de la montagne, plane dans les airs, et retombe intact sur ses pieds dans la vallée verdoyante. Doit certainement y avoir un deltaplane dans le coup, mais le grand livre du Vajrayana Tibétain n'en parlait pas.
Je terminai mon café léger. De la pisse de vieille maquerelle congolaise. Fallait peut-être que je me refasse une cure de Kanterbrau, histoire de me rebrancher l'estomac et le cerveau au diapason de la big sérénité populaire.
Quatre joueurs de tarot giclaient molasse du carton à une table du fond. Des mouches se rutaient la fendasse autour des néons allumés. Gérard le patron roupillait une digestion de mille-feuilles derrière le comptoir.
15 heures sur ma Casio alarme chrono chouravée au Mammouth.
Encore un après-midi de novembre viscéralement neutre, de la grisaille anti-dope qui vous colle tenace au slibard et vous laisse comme une mauvaise sensation de chtouille gangrenée sur la biroute.
J'allais méditer sur la dixième pose du Kama Sutra lesbotique, la quadriphonie coïtale, le double 69 de gouines inversées, au moment où les langues dégainées hors des cavités buccales vont danser le rock de Shiva sur les clitos, lorsque la porte du bistrot s'ouvrit.
Et Jean-Marie entra.
Une dégaine de bagnard évadé d'Alcatraz, son éternelle chetron de rocker bouddha jovial vissée sur un corps de petit sumo pour nénettes à dépuceler à l'arrière d'une Cad sous la pluie du côté de Memphis.
Destroy le blouson en cuir rapé par les chutes alcoolisées et les coups de chlasse dans les bastons, les jeans assortis légèrement froissés aux genoux, because les coups de rotules dans les burnes ennemies, les santiags en cornes de buffle, pour orgasmer durax la chagatte des prostos de luxe anti-prolos à 500 balles le taille-pipe.
Il se ramena à ma table.
Serre pince cordial.
Le gars balança les clés de sa Toyota sur la table, tala son derche en face de moi, et me fixa stranger, les bigleux férocement lugubres derrière des binocles blue vitrail de morgue, une moue carnassière de pitbull incrustée dans les mâchoires, de la poilure de barbelés éructant sur des joues balafrées par les ongles acérés d'une nympho.
— Ca n'a pas l'air d'aller, que j'envoyai, histoire de niquer cordial le vagin de l'angoisse.
— Toutes des salopes, qu'il bava mauvais. Tu sais sur qui je suis tombé ce midi ? Monica, mon ex ! Elle sortait du coiffeur, une permanente en choucroute style sixties sur la cafetière. Je déboule hors de ma caisse, pour créer un dialogue engageant, un minimum de civilité enthousiaste. Tu sais pas ce qu'elle fait ?
Je matai son crâne chauve de poupon satanique. Haussai les épaules. Serrai les miches, because un triolet anal. Sûrement le kawa.
— Elle crie au viol ! Comme si j'avais envie de la sauter. Je me suis cassé en vitesse. Elle est montée dans sa Clio à la con. Je l'ai suivie de loin, Sepultura à fond sur la sono. Du trash pour préparer l'ambiance du futur. Elle perd rien pour attendre.
— Laisse béton, que je balançai, nirvanesque. Cool brother. Relax boy. Transcendance de la matière.
— Ouais, à propos de transcendance, qu'il m'interrompit, j'ai failli me chopper une contredanse. Un conard de poulaga, rue du jeu des enfants. Manque de pot pour lui, la rue était momentanément déserte.
Jean-Marie plongea sa pogne dans son blouson et exhiba un 357 magnum sous la table.
— T'es con ! gueulai-je presque.
Un sourire de chérubin branloté par une madone, illumina ses mandibules.
— Le flic crèche dans un caniveau, qu'il chanta. Je suis passé dessus avec ma caisse, des fois qu'une résurrection imprévue après mon coup de boule. Y’a encore du boyau qui colle sur le pare-choc arrière.
— Putain ! soufflai-je, scié par le scoop.
— Six balles dans le barillet, pour six salopes !
— Arrête tes conneries !
Un spasme hilarant secoua sa bedaine, éjacula dansant sur ses dents.
— Et tu sais qui arrive number one au top 50 ? qu'il me demanda, joyeux, en rengainant le flingue dans son blouson, le canon coincé entre le futal et les tripes.
— Monica ? articulai-je, encore sous le coup de l'émotion.
Il plaqua sa pogne sur mon avant-bras droit et jacta :
— J'avais d'abord pensé à une bastos dans le ciboulot. Salut la permanente. Mais après mûre réflexion, je me suis décidé pour le buffet. Comme un spermato métallique dans la matrice. La tronche de Robocop le vengeur.
Un autre spasme de rigolade psychotique déferla sur sa caboche sumolique.
Le gars disjonctait total.
Je louchai un morpion en valdingue solitaire sur le sol.
— Tiens ! qu'il s'exclama. Y’a Manowar qui passe à Nancy. Ça te dirait ? Je t'emmène.
Craignos la virée kamikaze.
Le gars beurré pinard au volant, les miros déjantés par les shiloms, une piquouse de crack dans les gonades, deux rails Paris-Strasbourg dans les naseaux, bonjour le platane.
— Faut voir, que je soufflai timide, en biglant de nouveau vers le sol.
Le morpion venait d'aborder une pucerolle, et se la triquait rythmique, sauvage, allumé. Pareil comme Jean-Marie avec la Monica.
Mystère insondable du cosmos.


