Les Livres de l'Editeur


Laissez aller votre imagination et faites-nous part de vos histoires, poèmes...

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Les Livres de l'Editeur

Messagepar Phantom_Blue » 18 Nov 2010, 09:54


LIVRE PREMIER DE LA GUILDE DES BÂTISSEURS DE L'ÉDITEUR

GENÈSE

Au début était la ligne.
Elle se multiplia.
Les lignes se croisèrent.

Et le carré fut.

Il y eut le sol.
Il y eut le mur.
Il y eut le plafond.
Il y eut la salle.

Le carré s'étira et devint le cube.
Il s'étira encore et devint le pilier.
Et toutes sortes de volumes.

Avec le cube naquit le désir.
Certains disent qu'il existait déjà avant la ligne.
Et qu'il l'engendra.

Deux écoles se formèrent.
Celle du désir antérieur au cube.
Et celle du désir ultérieur au cube.

Et ce fut la grande guerre des fils de l'Homme.
Marquée par des guerriers bâtisseurs du nom d'Apofyse, de Drakan, de Stoorne, de Loic, de Falkan, de Bartoli, et de bien d'autres encore, tous vouant un culte idolâtre à l'Editeur.
Le scribe Full-Throttle contait leurs exploits sur des tablettes d'argile.
Elle dura mille ans et marqua les mondes du sceau chaotique des ténèbres.

Avant que vienne le mage prophète qui apporta la lumière.
On l'appela le Phantom.
Et sa gloire traversa les temps immémoriaux.

LIVRE DEUXIÈME DU SECRET DE LA FORCE INTÉRIEURE

L'Éditeur est l'Alpha et l'Omega.
La source qui engendre toute matière.
Il vibre en chaque chose.
Chaque chose provienne de lui.
Et chaque chose le renferme.
Il est en bas comme ce qu'il est en haut.
Et il est en haut comme ce qu'il est en bas.
L'éditeur est la force universelle.
Par lui tu vaincras toute chose subtile.
Et pénétrera toute chose solide.
Ainsi tu obtiendras la gloire.
Et régnera sur les mondes et les êtres.

Épisode 1

Une odeur de vinasse saumâtre et de pakistanaises épicées flottait dans la taverne. Mélangée à des relents d'urine venue des pissoirs. Un spunk, sorte de lézard géant, ronflait dans un coin. Entouré par un essaim de mouches bourdonnantes qui se délectaient de la bave jaillissant de ses narines écailleuses à intervalles réguliers.
Campées derrière le comptoir, les sœurs Laraider exhibaient leurs protubérances mammaires dans des corsages en dentelle froissés par les courants d'air jaillissant de leurs cavités buccales hystériques à former des mots.
Elodys, la grande prêtresse du temple de Baal, ancienne fiancée d'Hercule et d'Arès, qui se battirent pour ses charmes sulfureux.
Et Babou, la vestale du vaudou, maîtresse des poisons et philtres en tous genres, dont la babine frémissante fit frémir tous les sultans du Moyen-Orient.
Les pintes de bière défilaient sur le comptoir et terminaient en rafales cascadantes dans les gosiers assoiffés. Accompagnées par des rots caverneux et des rires graveleux.
Il y avait là des soldats du Prince Noir, Dorian, retranché dans le donjon de sa forteresse sur la colline aux pendus. Où il cherchait le secret de la pierre philosophale, dit-on, avec le sang de jeunes vierges. Souvent la nuit, des cris perçants, inhumains, s'envolaient des meurtrières.

Près de l'entrée, le baladin Krystos, affublé d'un pourpoint carrelé et de plumes multicolores, une cithare entre ses longs doigts aux ongles rouges, récitait des vers à son ombre, projetée sur le mur dans la lueur grésillante d'une torche.
— Ô toi, mon double, ami, fidèle compagnon… Donne-moi le secret de l'amour infini… Qui fait perdre à nos sens intelligence et raison… Et nous conduit tout droit au cœur du paradis…
Nicole, la serveuse aux quatre mains, excroissances dues à une mutation de magie noire, roulait ses hanches entre les tables, évitant les claques sur le fessier.
A l'écart près de la cheminée, où ronflait un feu flamboyant, la fée Jennifer sirotait un Coca fraise, des voiles flottant sur son corps diaphane, les yeux embués par la vision du pays des merveilles perdu.
Assis près d'elle, le jeune page Marco Bartoli, exhibant un costume au blason du collège initiatique des Rose-Croix, s'écria :
— Un jour je serai maître de tous les Pokémons !
Ses paroles se noyèrent dans le brouhaha des conversations.

