Les Livres de l'Editeur


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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Dorian » 06 Déc 2010, 20:21


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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Rampage_Master » 08 Déc 2010, 21:18


Quelle belle équipe! :D

Excellent phantom!
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Phantom_Blue » 29 Déc 2010, 10:19


Épisode 3

Deux margoulins amenèrent un grand sapin, qu'Elodys fit placer dans un coin de la taverne. Elle le contempla avec un sourire ravi, et appela Nicole.
— Dis, il reste encore des crânes ou on les a tous vendus ? Sinon va voir au cimetière dans les caveaux. Tu mettras des bougies à l'intérieur, et du papier coloré sur les orbites. Ça sera du plus bel effet. Et trouve des cordes pour les guirlandes, au besoin décroche des pendus, elles ont la réputation de porter bonheur. On dit bien : "Au sapin cordes de pendus, nouvelle année pleine d'écus". Il y en a plusieurs encore qui se balancent aux arbres. Le Corrector a eu la main généreuse.

Apofyse, dont les yeux globuleux et vifs furetaient partout, chanta, une larme glissant sur sa joue rouge et gonflée :
— Ah Noël ! Cette ambiance d'amour qui flotte dans l'air ! Ce bonheur qui emplit tous les cœurs ! La lumière rayonnante de notre Seigneur illuminant les âmes !… (Il fit un signe de croix)… Je me souviens de ce jour béni dans notre abbaye de Cluny, les jouvencelles du village qui nous apportaient des gâteaux, douces créatures du Seigneur à la peau d'ange… (Il refit un signe de croix)… Je leur enseignais les mystères de la vie, les enchantements de notre mère nature… Hé hé hé…
Un tremblement furtif agita sa soutane au niveau de l'entrejambe.
Drakan écoutait d'une oreille discrète, un œil toujours tourné vers Jennifer.
Nicole s'approcha de la table, se pencha vers Apofyse et lui demanda :
— Nous avons besoin d'un Père Noël, celui qui devait le faire a été retrouvé égorgé dans une rigole. Pourriez-vous vous charger de cette besogne ? Bien entendu, la patronne vous offre toutes les consommations et la nourriture à volonté.
— Mais ce sera avec la plus grande joie, répondit Apofyse, apporte-nous de ton meilleur vin, et deux ou trois poulets bien rôtis. Hé hé hé !

Dans la salle des fumeurs, Babou renouvelait les doses d'opium dans les pipes, quand elle remarqua l'inertie suspecte d'un fumeur sur sa paillasse. Ses yeux révulsés, sa bouche ouverte édentée, sa langue boursouflée et bleuie.
Elle le fouilla, récupéra une bourse remplie de pièces et le traîna par les pieds d'une poigne ferme au bout de la salle. Puis elle ouvrit une trappe et précipita le corps cinq mètres plus bas dans une rivière aux eaux sombres et tumultueuses.
Aussitôt des créatures aquatiques à la peau écaillée et aux crocs acérés se précipitèrent, dans des gerbes éclaboussantes, pour en faire bonne pâture.
Satisfaite, elle referma la trappe et poursuivit sa besogne, scrutant les fumeurs allongés, pour voir s'ils respiraient tous encore.

Krystos était revenu, le visage ébloui. Il s'installa à une table à l'écart, rêveur. Des pensées se bousculaient dans sa tête.
— Je suis l'élu… la grande déesse de la nuit m'a choisi pour recevoir la connaissance… je vais enfin devenir le maître du monde grâce au Livre… bande de charognards incultes, vous allez tous ramper à mes pieds… Mouahahahahaha…
Il commanda une bouteille de vin de palme, posa une feuille sur la table, et écrivit d'une plume inspirée, une pakistanaise fumant aux dents :
— Discours d'investiture de sa majesté l'empereur Krystos 1er… Peuple de la Terre, en ce jour solennel, moi, votre monarque, je me proclame maître absolu…
Il s'arrêta, caressa le bout de son menton avec la plume, un sourire sur les lèvres, des visions de nymphes dénudées dansant au pied de son trône en or massif, dans la danse des volutes opiacées.