Jean-Marie était allé pruneauter Monica. Un soudain blitz de justice dans les neurones, son idée altruiste du M.L.F. (Mouvement de Liquidation de la Femme).
Réveillé, because le remplissage du bistrot par le peuple, Gérard s'agrippait aux manettes de la machine à café, pas encore émergé de ses narcoses alimentaires.
De l'alcoolo échouait au comptoir.
Enfin tranquillos pour étudier le Kama Sutra, je me concentrai total sur le nombril de mademoiselle Kali. Super craignos la visualisation ! Jean-Marie rouldinguait en gros morpion baveux aux mandibules voraces dans une gigantesque touffe de gonzesse.
Le gars m'avait cassé la baraque avec ses delirium fantasmatiques.
Cool brother. Cool sister. Fuck very strong for your love.
Imaginons les doux papillons d'argent voltigeant joyeux sur un vaste champs de pavots parfumés.
Un vioc déboula des toilettes.
Terrifique la schlinguée de l'appel d'air.
Brusquos, une immense surface blue pacific sky inonda mes cristallins. Je tenais enfin le fil du labyrinthe, le plan du mandala, la clé des portes de l'au-delà...
Quand un moteur de Kawa 750 branlota le chibraque du silence.
Je louchai à travers la grande fenêtre sans rideaux.
C'était le Fred sur sa bécane.
Il se pointa relaxe dans le bistro.
— Salut, qu' il m'envoya en me serrant la paluche. Toujours dans tes équations démentielles ? Tu vas finir par découvrir le secret du cosmos. Peut-être même que tu l'as déjà découvert ?
Il se tala sur une chaise à côté de moi, les babines étirées jusqu'aux oreilles, les tifs courts vrillant en biroutes de scoubidous vers le plafond, le tarin aiguisé pour la plongée en apnée dans la profondeur océanique des chagattes, des prunelles sombres valdinguant la danse du ventre derrière des Ray-ban teintées, éclairées par les flashs moiteux de pin-up en pleines partouzes érotico-psychiques.
Je remballai mes papelards, une vague pulsion de meurtre implosée dans le thalamus.
— Je sors du boulot, qu'il blablata. Le dernier jour. Une boite de merde. Elle a d'ailleurs sauté.
— Hein ? !
— Eh ouais ! Ils me devaient encore des heures sup. Tant pis pour eux. La question est définitivement réglée.
J'étranglai une question fatale et préférai poursuivre un silence intérieur béatifique.
Le gars se leva et revint avec une Kriek. Le bock d'un demi-litre.
— Putain, tu doubles le coït.
Fred porta le verre à ses lippes, le pape soulevant le calice de la Cène, et avala goulûment une longue et interminable gorgée.
— C'est la première de la journée, qu'il justifia en écrabouillant un rot dans le gosier. Depuis hier soir, je carbure au Vittel. Des fois, je fais même des cures de huit jours.
Je toussotai en sourdine.
— Mais si ! qu'il s'exclama, en me décochant brutal ses bigleux en pleine chetron.
— Mais... je te crois...
— Eh ouais !
— Et Typsy Wit, la cassette que je t'ai enregistrée, c'est bon ? demandai-je, histoire de varier la ménopause du dialogue.
— De la merde ! qu'il souffla sec.
— Tu rigoles ? !
— Les meilleurs groupes sont sortis entre le 24 juin et le 31 juillet 72. Après y a plus rien eu.
— Tu rigoles ? !
— Mais si ! A part Queen et les Sex Pistols. D'ailleurs, tu savais qu'ils ont joué ensemble à Buckingham Palace, pour l'anniversaire de la reine ? Qu'elle a même dansé le tango avec Mercury sur "Petit papa Noël" version hard ?
— Ouais ouais, que je raclai des dents.
Déconne pas, brother !
Fred termina sa Kriek d'un grand coup de gueule et fila au comptoir en chercher une deuxième.
— Non, qu'il continua une fois assis, demi speed. Faut sortir le soir, goûter à tout, pour avoir une idée. Faut pas rester toujours basé sur le même trip. Tu vois, moi, entre deux cures d'eau, je varie les saveurs.
Nouvelle pintée.
Un méga rot beugla dans son gosier, suivi d'une secousse somatique digne d'un électrochoc.
Une bamboula fringuée mini passa dans la rue.
Fred mata brûlant à travers la grande fenêtre, vorace, soutenu, la salive en ébullition dans la cavité buccale.
— Salope, qu'il gerba.
Je tentai de larguer un speech sur la mystique de la femme dans la chrétienté occidentale.
— Arrête Mario, toutes des salopes... sauf ma mère.
Un rire cradingue implosa ses dents.
Je secouai la caboche.
Décidément, beaucoup de brebis égarées par les illusions sensorielles auront du mal à rejoindre le maigre troupeau des élus.
Et Carole, la fille du patron, se pointa dans le bistrot, souriante, délicieusement féerique, adorablement idyllique, un vrai bijou de charme et... (je sais, un peu tiré par les tifs, mais la gosse pratique le coup de boule à la Stallone, et si elle lisait par hasard ces lignes…).
Elle décocha un regard à notre table, surtout sur Fred, et fila à la cuisine déposer son sac à dos.
— Elle est armée pour le combat, qu'il siffla, Fred, un œdème sanguinolent éclaté dans les globes oculaires.
Puis Carole se tala derrière le comptoir, devant un magazine (le style Femme Actuelle avec des conseils sur l'étanchéité des tampons), et feuilleta intense.
De temps à autre, elle envoyait une paire de prunelles scintillantes sur Fred, qui entamait sa troisième Kriek, et une deuxième virée dans les pissoirs.
— Ouais ouais, qu'il soupira, une fois revenu, les miros perdus dans le brouillard des clopes, les trois quarts du verre déjà déversés copieux dans le gosier.
Le vidéo clip commençait à tirer en longueur.
Il était temps de s'arracher les roupettes en douceur.
Je laissai 20 balles sur la table et me cassai vitos quand le gars ramena son verre vide au comptoir et demanda à Gérard :
— Tu pourrais me faire un crédit sur trois autres Kriek ?
Je me ruai sur la porte de sortie et me fondis dans le crépuscule.
Only for your love for ever.