Plus loin, à une table, le moine Apofyse, drapé dans une soutane, sous laquelle six coutelas aux lames acérées ceinturaient sa panse distendue par les alcools, lut d'une voix fiévreuse le bout de parchemin déchiré qu'il tenait entre ses mains :
— Livre troisième de la naissance… Choisis le nombre de carrés… Et tu verras le soleil de la hauteur… Puis élève les cubes vers la lumière… Et tu verras le monde prendre forme… Ne cherche point la réalité mais le rêve… Car dans…
Le parchemin s'interrompait à cet endroit.
Il fixa dans les yeux le chevalier Drakan, vêtu d'un kimono et armé de deux katanas attachés dans son dos d'athlète, assis en face de lui, et demanda :
— Où as-tu trouvé ça ? C'est une page du troisième livre de l'Editeur, qui a disparu du temple de Phobos.
— C'est un marchand, sur la route de Louxor, qui me l'a vendu. Il m'a dit le détenir d'un bédouin, qui l'aurait trouvé dans la cité de Troie.
— Mais elle n'existe pas.
— Il faut croire que si.
Apofyse se gratta le menton. Des rêves de gloire se bousculaient dans son esprit. Entre ses mains gluantes de pastis, des corps de nymphettes des bois se tordaient dans des spasmes de plaisir.
Il fit un signe de croix, récita à voix basse une formule en latin, et avala un demi-litre de bière.

Soudain la porte s'ouvrit. Et le Corrector entra. Juge et bourreau du village.
Bardé dans sa cuirasse, des dagues à la ceinture, une épée à double lames dans un fourreau décoré de serpents en rut, il fit quelques pas dans la taverne. Les éperons de ses bottes d'acier sonnèrent comme un carillon de métal sanglant.
Des points de suture ornaient tout le tour de son cou. On prétend qu'il était le cavalier sans tête, et qu'il l'avait recousue lui-même après l'avoir retrouvée en enfer, flottant dans une marmite bouillonnante.
Toutes les conversations s'éclipsèrent dans un tourbillon de silence orageux. Les doigts agiles de Krystos stoppèrent leur envolée sur les cordes de sa cithare. Les mouches bourdonnantes arrêtèrent de bourdonner.
— Je vous ai à l'œil, articula le Corrector d'une voix lugubre, au moindre pacte avec le Malin je vous emprisonne dans mes oubliettes. Et mes tenailles rougeoyantes sauront vous faire avouer.
Des frissons glacés glissèrent le long des dos frissonnants.
Après avoir toisé la salle de ses yeux sombres et cruels, il se dirigea vers le comptoir dans un cliquetis d'éperons et commanda une pinte d'un litre de bière, qu'il vida d'un trait, avant d'en commander une autre.
Les conversation reprirent. La musique chanta de nouveau sous les doigts de Krystos. Les mouches rebourdonnèrent sur les narines souffleuses du spunk.
Dans l'ombre des murs, un hamster cavalait sur ses petites pattes.
C'était Pouillu, qui dressait ses petites oreilles poilues, à l'écoute pour son maître Dorian, le Prince Noir.
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Papofyse » 18 Nov 2010, 12:52


Très jolie prose mais j'éructe au piètre :D "scribe" que tu es, entre deux gorgées de bière d'anis que même si je suis un trigger par tant d'éloquence, je note que tu manque toujours autant de respect quand a l'orthographe de certains noms et que "foie" de moine, je ne suis pas un os ! tu me fera donc deux chapitres de la bible de l'éditeur, au levé et avant le couché du fog bulb, ceci au pied de l'effigie de la "sacro sainte cosplayeuse". Méfie toi que je ne te dénonce pas au Corrector, tout mage prophète "le Phantom" que tu es, ta gloire n'a visiblement pas été acquise sur le banc des scribes ... ou bien tu gouttera a mes coutelas ! hé héhé j'en ai la panse qui tressaute rien qu'à l'évocation du supplice ...