Dorian avala une longue gorgée de bière, tira une longue bouffée de son cigare et loucha une nouvelle fois sur sa montre à gousset.
— C'est bien ce que je pensais, se dit-il, le temps s'est arrêté, et cela s'est produit après cet hurlement de loup, le moment n'est plus très loin… Je vais enfin connaître le secret de la Pierre Philosophale… Mais ouvrons l'œil, d'après ce que je vois, je ne suis pas le seul à convoiter le Livre…
Il scruta Apofyse, qui mordait dans une cuisse de poulet, de la sauce dégoulinant de sa bouche, repéra la forme des coutelas sous la soutane. Le neutraliser ne poserait pas de problème particulier, un coup de dague dans la panse suffirait à le coucher sur le sol. Par contre, le chevalier aux deux katanas, assis avec le moine, risquait d'être la cause de sérieuses difficultés. Sa stature athlétique indiquait qu'il était habitué aux combats sur les champs de bataille, et l'absence de cicatrices prouvait son habileté au maniement des armes.
Il y avait aussi cet autre chevalier et son phacochère, aussi un combattant redoutable, à en juger par son allure vive, certainement pas là par hasard. Il semblait épier quelque chose ou quelqu'un.
Et cette jeune fille gracieuse avec ce jeune damoiseau, détentrice peut-être de formules magiques redoutables. La grâce cache souvent la félonie, et la félonie aime se repaître du masque de la grâce.
Et ce noble avec ses pompons au chapeau, qui devait détenir quelque arme dangereuse, dans le but de s'emparer du précieux Livre.
En fait, tout le monde devenait suspect, même le spunk ronflant dans un coin, peut-être un sorcier avide des pouvoirs du Livre, ayant pris forme animale.
La partie allait être plus coriace que prévue.

Agent Falkan appela Nicole d'un geste de la main et lui souffla discrètement :
— Dis moi, j'attends quelqu'un, n'as-tu point vu un voyageur ? Il a une balafre sur le visage ?
— Ah oui ! répondit Nicole. Il y a bien un tel personnage, comme vous le décrivez, mais il a rendu l'âme.
— Comment ça ? s'étonna Agent Falkan.
— Oui, il est bien venu, mais il a suffoqué dans la cour, et nous l'avons transporté dans la buanderie, où le bon moine, que vous voyez là-bas à cette table, lui a donné les derniers sacrements.
Une fois Nicole partie, Agent Falkan serra sa main sur la poignée de son épée et grommela :
— Par les foudres de Zeus, et les foudres encore plus terribles de ma belle-mère, les événements prennent une tournure inattendue. Il y a du trépassé dans l'air. Il va falloir être sur mes gardes.
Sous la table, Fripounet passa un dernier coup de langue dans son bol, lapant la dernière goutte de bière, et grogna pour en avoir un autre.

Rampage Master appréciait l'ambiance de la taverne. Il confia à son fidèle comptable :
— La prospérité semble de mise ici, le vin et la bière coulent à flot, des jambonneaux se balancent à foison au-dessus du comptoir, et si mon odorat ne me trahit pas, d'après les effluves, on doit fumer de l'opium dans une pièce voisine. Voilà qui va remplir les cassettes du roi, et les miennes par la même occasion.
Medievil frissonna en entendant ces dernières paroles et répliqua, quelque peu inquiet :
— A votre place, je ne me réjouirais pas si vite. L'endroit est connu pour porter malheur. Il s'y passerait de bien étranges choses. Si vous voulez mon avis, nous ferions mieux de décamper avant qu'un funeste sort ne s'abatte sur nous. Il n'y a pas que les jambonneaux qui se balancent ici. N'avez-vous pas vu les pendus qui se balançaient aux branches ?
— Allons mon brave, sourit Rampage, ne te laisse pas aller aux affolements des vieilles pucelles. Si l'on devait croire tous les racontars. Et s'il y a des pendus, c'est qu'il y a justice, et donc sécurité des lieux, les malfaisants pouvant créer des ennuis ayant rejoint les enfers où ils expient leurs crimes dans les flammes. Savoure plutôt ces instants privilégiés, dont le Seigneur nous a gratifiés. Demain nous serons encore plus riches. Enfin moi.