La mother déboula speed dans ma piaule et jacta sec :
— Dis donc, t'as vu l'heure ? Dix heures passées ! Faudrait peut-être penser à te lever.
Elle ouvrit la fenêtre et cogna le volet dehors.
— Ca pue le tabac ! Tu as de nouveau traîné dans les bistrots !
— Mais non, baragouinai-je, encore niqué par les vapes du sommeil.
— Et qui c'est ce Jean-Marie qui a téléphoné avant ? Il avait une drôle de voix, il doit déjà se saouler le matin.
— Un copain, c'est sa façon de parler.
Devait sûrement avoir cramé un joint.
— Ne me raconte pas d’histoires. J'ai pas compris ce qu'il m'a dit à propos d'un certain Manowar. Tu fréquentes les gitans, maintenant ? Si ça continue, j'appelle la police.
— Mais non, cool m'man, il s'agit d'un groupe de hard rock.
— La musique des fous, qu'elle cracha dur. Quand je pense au jeune homme sérieux que tu étais autrefois. Les cheveux courts, avec tes lunettes, on te donnait un air intellectuel. Aujourd'hui, tu traînes avec la racaille.
— Relaxe, tu sais bien que je t'adore.
— Surtout ma pension. Tache que tu es debout dans dix minutes, sinon je cherche les voisins.
Destroy le trip !
La mother fila au salon, because la tringlette du bigo.
Je m'éjectai rapidos du plumard, enfilai mon jean et courus sortir l'aspirateur du placard, histoire de prouver un effort et de calmer la rage aux dents.
Une minute dans le couloir en méga vitesse, 15 secondes sur le carrelage des pissoirs.
Faut pas non plus exagérer le training, relatif aux éventuelles fissures neuromusculaires, causées par des décharges trop fortes d'adrénaline dans le corpus et le ciboulot.
Je bazardai l'aspiro dans le placard.
Que Brahman m'inonde de sa gloire éternelle !
Planqué à la cuisine, le temps de couper une rondelle de salami et de décapsuler une 33 cl de 1664, la mother m'appela au bigo et gicla :
— Un certain Fred, il a aussi une drôle de voix. Ne parle pas trois heures, y a les courses à faire.
Et elle se barra à la cuisine.
— Ouais ? que je babulai. Ah ! Salut Fred ! Comment ça va ?
— Dis donc, ta mère m'a passé un véritable interrogatoire de police. Si je suis marié, où j'habite, ce que je fais comme boulot...
— Laisse béton ! En ce moment, elle traverse une phase de surmenage doublée d'une anxiété sous-latente. Le fameux et indéfinissable stress romantico-bidon des femmes. J'ai essayé de l'initier au mantra OM pour résorber ses nervosités subconscientes. Elle m'a balancé la valoche sur le palier. Faudra que je lui sucre à nouveau son café au lait avec du Valium le soir. Autrement, quoi de neuf` ?
Fred étrangla un rire et envoya :
— Au fait, tu t'es barré en vitesse hier. T'avais peur de banquer pour une tournée ?
— Euh... non... encore des courses à faire au Magmod...
J'allais quand même pas morfler mon R.M.I. pour l'alcoolisation chronique des potes. Déconne brother.
— Ouais, bava Fred. Alors, t'es de la partie pour Manowar ? On compte sur toi.
Craignos le piège !
— Faut voir, si je suis libre...
— Ah ouais, ta mère.
Foutu le look super yogi hard rock. Fallait que j'anticipe.
La méga fierté supra intelligente dominante du mâle face au troupeau cromagnesque des femelles croupissantes de soumission.
— Aucun problème. Faut prendre les tickets où ?
Je pourrai toujours prétexter une crise de foie subite au dernier moment.
— Je les prendrai, gicla Fred. Tu n'auras qu'à me rembourser. Ça évitera de te défiler.
Putain la raclure !
— Mais... y a un bus qui va à Nancy ?
— On t'emmène. Tout est prévu. Jean-Marie t'embarque dans sa caisse. Tu seras comme un roi. Ne t'inquiète pas.
Justement, y avait de quoi flipper grave.
— Ouais, que je bafouillai, mais des fois qu'il aurait un état second au volant. D'accord, c'est un bon copain. N'empêche, avec ses dérapages psychologiques, vaudrait peut-être mieux...
— Mais non, Mario, chanta Fred. Jean-Marie est tout ce qu'il y a de plus sérieux, tu le sais bien.
— Mais la dernière fois, tu m'as dit qu'il déraillait total.
— Mais non, je blaguais. Tu me connais, j'aime bien créer des ambiances de thriller. Et puis je serai là en moto. Je t'aurais bien pris sur ma bécane, mais Carole vient avec.
— Ah d'accord, soufflai-je.
La mother irrupta dans le salon et cracha sec :
— C'est bientôt fini ces conversations ? Y a les courses à faire !
— Je te laisse, Fred.
— D'accord, on se voit cet aprèm. Salut !
Je raccrochai le bigo et filai à la cuisine.
La mother avait rangé le salami dans le frigo et vidé la canette dans l'évier.
J'enfilai mon blouson, fourrai la liste des commissions dans la poche, et dévalai les escaliers.
Un saut à la cave pour délivrer mon père.
Normal, oublier d'offrir un manteau de vison pour le vingtième anniversaire de mariage, ça invite à "Apocalypse now" dans "37°2 à l'ombre". Avec des compresses de Synthol, les cocards devraient disparaître rapidement.
Je lui casquai 50 balles dans la pogne, histoire de cavaler au Tabac du coin acheter un flacon de parfum Bic. Avec une étiquette "Chanel N° 5" collée sur la boite.
Bon, un auto-collant pour les bouquins de classe avec Chanel au feutre. Si la mother a un doute, il n'aura qu'à dire que c'est le nouveau logo de la marque. Et puis il aura qu'à lui offrir après le Valium.
A 13 heures, je m'arrachai de la baraque, une balayette volante dans les omoplates.
J'avais oublié d'essuyer une fourchette.