C'est APOFYSE (et pourtant tu la parfois bien écrit)

Baille

PS : moi j'aime bien "les corps de nymphettes des bois se tordant dans des spasmes de plaisir". c'est le résultat du grattage d'une barbe naissante de "vin" jours, ou les miasmes de bombances passées y est fixé depuis des lustres, en plus simple c'est des morpions de menton ! ^^
Le bal de laze, Good Bye Marylou, les sucettes à l'anis, Born to be a life, j'aurai voulu, j'ai tout oublié, Je ne veux qu'elle ...
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Babou » 18 Nov 2010, 14:08


Je répondrai ultérieurement. Je veux juste rebondir sur ça :
Papofyse a écrit:C'est APOFYSE (et pourtant tu la parfois bien écrit)

Veux-tu insinuer qu'il y a un os (apophyse) ? :04:
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Dorian » 18 Nov 2010, 18:25


Jouissif.

Tu pars d'un sujet, la création de niveau, que je trouve (personnellement car je m'y suis essayé sans aucun succès même si je comprends que l'on puisse y prendre un grand plaisir) atrocement laborieux, et tu en fais une fois de plus une histoire fantastique.

Je me régale actuellement avec la lecture de Cure de Jouvence que tu m'as envoyé dans son intégralité, j'ai hâte de connaître la suite de cette nouvelle histoire.

Merci Phantom pour ces envolées de bonheur orgasmiques.
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Babou » 21 Nov 2010, 01:04


Au départ il y a le talent, alors en plus si ce talent est animé par une source d’inspiration née d’une nouvelle passion, même si, comme le précise Dorian, c’est fastidieux, forcément c’est parfait. :15:

Et Babou, la vestale du vaudou, maîtresse des poisons et philtres en tous genres, dont la babine frémissante fit frémir tous les sultans du Moyen-Orient.
Eh oui, je suis une spécialiste de filtres en tout genre et de poisons délicatement distillés. Mais ce n’est pas seulement les sultans du Moyen-Orient que je faisais frémir. Demandez à Wagadoudou ! Image

Nicole, la serveuse aux quatre mains, excroissances dues à une mutation de magie noire, roulait ses hanches entre les tables, évitant les claques sur le fessier.
Quatre mains ! :00: C’est Titi qui va être content. :03:

des voiles flottant sur son corps diaphane, les yeux embués par la vision du pays des merveilles perdu.
Et toujours la magie des phrases. :15:

Plus loin, à une table, le moine Apofyse, drapé dans une soutane, sous laquelle six coutelas aux lames acérées ceinturaient sa panse distendue par les alcools, lut d'une voix fiévreuse le bout de parchemin déchiré qu'il tenait entre ses mains
Je crains le pire en osant hasarder un œil, plus ou moins discret, sous la soutane… :11: Elégant le mot « panse » !

— Livre troisième de la naissance… Choisis le nombre de carrés… Et tu verras le soleil de la hauteur… Puis élève les cubes vers la lumière… Et tu verras le monde prendre forme… Ne cherche point la réalité mais le rêve… Car dans…
Le parchemin s'interrompait à cet endroit.
Il fixa dans les yeux le chevalier Drakan, vêtu d'un kimono et armé de deux katanas attachés dans son dos d'athlète, assis en face de lui, et demanda :
— Où as-tu trouvé ça ? C'est une page du troisième livre de l'Editeur, qui a disparu du temple de Phobos.
— C'est un marchand, sur la route de Louxor, qui me l'a vendu. Il m'a dit le détenir d'un bédouin, qui l'aurait trouvé dans la cité de Troie.
— Mais elle n'existe pas.
— Il faut croire que si.
Apofyse se gratta le menton. Des rêves de gloire se bousculaient dans son esprit.