Pouillu ouvrit un œil, puis l'autre, rota un petit rot hamstérique, et se redressa sur ses petites pattes. Il flaira l'air avec son petit museau frétillant et remarqua le phacochère. Soudain le poil excité, il trottina vers lui sous les tables et l'apostropha :
— Kiiick… Qui es-tu, gros cochonnet dodu ?…
— Grumpf… Comment oses-tu, petite boulette de poils insolente ? Sache que je suis l'animal le plus redoutable de la jungle, et si tu ne t'excuses pas sur le champ, je t'écrabouille en carpette pour sauterelles…
— Kiiick… Doucement, sinon je le dis à mon maître le prince Noir, qui te découpera vite fait en côtelettes et en rondelles de saucisses…
— Grumpf… Laisse-moi rire ! Mon maître est le plus grand escrimeur du monde, et il aurait tôt fait de l'embrocher avec son épée…
Pouillu allait envoyer une réplique cinglante quand il dressa ses deux petites oreilles. Il avait reconnu le sifflement presque imperceptible, que Fripounet capta aussi au milieu des conversations et des rigolades paillardes.
Le hamster fila sous les tables vers celle de Dorian.

La porte s'ouvrit et trois voyageuses entrèrent en secouant leurs manteaux enneigés.
Il y avait Ladyrianne, une prêtresse du temple d'Athéna, à l'imposante chevelure rousse, et à la longue robe aux poches garnies de potions explosives.
— Quel trou perdu ! cracha-t-elle. J'espère qu'on n'est pas venues pour rien, et que l'Oracle a dit vrai pour le Livre, sinon je l'étripe !
Il y avait aussi Maat, la petite fille du comte Dracula, aux cheveux plus noirs que la suie des fours de l'enfer, vêtue d'une combinaison guêpière en cuir noir moulante décorée de dentelles.
— Je hais cette neige, tout ce blanc, je veux du noir, je veux de la neige noire ! Pourquoi le monde est-il si lumineux ?
Il y avait enfin Angie, une fée du royaume des fleurs, aux bouclettes blondes recourbées comme des crochets, en mini robe violette et cuissardes, deux colts à la ceinture. Elle envoya d'une voix tranchante comme la lame d'une dague plantée dans un dos :
— On prend ce fichu Livre et on se casse vite fait ! Non mais vous avez vu tous ces ploucs ? Pas un seul bel elfe ! Ah si, le chevalier assis avec ce gros moine… Pas mal, pas mal du tout…
— Grrrr ! grogna Maat en la bousculant d'un coup de coude. Il est pour moi, je t'interdis de le toucher, ou gare à tes ailes !
— Du calme ! stoppa net Ladyrianne. Ce n'est pas le moment de se battre pour un mâle ! D'abord le Livre, après les galipettes !

Jennifer avait vu leur arrivée. Elle murmura à Marco :
— Tu vois les trois filles à l'entrée, celle avec la mini robe violette, c'est Angie, jadis une fée, elle est passée du côté obscur de la Force en volant le talisman enchanté du royaume des fleurs. Depuis il y pleut sans interruption et les fleurs ont laissé place aux ronces et aux orties. Et l'autre, la rousse, serait une sœur d'Hélène de Troie.
Les yeux de Marco s'allumèrent comme des brasiers. Jennifer ne manqua pas de remarquer cet éclat anormal et gloussa :
— Je vois que la belle Hélène occupe toujours ton esprit.
— Fariboles, grogna Marco, elle m'indiffère totalement, je m'intéresse essentiellement au Livre, et comme tu as dit qu'elle serait la sœur d'Hélène, dont une page du Livre a été retrouvée à Troie…
Jennifer se gratta le nez en souriant, d'une façon qui déplut au jeune Page.
— Ne te moque pas et dis-moi plutôt quelle est la troisième, celle en noir !
— Je ne la connais pas, mais si elle s'est associée aux deux autres, ce n'est pas une enfant de chœur. D'ailleurs tout dans son allure révèle une fille dangereuse.
— Je la trouve plutôt jolie, souffla Marco.
— Méfie-toi, doux jouvenceau, les épines des roses noires sont les plus pointues. Et plus la rose est jolie, et plus les épines sont fatales.