J'appuyai sur le bouton en-dessous du numéro 613, rue de l’Argonne, et matai ma tronche dans la porte vitrée de l'immeuble.
Attente.
Jean-Marie devait cuver une dose, écroulé sur son pageot, les prunes à l'air.
Cette fois-ci, j'écrasai le bouton à fond.
Enfin un bourdonnement niqua la serrure de la porte.
Je fonçai vers l'ascenseur et débarquai au sixième étage, dans un long couloir aux murs jaune cradingue, style base nucléaire russe abandonnée dans l'Oural.
Pas besoin de repérer le studio en lisant les noms sur les portes. D'ailleurs y avait pas de noms.
Du hard rock tonnait dans le fond du couloir.
Et Jean-Marie m'ouvrit en bermuda à fleurs et tee-shirt noir Guns'N'Roses, le crâne avec la rose entre les dents et les deux colts aux canons croisés.
Des traces de coupures cicatrisées maquillaient le coin de ses lèvres et le milieu de son front.
Encore une baston.
Destroy l'odeur de la turne en entrant. Des effluves d'alcool entremêlés avec des relents de chite grillé et des vapeurs d'encens.
Une poupée gonflable à moitié rabougrie traînait sur le canapé avec des porte-jarretelles et des soutiens-gorge. Plusieurs bouteilles vides de Martini et de Whisky encombraient la table du salon. Des bouts de joints calcinés dégorgeaient d'un cendrier. Des vieux slibards collaient sur la moquette ornée de brûlures et de flaques suspectes. Les portes de l'armoire s'étaient barrées de leurs gonds. Des posters de groupes hard rock et de gonzesses à poil sur des Harley saturaient les murs. Ici et là, une seringue plantée dans des restes de tapisserie. Le plumard fumait doucement.
Je posai mon cul sur une chaise, après avoir viré un vieux croûton de pain.
Lugubre, l'éclairage. Une ampoule de 40 watts. Le volet entièrement baissé masquait une vitre éclatée.
— Je nettoyai mon flingue avant, qu'il expliqua. Un coup est parti par la fenêtre. Au fait, j'ai loupé Monica. Maintenant, elle doit être sur ses gardes. La balle lui a traversé le chignon.
Un rire jovial copula ses mâchoires.
— L'écran de ta télé a un trou, m'étonnai-je en louchant le poste sur la commode balafrée de coups de couteau.
— Ah ouais ! J'avais pris une dose hier soir et je regardai "L'été meurtrier". Quand Isabelle Adjani a dit à Souchon : "Embrasse-moi !" j'ai cru qu'elle s'adressait à moi. Je me suis précipité en avant pour lui rouler une pelle... On voit encore les marques ?
Il me montra sa chetron.
— Ca va ! Heureusement qu'elle a pas demandé à Souchon de la tringler, tu serais castré.
— Mais c'est ça un rebelle mon p'tit gars, qu'il me roucoula en agrippant mon épaule. Alors, parait que t'es de la partie pour Manowar ? Fred m'a téléphoné à midi.
Poignardé dans le dos.
J'approuvai d'un hochement de tête vaguement positif. Des fois, vaut mieux étrangler les mots et mimer la quintessence de l'âme. Sous la table, mes doigts bandèrent le signe cornu du démon.
Une fois le gars fringué, on se retrouva au PMU.
Fred campait à la stammtisch, à moitié dans le cirage, devant un bock de Kriek.
Assis à côté de lui, toute souriante, Carole jubilait à fond des canines.
Cupidon avait dû taillader au scalpel.
Je commandai mon kawa léger habituel.
Jean-Marie opta pour une Kriek. Et s'enfila la presque totalité du bock dans la panse. Epanoui, comme après un enfournage de pucelle thaïlandaise.
— Alors Mario, qu'elle chantonna, Carole, parait que t'es de la partie ?
Je touillai en louchant ma tasse, un coin d'œil braqué sur la gonzesse.
Les deux autres clowns mataient ma réaction.
— Mais t'en fais pas, me balança enfin Fred. Avec nous, tu risques rien. De toute façon, on est armés.
— Ouais, gribouilla Carole. J'emmène mon cran d’arrêt et ma bombe lacrymo. Dans le quartier, on m'appelle la gicleuse.
Une joie vicelarde dégoulinante sur la caboche, Jean-Marie envoya :
— On va t'émanciper mon p' tit gars. Tu sors avec les rebelles, les fils de la nuit, les fauves de la mort.
— Ouais, poursuivit Fred. Avec nous, tu vas connaître des expériences nouvelles. Ça va élargir ton yoga. T'ouvrir des horizons nouveaux. Je suis sûr que tu vas apprendre des tas de choses.
— Mais ouais, renchérit Carole. Faut te lancer dans l'aventure. Pas rester là pépère, assis dans l'inaction. Bouge-toi ! Déboule ! Défonce !
Jean-Marie me braqua lumineux, angélique, éthéré, Bouddha aux portes de l'illumination, et lâcha :
— Je te prends en main pour l'initiation. Tu regretteras pas la sortie, mon p'tit gars. Jean-Jean va t'enseigner la musique.
Bonjour la partition.