Ce sont des écrits prémonitoires ? Car quelques temps après, sur le tchat, Papo et Drakan discutaient de manière volubile, là, pour le coup, de choses très techniques dont j’ai oublié les tenants et les aboutissants. xd

Bardé dans sa cuirasse, des dagues à la ceinture, une épée à double lames dans un fourreau décoré de serpents en rut, il fit quelques pas dans la taverne.
Sympathique le fourreau de Corrector ! Et de ces fleurs sauvages, jaillirent les pistils en rut. Car le sexe du serpent mâle ressemble à une fleur, mais il n’a pas de pistil, lol. C’est pour faire réel que j’ai imaginé un pistil ! :D

Des points de suture ornaient tout le tour de son cou. On prétend qu'il était le cavalier sans tête, et qu'il l'avait recousue lui-même après l'avoir retrouvée en enfer, flottant dans une marmite bouillonnante.
Pauvre Corrector… :22: En plus de lui tailler un corps sans tête, tu l’affubles d’un collier de suture. Décidément… Bon, fallait bien qu’il recouse sa tête sur son cou. :12:
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Drakan » 24 Nov 2010, 08:59


Il fixa dans les yeux le chevalier Drakan, vêtu d'un kimono et armé de deux katanas attachés dans son dos d'athlète,


Alors la je suis sur le c.., comment le sais tu ? t'es un devin ? :D

Tu es vraiment très doué pour écrire, tes quelques mails m'avaient mis l'eau à la bouche mais alors là :bravo:
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Krystos » 30 Nov 2010, 18:59


C'est magistral ! J'ADORE !!! Le début de cette histoire est plus qu'alléchant et j'attends impatiemment le suite :) merci pour ces petits moments de lecture délicieux :)
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Phantom_Blue » 03 Déc 2010, 09:36


Épisode 2

Minuit venait de sonner au beffroi.
Debout sur le comptoir, les jupes relevées, les cuisses à l'air, les sœurs Laraider se déhanchaient en lançant des cris copulatoires de belettes.
Aux sons endiablés de la cithare de Krystos. Sous les encouragements de la gueusaille enfiévrée par les boissons.

Jennifer avait dressé son oreille. Elle écouta, sans se soucier des bruits autour d'elle, sous l'œil interrogateur de Marco. Enfin elle se pencha vers lui et confia :
— Je crois que nous allons trouver le troisième Livre de l'Editeur… tu vois à cette table, là-bas, ce gros moine ventru et ce beau chevalier.. ils ont un morceau d'une page, trouvée dans la cité de Troie… nous pourrons reconstruire le pays des merveilles…
En entendant le nom de Troie, Marco avait tremblé d'émotion. Deux étoiles habillèrent de lumière le ciel sombre de ses yeux.
— Troie, dis-tu ? Et ont-ils parlé de la belle Hélène ?
Jennifer le dévisagea, un sourire amusé caracolant sur ses jolies lèvres nacrées de rose.
— Je vois que ton cœur palpite fort.
— Nenni, que vas-tu imaginer là ?
— Allons, tu en mords pour la belle Hélène, qui dit-on, a le sein plus doux que la pêche, et dont le coquillage finement ourlé a engendré bien des passions, et des folies aussi.
Marco serra ses poings et crachota :
— Pfffff ! N'importe quoi ! Seuls comptent les Pokémons !
— Allons Petit Poucet du bois enchanté, ne renie pas les désirs de l'amour que ton visage trahit.
— Je ne suis pas un Petit Poucet, prends garde, je suis le grand guerrier des Pokémons ! Et gare à qui me défie, il en payera de sa vie !
Jennifer éclata de rire.

Apofyse vida une autre pinte de bière et lâcha un rot caverneux. Puis il envoya d'une voix saliveuse, imbibée de mots houblonnés :
— Bientôt nous allons bâtir des cités entières à la gloire de Zeus, grâce au troisième Livre ! Terminé mes essais de niveaux avortés, je vais enfin aboutir et devenir le maître du monde !
Quand Nicole se précipita à sa table et lui souffla :
— Venez vite, nous avons un voyageur qui suffoque, nous l'avons mis dans la buanderie. Peut-être a-t-il besoin des derniers sacrements. Et comme vous êtes moine…
Apofyse se leva et suivit Nicole.
A l'extérieur, dans la buanderie, un homme en pèlerine, le visage balafré, gisait sur un grand évier de pierre.
— C'est le cuistot qui l'a trouvé devant la taverne, expliqua-t-elle, et l'a porté ici.
— Laisse-moi avec lui, dit Apofyse, seul le Seigneur et moi devons être présents.
Une fois Nicole dehors, le moine fouilla les poches du voyageur, en retira une bourse garnie de pièces, et l'empocha dans sa soutane.
Il trouva aussi une lettre, qu'il lut rapidement, et fourra dans une autre poche de sa soutane.
Enfin il ouvrit la bouche du cadavre, et après un examen minutieux s'empara d'une petite tenaille, qu'il avait toujours sur lui.
Bientôt deux dents en or se retrouvèrent dans la paume de sa main.
— Hé hé hé, qu'il gloussa avant d'empocher la tenaille et les deux dents.
Satisfait de son butin, il fit un rapide signe de croix, prononça trois paroles en latin et retourna dans la salle.
Au passage, il blablata quelques mots à Nicole, et retrouva sa table, où le chevalier Drakan réfléchissait, le regard perdu dans le vide, un œil tourné en direction de le belle Jennifer.