Le Corrector resta figé, sa longue tige dans la main arrosant le mur. Le hurlement dura encore quelques secondes puis s'éteignit dans la nuit.
Il rengaina sa tige, revissa le clapet, sortit de la pissotière et contourna la taverne pour inspecter les lieux.
Des gros flocons de neige tombaient dans un silence spectral.
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Babou » 30 Déc 2010, 07:16


Je posterai plus tard. Je veux juste dire que c’est costaud, puissant et jouissif. :15:
On voit bien, au risque de me répéter, la maîtrise totale de l’artiste sur ses personnages, parfaitement calqués de surcroît. C’est pas évident. Il faut se souvenir, par exemple, que Papo a des coutelas sous sa soutane, que Drakan est le chevalier aux deux katanas, que Dorian recherche le secret de la Pierre Philosophale, etc.. Pas évident car les personnages sont nombreux et il y en a de nouveaux comme Maat, la fille en noir.
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Papofyse » 30 Déc 2010, 07:51


Salutatous,

Cool, nous voilà tous bien mis et bien lotis, en gueux tous bien mystérieux, serai-ce que le corrector aurai pour tige un loup dans sa trappe ???, je reprend gout à la lecture même si je tire la langue en suivant les lignes, histoire de ne pas en perdre une miette, l'ambiance y est, la trame se noue, j'attends évidement la suite, je pense que nous sommes partis tous pour une belle aventure bien noire ... vivement les cul de bas de fosse et les souterrains glauques !

Baille

PS: C'est gentil M de mettre apofyse, mais pour tous ici je suis Papofyse ou Papo, j'avoue que sa me plais bien, gardons le surname STP ! merci !
Le bal de laze, Good Bye Marylou, les sucettes à l'anis, Born to be a life, j'aurai voulu, j'ai tout oublié, Je ne veux qu'elle ...
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Babou » 31 Déc 2010, 23:46


— Dis, il reste encore des crânes ou on les a tous vendus ? Sinon va voir au cimetière dans les caveaux. Tu mettras des bougies à l'intérieur, et du papier coloré sur les orbites.
C’est comme les citrouilles d’Halloween. Mais les crânes c’est mieux car les trous sont déjà faits. :tetemort:

Et trouve des cordes pour les guirlandes, au besoin décroche des pendus, elles ont la réputation de porter bonheur.
Les pendus me font penser à une séquence du film, « Pirates des Caraïbes, la malédiction », (j’y pense parce qu’il est passé récemment à la télé), dans la première partie, avec Johnny Depp, magnifique, entre parenthèse, sûr que dans ses bras on est au paradis… :08:

On dit bien : "Au sapin cordes de pendus, nouvelle année pleine d'écus".
Excellent ! Fallait le trouver ce dicton ! Image

Dans la salle des fumeurs, Babou renouvelait les doses d'opium dans les pipes, quand elle remarqua l'inertie suspecte d'un fumeur sur sa paillasse. Ses yeux révulsés, sa bouche ouverte édentée, sa langue boursouflée et bleuie.
Elle le fouilla, récupéra une bourse remplie de pièces et le traîna par les pieds d'une poigne ferme au bout de la salle. Puis elle ouvrit une trappe et précipita le corps cinq mètres plus bas dans une rivière aux eaux sombres et tumultueuses.

J’ai cru, en lisant, que j’allais lui faire un bouche à bouche. Auquel cas je ne serai pas un croque-mort mais une croqueuse de morts. Belle mentalité, moi aussi je dépouille les morts ! Image

Il commanda une bouteille de vin de palme, posa une feuille sur la table, et écrivit d'une plume inspirée, une pakistanaise fumant aux dents :
A mon avis il faut quelque chose de plus corsé pour Krystos, le vin de palme c’est trop doux, mieux vaut prendre l’alcool de palme, c’est-à-dire le Koutoukou ou Gbêlê ou Bangui, qui est un alcool clandestin, je précise. Si vous jetez un morceau de viande fraîche dedans, elle se consume, alors imaginez ce que ça peut faire dans un estomac ! Image

— Discours d'investiture de sa majesté l'empereur Krystos 1er…
Ça lui va comme un gant. xd

La grâce cache souvent la félonie, et la félonie aime se repaître du masque de la grâce.
Très poétique, et toujours l’art d’inverser les phrases.Image

— Ah oui ! répondit Nicole. Il y a bien un tel personnage, comme vous le décrivez, mais il a rendu l'âme.
— Comment ça ? s'étonna Agent Falkan.
— Oui, il est bien venu, mais il a suffoqué dans la cour, et nous l'avons transporté dans la buanderie, où le bon moine, que vous voyez là-bas à cette table, lui a donné les derniers sacrements.

Certes, le bon moine lui a donné les derniers sacrements, mais sans, au préalable, l’avoir fort dépouillé, tout en faisant des signes de croix pour se donner bonne conscience ! :twisted:

Il y avait aussi Maat, la petite fille du comte Dracula, aux cheveux plus noirs que la suie des fours de l'enfer, vêtue d'une combinaison guêpière en cuir noir moulante décorée de dentelles.
— Je hais cette neige, tout ce blanc, je veux du noir, je veux de la neige noire ! Pourquoi le monde est-il si lumineux ?