Je dévalai les escaliers du bloc quatre à quatre, la scoumoune mouillassée dans le futal.
La nuit commençait à descendre son store de ténèbres dans la clarté blafarde des lampadaires.
Une clope allumée au bec, le cul appuyé contre le capot de sa Toyota, Jean-Marie matait la cité avec ses blocs de caserne.
— Démarre ! gueulai-je en courant vers la bagnole. Magne-toi !
A peine étonné, il se planqua au volant, pendant que je me talai sur le siège à côté de lui.
— Grouille-toi, putain ! Mets les gaz !
La Toyota fonça en avant dans un vrombissement de moteur.
Plusieurs détonations claquèrent dans l'air.
— T'inquiète pas, expliquai-je, c'est ma mère. Mais j'ai remplacé les balles de son 22 long rifle par des cartouches à blanc.
Une bastos éclata un panneau de stop au bout de la route.
— J'ai dû en oublier. Elle aime pas trop que je sorte le soir.
Jean-Marie éructa une rigolade.
— Vachement féroce, madame Dalton.
— Ca va, elle est plutôt calme, mais faudra que je mette aussi une dose de Valium dans son café au lait le matin.
Je massai mon épaule gauche. Hardos, la mother, au nerf de bœuf.
— Et Fred et Carole ?
— Ils nous rejoindront sur l'autoroute, qu'il répondit, en fourrant une cassette dans le lecteur de la sono.
Cinderella cracha "Shake me" dans la caisse.
Je louchai le gars en douce.
Plutôt clair. Pas chargé. Une mine normale. Tranquille. Maîtrisé. Sans nervosité.
Je changeai d'avis quand le gars brûla un feu rouge à la sortie de la ville, 80 sur le compteur, en criant :
— Mort aux vaches !
— Déconne pas, envoyai-je.
Il se tourna vers moi. Le sourire extatique du chérubin découvrant le fonctionnement de sa biroute.
— T'inquiète pas, qu'il me beurra. Je contrôle la situation.
Et la Toyota déboula sur l'autoroute.
Je me cramponnai à la poignée de la porte, qui me resta dans la main.
La carrosserie vibra bizarroïde.
Avec les nombreuses bosses disséminées sur la carlingue, et les ailes défoncées sur les côtés, devait sans doute y avoir un lézard dans l'aérodynamisme.
C'était aussi pour les fissures dans le pare-brise, au cas où un excès de vent.
Brusquement, une pétarade de dragster me fit sursauter.
Et une moto nous doubla en trombe.
— Tiens, voilà Fred ! qu'il jacta, Jean-Marie.
Le gars était cramponné sur sa bécane, Carole collée dans son dos comme une pieuvre sur le cul d'un cachalot.
— Ça c’est un look rebelle ! Une Kawa 750 ! Et ma foutue Toyota qui se traîne.
Il appuya à fond sur l'accélérateur.
— Molo ! gueulai-je. Le concert n'est que dans deux heures.
— On sera les premiers, les meilleurs, les plus beaux, les plus forts, les kings de l'impossible, les gods de l'éternité.
Je me retournai, alerté par le bruit.
Sous les poussées de l'accélération, le pare-choc arrière s'était barré sur l'asphalte.
Après plusieurs ricochets, il valdingua direct dans le pare-brise d'une camionnette qui roulait derrière nous.
Le chauffeur donna un coup de volant pour l'éviter. La camionnette sucra la glissière de sécurité. Et se retourna avec fracas.
Une Renault qui suivait, la percuta de plein fouet.
— Putain ! m'exclamai-je. Faudrait peut-être s'arrêter pour secourir.
— Là où Jean-Jean passe, les connards trépassent, qu'il chanta, rythmant "If you dont like it" des Cinderella avec ses pognes sur le volant
Heureusement, pratiquement personne sur l'autoroute. Relatif à d'éventuels témoins.
Et la monotonie reprit son cours.
Je changeai de cassette pour War Babies.
Purée ! Je rêvais pas. C'est bien Fred qui revenait sur la voie inverse, à fond la gamelle. Plus de 200 au compteur.
— Ils ne vont plus au concert ? que je demandai, plutôt angoissé.
Je ne tenais pas à me coltiner Jean-Marie en solo à Nancy.
Vu les premiers échantillons du trip, je pouvais m'imaginer la suite.
— Mais si, qu'il confirma. Il se paye seulement une overdose de vitesse. Sa recette à lui pour mettre une fille en condition.
Effectivement, moins de dix minutes plus tard, Fred nous doubla à nouveau, total couché sur sa bécane, Carole aplatie contre lui.
Il zigzagua devant nous, se laissa rattraper par la Toyota, et nous adressa un signe de la main, les bigleux en transe derrière la visière de son casque intégral.
Je ne décrirai pas le regard hystérique de Carole. La gonzesse nous pointa le majeur sous le nez. Fuck brothers !
Et la Kawa fonça en avant dans un vacarme de fusée assourdissant, pour disparaître au loin dans la nuit claire.
Complètement allumés !
A la première sortie, dans le virage de la bretelle, je m'éjecte de la bagnole. Quitte à m'avoiner les roustons, autant morfler en pleine nature, au milieu des pâquerettes, que dans un crash d'autoroute, une baston de bistrot à Nancy, ou en garde à vue, sous la matron des flicards.
Not for your love, baby.
Vingt bornes plus loin, la Kawa de Fred glandait sur la bande d'arrêt d'urgence.
Jean-Marie ralentit et se gara à côté.
Je n'étais pas mécontent de prendre l'air. Surtout qu'un vieux chewing-gum écrabouillé sur mon siège me ventousait le futal.
Saloperie de merde !
Le conditionnement avait dû opérer.
Quelque part sur le bas côté, à une centaine de mètres dans l'obscurité d'un champ, des glapissements nous montaient aux tympans.
Des trémolos d'opérettes ponctués de fioritures en trilles, et entrecoupés de râles gutturaux.
Fred et Carole s'offraient la première de Manowar.