Quand la porte s'ouvrit et un jeune homme de fière allure, vêtu en mousquetaire entra, le panache flamboyant. Il tenait en laisse un petit phacochère.
— Tu nous amènes le dessert, bel étranger, la broche est sous la cheminée, lui lança Nicole, un plateau chargé de bocks à la main.
— Arrière gourgandine, répliqua-t-il sec, sache que je suis Agent Falkan, le bretteur le plus redoutable du royaume, et celui qui touchera à Fripounet, mon fidèle compagnon à quatre pattes, finira au bout de ma lame vengeresse.
— Tout doux, répliqua Nicole, j'étais dans la joie de l'humour. Assieds-toi ! Je viens te servir sous peu.
Agent Falkan toisa la salle d'un vaste regard et s'installa près de l'entrée. Il noua la laisse à un pied de la table, tapota le dos de Fripounet et loucha une nouvelle fois la salle.
Apparemment la personne qu'il comptait rencontrer n'était pas encore là. Il commanda un bock de bière et un bol du même breuvage pour son petit phacochère.

Les sœurs Laraider avaient fini leur danse et reprenaient du service.
Derrière le comptoir, Elodys versait des rasades d'alcool dans les verres, à l'écoute des derniers ragots.
Tandis que Babou, s'occupait de l'arrière salle, bourrant les pipes de tabac opiacé, pour les fumeurs allongés sur des paillasses.
Dans la salle, Krystos s'était campé sur la petite estrade, et récitait d'une voix larmoyante des vers en l'honneur de Selene :
— Ô toi astre doré, brillant au cœur des nuits… Apaise mes tourments, et endors mon ennui… Ne laisse pas l'amour briser mon pauvre cœur… Et plonge ma douleur dans un bain de torpeur…
Des sifflets fusèrent, ponctués de railleries :
— Va conter fleurette à ta lune !… On veut des jouvencelles !…
L'âme en colère, Krystos quitta l'estrade, pour laisser place à trois danseuses à la nichonaille généreuse, levant haut les jambes et les cuisseaux dénudés.
Il sortit de l'auberge et fixa la lune dans la nuit étoilée.
— Bande d'incultes, cracha-t-il amer. Comment peut-on renier tant de beauté céleste ?
Soudain un rayon doré, venu de l'astre nocturne, baigna son front de baladin. Et une voix douce et forte de femme chanta dans sa tête :
— Je suis la déesse de la nuit… Tu as prouvé ta foi envers moi… Je te choisis pour être mon ambassadeur… Tu construiras un temple pour me glorifier…
— Mais comment ? demanda Krystos, ébloui par cette merveilleuse voix. Je n'y connais rien.
— Je te conduirai au troisième Livre de l'Editeur, qui te donnera le pouvoir des cubes.
Krystos tomba à genoux, le visage inondé de larmes.