Parfaitement adapté au personnage ! De la neige noire ! Dans ce cas il vaut mieux habiller les corbeaux, là pour le coup, d’un blanc manteau... :03:

Le Corrector resta figé, sa longue tige dans la main arrosant le mur. Le hurlement dura encore quelques secondes puis s'éteignit dans la nuit.
Il rengaina sa tige, revissa le clapet, sortit de la pissotière et contourna la taverne pour inspecter les lieux.

Le mot « tige » m’a fait penser à un texte, disons plus poétique. Y a pas de rapport direct, c’est un tilt que j’ai eu. :15:

Depuis qu'ils cheminaient par dix et cent de milles
Pour délaisser la terre et ses anciennes villes,
Depuis qu'ils voulaient voir
Ce peuple fou, ailé, la nébuleuse noire,
Depuis donc et déjà tant de siècles passés
Qu'ils avaient délaissé
La terre,
Ce peuple solitaire
S'éprit de ses vestiges
Et voulu en revoir la tige.


Extrait de « La mort d’Orion », de Gérard Manset (pour ceux qui ne connaissent pas).
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Nicole » 03 Jan 2011, 14:03


Waouh!!! Quelle belle écriture, je n'aime pas lire et pourtant j'en redemande. Il me plait bien ce rôle, au moins je côtoie beaucoup de monde et écoute tous les potins de comptoir. C'est un petit peu glauque et très noir par moment et c'est excellent. La suite, la suite .......... .
Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup.
Il enrichit ceux qui le reçoivent, sans appauvrir ceux qui le donnent.
Il ne dure qu'un instant mais son souvenir est parfois éternel.
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Dorian » 04 Jan 2011, 18:26


Délicieux !

Tout ces personnages aux personnalités bien établies qui s'observent, se craignent et s'attirent à la fois, ça pourrait être très dur à suivre car la multitude crée souvent l'incertitude. Mais voir chacun dans les yeux de l'autre et le raconter sans fléchir fait qu'on s'y retrouve à merveille. C'est vraiment très bon, je n'ai aucune crainte concernant la qualité de la suite.
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Phantom_Blue » 08 Jan 2011, 10:22


Épisode 4

Un froid glacial flottait dans le caveau. La torche à la main, la flamme faisant danser des ombres grimaçantes sur les murs, Nicole souleva le couvercle grinçant d'un cercueil logé dans une niche, s'empara du crâne et le fourra dans un sac.
— Quel travail ! souffla-t-elle. C'est toujours moi qui me paye les plus basses corvées. Bon, j'en ai une vingtaine, je pense que c'est bon.
Elle chargea le sac sur son dos et remonta les marches de pierre.
Dehors, le cimetière était blanc, des gros flocons dévalaient du ciel obscur. Un silence impressionnant régnait sur les tombes.
Nicole éteignit la torche en la trempant dans la neige. Le feu gémit et regagna le cœur de la matière, d'où il était sorti. Selon l'enseignement des alchimistes, toute chose inerte et vivante contient le feu prisonnier en elle. Et parfois, sous l'effet d'une étincelle, il s'échappe dans des gerbes de flammes.
Une statue d'ange aux ailes brisées semblait la regarder avec insistance.
Nicole frissonna en pensant au Malin, l'ange déchu, et fit trois signes de croix avec ses trois autres mains libres.
De retour dans la cour, rassurée par les fenêtres éclairées de la taverne, elle sursauta soudain et cria d'une voix angoissée qui se voulait ferme et menaçante :
— Vade retro, Satanas ! Retourne en enfer !
— Ce n'est que moi, envoya le Corrector en sortant de l'ombre, son visage d'acier se dessinant dans la clarté. J'inspecte les environs. Il se passe des choses bizarres. Dans la grange, j'ai vu une chauve-souris copuler avec un hibou. C'est signe de sorcellerie.
— Tous les goûts sont dans la nature, osa répliquer Nicole.
— Mais ceci n'est plus de la nature du Seigneur, grogna le Corrector. Et tes quatre mains non plus.
— Mais si le Seigneur m'a donné quatre mains, c'est pour mieux servir les hommes.
Nicole avait jeté cette répartie à la face du juge bourreau d'une voix forte, étonnée par son audace.
Le Corrector plissa ses lèvres dans un rictus dubitatif.
— C'est bon, femme, va faire tes besognes. Parfois il plait au Seigneur des amusements de la sorte. Il existe bien des araignées à huit pattes.