Jean-Marie planqua la Toyota dans une ruelle sombre, à deux bornes du stade,
Fred enchaîna sa Kawa juste à côté, à un poteau d'interdiction de stationner, et déposa les casques dans le coffre de la bagnole.
— Je connais l'endroit, qu'il jacta. Ici, ça ne risque rien.
Rayonnante, extasiée, totalement sublimée, Carole se cramponnait à son blouson.
Restait un peu moins d'une heure avant le concert. J'en fis la remarque.
— J'ai pris trois tribunes, qu'il baratina, Fred. Mario, lui, il a un billet pour la fosse.
— De quoi ? que je braquai.
— Mais non, me gloussa Carole, il te raconte des bobards.
Elle lui ventousa la bouche dans l'oreille.
Et Fred de m'expédier dans un rire de chacal :
— T'as eu peur, hein ? Avoue !
Moulé dans son bomber ciré pour l'occase, le tee-shirt Manowar lui suçant les mamelons, Jean-Marie resplendissait.
Surtout avec le joint coincé entre les babines.
— Arrête tes conneries, lui balança Carole, t'avais dit que t'arrêtais la dope.
— Ouais, déconne pas, que j'enchaînai. Y’a aussi le retour.
— C'est du H light, qu'il assura en tirant une méga taffe.
Light mon cul, ouais.
Fallait ouvrir l'œil, se tenir sur le qui-vive, prévoir les moindres failles, repérer les plus petites faiblesses, pour anticiper sur le négatif possible, réagir à la vitesse de l'éclair, et le cas échéant, se barrer les pompes aux miches, sans se retourner, droit in the night, ou en zigzags, au cas ou des bastos...
Impossible de marcher avec une gonzesse amoureuse. Fred n'arrêtait pas de se retrouver coincé contre des murs. Et les langues salivaient des patins à n'en plus finir.
Jean-Marie alluma un deuxième joint.
— Le dernier, qu'il m'affirma. Juste pour me mettre dans l'ambiance avant le concert.
Valait mieux la boucler. Et rester vigilant. Extrêmement vigilant.
Du peuple se pressait devant le stade encore fermé. Des blousons à gogo. Des hardos chauffés à blanc par la gnole et la dope. Des poules allumées dans les slibards. Les chagattes à vif sous les minis. Je déteignais quelque peu avec mon anorak et ma tronche baba cool.
— On a le temps de boire un pot en vitesse, proposa Jean-Marie. Je connais un bistrot pas loin.
Manque de bol, le clandé était fermé.
On revint lentement sur nos pas.
C'est là qu'un blackos pété agrippa Carole par le bras en lui proposant une pipe. Et que la gonzesse lui dérouilla un coup de botte dans les rouflaquettes.
Fred le termina au sol, une pompe ferrée dans les côtes, une autre dans les gencives. Une petite dernière dans la raie du fessier, pour dire "je t'aime" avec tendresse.
On s'éloigna tranquille, moi deux mètres devant les autres, pour accélérer la marge de sécurité.
— J'aurais dû le castrer, qu'elle bouillonna, Carole, en tripotant nerveusement son cran d'arrêt ouvert.
Normalement, restait dix minutes, et les portes du stade étaient toujours fermées.
Une agitation commença à circuler dans le peuple.
C'est au moment où Jean-Marie allumait son troisième joint qu'une voix tonna dans un haut-parleur :
— Le concert est annulé. Le groupe Manowar ne jouera pas ce soir.
Des canettes vides s'écrasèrent contre les portes du stade.
— Bande de pourris, gueula un mec. On va vous morfler la gueule !
A la première bagnole en flammes, je proposai de nous barrer rapidos.
— Attends ! gicla Fred. Va y avoir de l'action.
Je m'éloignai de quelques mètres.
Une autre caisse s'enflamma, défoncée par une grenade ou un truc approchant.
Je filai rejoindre Jean-Marie qui pissait contre un arbre. Aussi parce que planqué derrière le gars, ça valait cinq gilets pare-balles.
Apocalyptique.
Des brasiers montaient dans la nuit, sous la gueulante des hardos déchaînés. Fred entraînait la meute à la casse, les poings levés facho. Carole rutait de la voix des blasphèmes antisociaux.
Je matai fasciné la révolution, à l'écart avec Jean-Marie qui alluma son quatrième.
Soudain des sirènes crachèrent dans l'air.
Et une escouade de cars de police déboula en trombe.
Avant que Jean-Marie et moi on s'arrache, les dernières images furent Carole rétamant un poulaga avec sa bombe lacrymo, avant de se retrouver ceinturée et balancée dans un fourgon, suivi par Fred, anesthésié par une volée de matraques, menotté et jeté brutal dans un autre.
Je serais bien allé les délivrer, en usant de mon terrible Kung Fu tibétain, mais je ne tenais pas à briser des karmas. Vu aussi le nombre des keufs.
Une fois dans le calme d'un bistrot loin du stade, Jean-Marie ingurgita deux Krieks d'affilée.
Mon déca bu, je filai pisser dans les water-closets.
Pendant que je me rinçai la gueule au lavabo, des cris me claquèrent aux tympans.
Je retournai voir en douce, dissimulé derrière la porte.
Jean-Marie, debout devant le comptoir, un cran d'arrêt vissé dans la paluche, une chaise dans l'autre, tenait en respect à distance le blackos amoché par Carole et Fred.
J'étais prêt à me lancer dans la baston, réduisant à néant l'agressivité de l'Africain avec une fulgurante prise secrète du yoga des limbes sataniques.
Sauf que selon les statistiques mondiales sur la natalité, la race noire étant en voie de disparition, je décidai de le laisser vivre.
Lui et les trois autres blackos qui l'accompagnaient.
— Mario, viens m'aider ! qu'il brailla, le Jean-Jean, en faisant des moulinets avec sa lame pour éloigner la meute.
Je me cassai par la fenêtre des pissoirs pour femmes.
Près d'un lampadaire, je dépliai un plan de Nancy. Repérage fastoche de la gare. Prévoyant, j'avais flairé les embrouilles.
Et le train de 21 h 35 me ramena peinard à Strasbourg.
Je réussis à choper le dernier bus de 23 h 30 pour la cité.
Béni des dieux ! Enfin presque.
Avec tout ce ramdam, j'avais complètement oublié la mother.
La porte d'entrée à peine franchie, le nerf de bœuf me caressa affectueusement les lombaires.
Plus meurtrier que les blackos et les flics réunis, la momo.