Mais revenons dans la taverne. Quel est ce mystérieux personnage qui venait d'entrer ? Drapé dans une cape noire. Avec des lunettes, des gros sourcils et une moustache ? Groucho Marx ? Il lui ressemblait trait pour trait. Avec la même façon nerveuse et courbée de marcher. Un cigare fumant entre les dents.
Il s'installa à une table, jeta des regards autour de lui, commanda une pinte de bière, chercha quelque chose sur le sol. Découvrit dans un coin Pouillu, couché dans une flaque de bière.
— Petit poivrot, rumina Dorian, décidément…
Oui, car il s'agissait de Dorian, le Pince Noir, déguisé en Groucho Marx, venu se mêler à la populace. Une demi-heure auparavant, sa boule de cristal lui avait révélé que le troisième Livre de l'Editeur allait bientôt réapparaître. Et qu'il fallait se rendre immédiatement à la taverne des sœurs Laraider.
Aussitôt, délaissant son athanor, sous le regard vitreux des crapauds aux ventres ballonnés flottant dans les bocaux de formol, il s'était précipité devant sa glace, pour se grimer le visage.
Et maintenant, il savourait la fraîcheur mousseuse d'une bière, une larme glissant sur sa joue fardée, en pensant à Mary, son grand amour, à leurs longues promenades dans la douceur de la campagne anglaise du Gloucestershire. Et dont le corps, momifié dans un cercueil de verre et de glace, reposait dans une crypte de son château.
— Et grâce au troisième Livre, je te ressusciterai, ma bien-aimée, éternelle à jamais, murmura-t-il, avant d'avaler une longue coulée de bière.

A quelques mètres de la taverne, sur la place pavée, un carrosse aux armoiries du roi s'arrêta, les quatre chevaux soufflant des naseaux, des gaz fusant des sphincters. Tenus par un cocher emmitouflé dans un grand manteau, le visage masqué par une capuche.
A l'intérieur, le connétable Rampage Master caressa son menton recouvert d'un triangle de poils, le jabot exubérant, deux pompons verts batifolant autour de son large chapeau.
Il s'adressa à Medievil, son fidèle comptable, dont la tenue rappelait celle des Incroyables sous la Révolution Française :
— D'après ce que j'ai vu, les champs sont florissants, la cochonaille est bien dodue, les impôts récoltés seront en conséquence.
— Oui, articula Medievil, mais il serait plus prudent d'attendre que la garnison soit là, souvenez-vous des villages voisins. Nous ne sommes pas les bienvenus.
— Tu as raison, soyons discret. Allons nous abreuver dans cette taverne, anonymes comme les pendus aux carrefours des bois, et dont les faces damnées, dévorées par les corbeaux, ne livrent plus leurs identités.

Campé debout dans les pissotières, à l'extérieur de la taverne, derrière la porcherie, où les cochons copulaient frénétiques en poussant des grognements jouissifs, le Corrector avait dévissé le clapet en fer de son armure, celui sous son ventre, et un long jet d'urine jaillissait d'une tige imposante, éclaboussant le mur orné de graffitis.

Quand un long hurlement de loup hurlant hurla dans la nuit.
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Babou » 05 Déc 2010, 07:48


— Allons, tu en mords pour la belle Hélène, qui dit-on, a le sein plus doux que la pêche, et dont le coquillage finement ourlé a engendré bien des passions, et des folies aussi.
Très belle phrase, très poétique, troublante même, autant que peut l’être la belle Hélène aux yeux de Marco. :03:

Enfin il ouvrit la bouche du cadavre, et après un examen minutieux s'empara d'une petite tenaille, qu'il avait toujours sur lui.
Bientôt deux dents en or se retrouvèrent dans la paume de sa main.
— Hé hé hé, qu'il gloussa avant d'empocher la tenaille et les deux dents.
Satisfait de son butin, il fit un rapide signe de croix, prononça trois paroles en latin et retourna dans la salle.

Pas très catholique comme comportement. Faire un signe de croix après avoir volé un butin et extrait des dents en or (sur un cadavre, quel courage) c’est se donner bonne conscience, finalement. Ou vouloir conjurer le sort, mais ça ce n’est pas possible. Il y a toujours une justice. Gare à la vengeance du seigneur ! :twisted:

Au passage, il blablata quelques mots à Nicole, et retrouva sa table, où le chevalier Drakan réfléchissait, le regard perdu dans le vide, un œil tourné en direction de le belle Jennifer.
Un chevalier c’est toujours beau, :03: peut-être que la belle Jennifer s’en apercevra. Mais je me demande comment on peut avoir à la fois le regard perdu dans le vide et un œil tourné dans une autre direction, y a que Krystos qui sache lancer ces regards caméléonesques. :10:

— Tu nous amènes le dessert, bel étranger, la broche est sous la cheminée, lui lança Nicole, un plateau chargé de bocks à la main.
Je crois que Nicole est vouée à rester serveuse le reste de sa vie virtuelle. xd

Quand la porte s'ouvrit et un jeune homme de fière allure, vêtu en mousquetaire entra, le panache flamboyant. Il tenait en laisse un petit phacochère.
— Arrière gourgandine, répliqua-t-il sec, sache que je suis Agent Falkan, le bretteur le plus redoutable du royaume, et celui qui touchera à Fripounet, mon fidèle compagnon à quatre pattes, finira au bout de ma lame vengeresse.