On dansait dans la taverne. Campés sur l'estrade, trois gueux envoyaient dans l'air une java à l'accordéon, au pipeau et à la mandoline. Des couples s'étaient formés entre les tables et les fessiers se balançaient en rythme.
Papofyse avait gagné l'arrière salle et enfilait le costume de père Noël, la panse repue et la langue encore humide de vin.
Nicole colla du papier coloré dans les orbites à une vitesse hallucinante, ses quatre mains œuvrant avec dextérité, logea des bougies à l'intérieur des crânes, et une fois allumées, accrocha ces décorations osseuses aux branches du sapin.
Les dernières notes de la java s'estompèrent, laissant place au slow de "La boum".
Le jeune Marco cligna des yeux et sombra dans une somnolence, pris d'une fatigue subite. A côté de lui, plongée dans ses rêveries, Jennifer leva soudain ses grands yeux bleu azur et resta figée en voyant Drakan debout devant elle.
— M'accordez-vous cette danse ? demanda-t-il d'une voix chaude et réconfortante.
— Euh, bafouilla-t-elle, se sentant rougir. Oui, volontiers.
Trois tables plus loin, Angie éructa de rage.
— Non mais vous avez vu ça ? Il l'invite à danser ! Mais je la reconnais, c'est Jenni, quelque chose, une fée du royaume enchanté, on a fait l'école de magie ensemble. Je vais l'étriper !
Ladyrianne freina son élan d'une voix ferme :
— Du calme ! Je vous l'ai déjà dit, et j'ai horreur de me répéter : d'abord le Livre, après le plaisir !
— Je vais la transformer en grenouille pustuleuse, ricana Maat, et le beau chevalier sera à moi.
— Ne compte pas là-dessus, répliqua sec Angie, il est à moi. Non mais vous avez vu comment elle se pend à son cou ? Quelle indécence !

Dorian attrapa Pouillu du bout des doigts par la peau du cou et le retira du bock de bière, dans lequel il venait de plonger.
— Arrête de t'enivrer, petit ivrogne, et dis-moi plutôt ce que tu as appris.
— Kiiick… la jolie blonde qui danse avec le chevalier et son jeune ami le damoiseau cherchent le Livre… ainsi que le chevalier, et son ami le gros moine… il y a aussi l'homme au cochonnet dodu…
— Que dis-tu là ? Il a un cochonnet dodu ?
— Kiiick… oui, en laisse, sous la table… d'ailleurs nous nous sommes querellés et j'étais prêt à lui mordre le groin…
Dorian se souvint du quatrain de Nostradamus. Il le récita dans sa tête, les pensées troublées :
— Nuit de pleine lune un homme viendra… Alors que mille flocons tomberont… Avec son animal il trouvera… Livre de grand pouvoir et régneront…
Il fixa Pouillu, braqua un index devant son museau, et murmura :
— Tu dois absolument te faire un allié de ce cochonnet, et apprendre de quoi il en retourne. Je vais t'y aider.
Il appela Nicole qui circulait entre les tables, trois plateaux dans les mains, servant les clients.
Moins d'une minute plus tard, elle déposait un bock de bière devant Agent Falkan en disant :
— C'est l'homme à la moustache et au cigare là-bas qui vous l'offre. Il est ami des bêtes et trouve votre petit cochon des plus avenants.
Sous la table, Fripounet assoiffé s'impatientait, quand une des quatre mains de Nicole déposa devant lui un bol rempli de bière.
Agent Falkan s'empara du bock et le leva en direction de Dorian, pour le remercier du geste.
Sous la table, Pouillu s'avança vers le bol et claqueta des dents :
— Kiiick… mon maître vous offre la boisson en signe d'amitié et je m'excuse pour mon arrogance…
— Grumpf… tu es tout excusé, viens, lapons ensemble…
Ils plongèrent leurs langues dans le liquide mousseux. Quelques lapements plus loin, leurs langues se touchèrent, par inadvertance, dans la frénésie des lapements.
Fripounet ressentit un frisson troublant. Un trouble frissonnant envahit le petit corps poilu de Pouillu.
Ils arrêtèrent de laper et se regardèrent, quatre yeux étincelant d'étoiles et de désirs suggérés.