Je décidai de m'isoler quelque temps dans une retraite contemplative, question de ne pas trop déstabiliser les potes. Les esprits plus simples ont tendance à perdre pied devant l'aura cosmique d'un maître du yoga. Je ne voulais pas leur créer d'importants chocs psychologiques pouvant entraîner d'irrémédiables et incurables séquelles neuro-traumatiques.
Deux jours après cette mémorable nuit, un matin en rentrant de la Coopé, la mother me jacta :
— Dis donc, ce n'est pas un standard téléphonique ici. Ton Fred a appelé. Il voudrait te parler de Manowar et savoir où tu étais. Il t'attend cet après-midi à la Citadelle, derrière le bunker.
Ça sentait mauvais.
— Et dix minutes après, qu'elle continua, c'était ton Jean-Marie. Je suis sûre que ce type boit. Tu as rendez-vous chez lui à 14 heures. Il t'a enregistré une cassette de hard rock, votre musique de dingues. Il a insisté. Il veut te remercier pour l'autre fois.
Ca schlinguait à fond le piège et la mort.
Valait mieux mettre les voiles, histoire de ne pas créer de conflits pouvant s'ajouter au karma déjà lourd des potes.


Confortablement assis dans un fauteuil première classe, je matai discret les jambes de l'hôtesse. Des nuages blancs défilaient derrière les hublots. Pour passer le temps, je jetai un coup d'œil dans les Dernières Nouvelles d’Alsace achetées dans un Tabac à l'aéroport d'Entzheim.
Rien de spécial dans les faits divers.
Les keufs cherchaient toujours le tireur qui avait pruneauté la chetron d'une septuagénaire sur son balcon, pas loin de la rue de l'Argonne.
Une nouvelle agence intérim avait explosé en pleine nuit dans le centre ville. Un témoin avait aperçu un couple de motards qui prenait la fuite sur une Kawa.
Un jeune de 10 ans avait rétamé cinq camarades de classe à la serpette, parce qu'ils avaient triché aux billes. Classique.
Je tournai la page.
Craignos la photo de Jean-Jean !