Le petit phacochère d’Agent Falkan aura marqué les esprits, je le préfère ainsi, bien apprivoisé, et puis ça lui va bien, Agent adore les animaux. :12: Trop drôle le petit phaco tenu en laisse. Je pense que c’est possible d’apprivoiser un phaco. Moi j’avais une chèvre, ok, c’est différent. Elle me suivait partout, elle m’accompagnait à l’école et m’attendait. Elle est morte de chagrin quand j’ai dû quitter ce coin d’Afrique.

Tandis que Babou, s'occupait de l'arrière salle, bourrant les pipes de tabac opiacé, pour les fumeurs allongés sur des paillasses.
Ben, c’est un vrai métier bourreuse de pipes, plus incandescent, mais moins indécent que l’inverse, à trois lettres près, évaporées ces lettres, en même temps que la fumée. Image

— Va compter fleurette à ta lune !… On veut des jouvencelles !…
Ainsi l’on peut fleureter avec la lune ? Clin d’œil à Sam. :19:

L'âme en colère, Krystos quitta l'estrade, pour laisser place à trois danseuses à la nichonaille généreuse, levant haut les jambes et les cuisseaux dénudés.
Ce sont des chevreuils ? :D

Avec des lunettes, des gros sourcils et une moustache ? Groucho Marx ? Il lui ressemblait trait pour trait. Avec la même façon nerveuse et courbée de marcher. Un cigare fumant entre les dents.
Oui, car il s'agissait de Dorian, le Pince Noir, déguisé en Groucho Marx, venu se mêler à la populace.

Je ne sais pas si Dorian ronchonne souvent… (to grouch). Mais s’il marche courbé c’est parce qu’il est trop grand ! :04: Je le préfèrerais non déguisé, quand on voit le vrai Groucho Marx. :20: Sauf que « l’image » donnée en temps que rôle dans la fic est parfaite. :15:

Découvrit dans un coin Pouillu, couché dans une flaque de bière.
— Petit poivrot, rumina Dorian, décidément…

Il n’est pas forcément poivrot, il prend un bain de houblon, c’est peut-être juste un hamster coquet, car le houblon c’est bon pour les cheveux et donc pour les poils ! :02:

A l'intérieur, le connétable Rampage Master caressa son menton recouvert d'un triangle de poils, le jabot exubérant, deux pompons verts batifolant autour de son large chapeau.
Je pense que le titre de connétable plairait à Rampage, surtout si les affaires sont florissantes,Image mais ne court-t-il pas un danger réel à aller dans cette taverne ? Pour passer de l’histoire à l’Histoire, un connétable y fut fait prisonnier, justement, par un certain Prince Noir. :19:

Le Corrector avait dévissé le clapet en fer de son armure, celui sous son ventre, et un long jet d'urine jaillissait d'une tige imposante, éclaboussant le mur orné de graffitis.
Rhoooo ! :13: Tu nous confirmeras ça, Corrector ? !! :08:

Quand un long hurlement de loup hurlant hurla dans la nuit.
:15: :15:
La parole se fait spontanément rythme dès que l'homme est ému, rendu à lui-même, à son authenticité. Oui, la parole se fait poème. (Léopold Ségar Senghor)
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Re: Les Livres de l'Editeur

Messagepar Dorian » 06 Déc 2010, 14:23


Quand un long hurlement de loup hurlant hurla dans la nuit.


Enorme.

Petit épisode calme mais voilà la tempête. J'adore l'image d'Agent Falkan et son Fripounet. A quand un spin-of Pouillu VS Fripounet ? ^^

En attendant, j'adore mon déguisement ^^ Image
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