Krystos avait terminé son discours. Il resta un moment rêveur en contemplant le sapin et les crânes allumés aux orbites colorées. Il se rappela les Noëls d'autrefois. Les préparatifs du réveillon. Son père éventrant le cochon suspendu par les pattes. Sa mère décapitant les poulets à la hache. Tendres images du bonheur de l'enfance.
Une ode lui vint à l'esprit. Il écrivit d'une plume alerte sur une autre feuille :
— Ô merveilleuse période de l'année… alors que le sang rouge et chaud des gorges taillées se mêlait à la blancheur froide et immaculée de la neige… jouant aux osselets avec les têtes de poulets… sautant à la corde avec l'intestin du cochon…
Pendant qu'Elodys apostrophait Nicole :
— Et mes cordes de pendus ? Je ne les vois point. Allez, va en chercher ! Il y a des pendus au carrefour du bois.
Nicole secoua sa tête, encore une fois obligée de sortir pour une corvée peu ragoûtante. Elle enfila son manteau, et ouvrit la porte, contempla le paysage hivernal, franchit le seuil d'un pas résigné, et referma la porte sur la douce chaleur de la taverne.
Le slow était fini. Jennifer regagna sa table, accompagné par Drakan. Il prit place en face d'elle. Marco dormait toujours.
Angie et Maat explosèrent intérieurement en voyant ça, l'esprit enflammé de pensées meurtrières. Leurs vingt doigts étranglèrent des gorges fantomatiques.
Dans l'arrière salle, Papofyse se pavanait devant la glace, lissant sa fausse barbe blanche collée sur son menton. Ses coutelas formant parfois des plis, sous son costume, quand il roulait de la panse et du fessier.
Quand dehors, un nouvel hurlement perça les voiles enneigés de la nuit. Secouant les flocons d'une vibration sonore hurlante.

Nicole se figea sur place et écouta, la respiration retenue, le cœur battant. Elle crut entendre un froissement de pattes dans la neige et courut vers la buanderie, où elle s'empara d'une hache, d'une fourche et d'un couteau.
— Mon joli, si tu montres le bout de ton museau, je saurai te recevoir.
Elle traversa la cour et prit le chemin serpentant vers la forêt, s'apprêtant à voir surgir à chaque instant un museau garni de crocs. Elle arriva bientôt en vue du carrefour. Et vit au loin trois pendus aux branches, les visages crispés, les corps raidis.
Quand soudain elle s'agenouilla dans le fossé pour se dissimuler, les pointes de la fourche dressées en avant, le couteau prêt à tailler, la hache levée en attente de frapper.
Des formes avançaient entre les arbres. Elle reconnut bientôt des nains, avec leurs chapeaux pointus. Il y en avait sept. Ils s'arrêtèrent sous les trois pendus et parlèrent chacun à leur tour :
— Prenons-les tous, après tout, un seul, ce n'est pas assez comme cadeau.
— Oui, tu as raison, Prof, comme ça elle aura de quoi s'amuser.
— Si tel est son bon plaisir d'autopsier des corps.
— Oui, mais quand même, quel passe-temps pour une princesse.
— Les contes de fées changent, mon cher Grincheux.
— C'est quoi, un conte de fée ?
— Aaaat Chooouuummm !
Vingt minutes plus tard, ils avaient décroché les pendus. Deux nains pour soulever chaque corps, le septième ouvrant la marche, ils s'éloignèrent dans la forêt en chantant :
— Blanche-Neige sera contente… Et y aura du boudin… Blanche-Neige sera contente… Et des carottes aussi…
Les dernières paroles s'estompèrent dans la nuit.
Nicole sortit de sa cachette et alla récupérer les cordes, bien contente de n'avoir pas eu à descendre les cadavres, et regagna au plus vite la taverne.

Caché sous des fagots de bois, dans un coin de la cour, aux aguets, le Corrector attendait, les mains vissées sur une arbalète à quadruple flèches.
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Papofyse » 09 Jan 2011, 00:35


Une bonne mise en bouche, reste a connaitre la suite ....
Le bal de laze, Good Bye Marylou, les sucettes à l'anis, Born to be a life, j'aurai voulu, j'ai tout oublié, Je ne veux qu'elle ...
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