LE TUEUR DU POLICIER ARRÊTÉ

Identifié grâce au 357 magnum qu'il lui avait volé, Jean-Marie Crayet, serveur de profession, domicilié rue de l’Argonne à Strasbourg, a avoué l'odieux crime de Patrick Fleischkopf, agent de sécurité de la force publique. Il y a deux semaines, son corps sans vie était retrouvé rue du Jeu des Enfants, horriblement défiguré et mutilé. L'enquête s'orientait alors vers le milieu de la drogue, sans résultat.
Un soir, une patrouille de police arrêtait un conducteur pour un simple contrôle d'identité. Dans la boite à gants, les policiers devaient découvrir l'arme dérobée à Patrick Fleischkopf. Après trois jours d'interrogatoire poussé, Crayet passait aux aveux, non sans avoir crié : "Je suis un méga heavy hard métalliste rocker, et je le resterai."
Lors du procès, une ex-concubine, Monica Grospinçeaux l'a décrit comme un être abject et brutal, n'hésitant pas à recourir à la violence pour assouvir ses besoins sexuels. L'avocat de la défense a plaidé l'irresponsabilité. "Quand je l'ai soi-disant tué, je n'étais pas là !", rétorqua calmement Crayet à l'accusation.
Le verdict est tombé, bien présent lui. 20 ans de réclusion. En espérant que Crayet retrouvera la mémoire derrière les barreaux.


L'hôtesse se ramena et me demanda dans un sourire éblouissant :
— Vous ne suivez aucun régime ?
— Ne vous inquiétez pas, répondis-je, aucune restriction alimentaire.
Elle s'éloigna en roulant de la caisse.
Je tapotai mon ventre protubérant.
Les 40 briques d'économie de la mother chouravées dans l'armoire et fourrées dans un sac handi bag, ça prend un peu de place.
Ciao Jean-Jean !
Je t'enverrai une carte postale de Bora-Bora.
C'est en Polynésie, entre Cindy et Marylou, que je découvris enfin le secret du nirvana.
For your love, brother, for your love !


En hommage à Jean-Marie, un super pote, qui doit certainement boire des Krieks au bar du paradis.
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Re: Remember the night

Messagepar Papofyse » 08 Avr 2011, 14:24


Salutatous,
Ne retenir que l'essentiel ... c'est la que c'est un très bel hommage ! ont sent la tristesse ourlée par tout les bords de la fic ... encore un ...
Le bal de laze, Good Bye Marylou, les sucettes à l'anis, Born to be a life, j'aurai voulu, j'ai tout oublié, Je ne veux qu'elle ...
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Re: Remember the night

Messagepar Babou » 08 Avr 2011, 20:57


Remarquablement bien écrit, dans un style « Frémanesque » (je vous laisse chercher), le ton « bad boy », « destroy » passe comme une lettre à la poste sans pour autant enlever le courant émotionnel. Des phrases électriques, riches en voca, ponctuées des fois juste par un mot ou deux. Malgré l’humour qui jalonne cette histoire d’un bout à l’autre, filtre entre les lignes un goût amer. Je le ressens comme ça. Le personnage de Mario, au-delà de l’humour, toujours, et du caractère auquel il a bien voulu se prêter, est touchant.

Après une longue ascèse dans son ashram, le yogi se jette du haut de la montagne, plane dans les airs, et retombe intact sur ses pieds dans la vallée verdoyante. Doit certainement y avoir un deltaplane dans le coup, mais le grand livre du Vajrayana Tibétain n'en parlait pas.
Ou bien c’est un illuminé. Je me souviens d’un copain (anecdote vraie) qui m’avait affirmé avoir pris les commandes d’un avion, mentalement, depuis son siège, lors d’un vol Abidjan Paris, suite à de fortes turbulences. C’est la peur du crash qui l’avait poussé à cet acte ….. au-delà du réel !

Un conard de poulaga, rue du jeu des enfants
Je vais vérifier si cette rue existe. :15:

Je louchai un morpion en valdingue solitaire sur le sol.
Extraordinaire ! :02:

Je m'éjectai rapidos du plumard, enfilai mon jean et courus sortir l'aspirateur du placard, histoire de prouver un effort et de calmer la rage aux dents.
Une minute dans le couloir en méga vitesse, 15 secondes sur le carrelage des pissoirs.

Il m’arrive aussi de faire ça, pas forcément l’aspi, mais appliquer ce principe, ça facilite les transactions. :20:

— Ouais, bava Fred. Alors, t'es de la partie pour Manowar ? On compte sur toi.
Craignos le piège !
— Faut voir, si je suis libre...
— Ah ouais, ta mère.

J’adore ce passage, tout le scénario, là j’économise le texte, on voit que les copains ont l’habitude de cette mère-prétexte, même si cet alibi sert de retranchement. :05:


Je lui casquai 50 balles dans la pogne, histoire de cavaler au Tabac du coin acheter un flacon de parfum Bic. Avec une étiquette "Chanel N° 5" collée sur la boite.
Bon, un auto-collant pour les bouquins de classe avec Chanel au feutre. Si la mother a un doute, il n'aura qu'à dire que c'est le nouveau logo de la marque.

Prends-moi pour un jambon, qu’elle balança la mother ! :twisted:
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Re: Remember the night

Messagepar Krystos » 09 Avr 2011, 13:12


J'ai adoré ! On baigne dans une ambiance Tarantino ROad movie des 7O' . Le vocabulaire est judicieusement choisis. L'humour noir et teinté d'une pointe de mélancolie que l'on devine entre les lignes ;)
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