par Phantom_Blue » 02 Fév 2010, 09:43
Épisode 3
Babou poussa un soupir de soulagement.
Personne n'était entré. Elle se dépêcha de verrouiller la porte dissimulée dans le mur du forum. Retourna dans la salle aux tonnelets. Referma la trappe secrète.
Et la langue agitée de spasmes incontrôlables, les glandes salivaires salivant avec abondance, elle se précipita vers un tonnelet de cinq litres.
Le liquide rouge, tiède, aux senteurs de fruits des bois, jaillit bientôt du petit robinet et inonda sa bouche, cascadant avec frénésie dans le gosier.
125 centilitres plus loin, Babou savoura la douce chaleur qui avait envahi son corps.
Elle contempla une dernière fois ses 543 tonnelets entreposés le long des murs, éteignit les néons et referma la porte blindée.
De retour sur le forum, elle se campa devant l'écran radar avec Mister Croft et Jennifer qui lui dit :
— Ils ne bougent toujours pas.
— Ils attendent que Marco Bartoli leur ouvre la porte, lança Babou, étouffant un hoquet involontaire, mais ils peuvent toujours attendre. Tu les as enfermés, les deux zigotos ?
— Oui, ils sont hors d'état de nuire.
Babou lui fit signe de la rejoindre dans le couloir et lui murmura :
— Ils ont peut-être d'autres complices, il faut ouvrir l'œil.
— Tu crois ? s'inquiéta Jennifer. En tout cas je pense que Mister Croft est avec nous.
— Oui, je le pense aussi, mais soyons quand même vigilantes.
— Et pour les autres, comment savoir ?
— On verra le moment venu. De toute façon, les portes sont verrouillées et personne à part moi ne peut les ouvrir. Sauf Marco Bartoli, évidemment.
— Et Rampage Master ? Au fait, où il est ? C'est un champion des jeux vidéo, il saurait peut-être comment résoudre la situation.
— Justement, il est introuvable. J'ai essayé de le joindre, pas de réponse.
— Et si tu essayais d'appeler de nouveau Phantom Blue, Dorian et Krystos.
Babou composa un numéro et colla son mobile sur l'oreille.
Quelques secondes défilèrent dans un désordre impatient de temps qui passe quand on attend.
A la huitième sonnerie, une voix de Japonaise à l'accent japonais chanta rieuse dans l'écouteur.
— Allô? articula Babou. Allô ? Est-ce que je pourrais parler à Phantom Blue ?
Elle distingua une deuxième voix de Japonaise qui riait en japonais, et reconnut celle de Phantom Blue qui gémissait : "Encore".
Et la communication fut coupée.
— Grrrrr ! grogna Babou. Attends quand il revient, je lui en donnerai, moi, du reportage culturel au Japon.
Jennifer gloussa un petit rire.
Babou composa le numéro de Dorian.
Sept sonneries plus tard, une voix monocorde tinta dans l'écouteur :
— Vous être plate-forme de relais Afrique du Nord transsaharien… appel être redirigé vers Asie… merci de patienter vous…
— Bordel ! crachota Babou. Avec leur nouveau système, avant tu faisais le numéro et c'était bon.
— C'est ça le progrès, ironisa Jennifer.
Une série de sonneries sonna et la voix de Dorian apparut enfin dans une image sonore aux tympans visuels de Babou :
— Oui ?… une seconde…
Des cris joyeux de jeunes filles éclaboussèrent l'écouteur.
Babou écouta, sa babine claqua comme un petit fouet, et elle coupa la communication.
— C'est pas vrai ! qu'elle tempêta. Lui aussi, attends quand il revient, il va m'entendre.
— Alors, tu l'as eu ?
— Je crois plutôt que c'est les nonnes bouddhistes qui l'ont eu.
— Je vois qu'il a trouvé le nirvana, rigola Jennifer.
Un rictus d'amertume brutale collé sur la babine, Babou souffla et composa le numéro de Krystos.
Une dizaine de sonneries plus loin, elle distingua enfin sa voix au milieu d'un déferlement de musiques et de chants.
— Allô ? Krystos ? Tu m'entends ?… Allô ?…
Nautica versa le café dans les tasses, posa le cake aux fruits sur la table tandis que LadyRianne versait la liqueur de cassis dans les verres en disant :
— On peut très bien se passer des mecs pour résoudre cette situation.
— Ouais, confirma Jennifer, de toute façon les mecs ça n'apporte que des emmerdes.
— C'est sûr, caqueta Nautica, une tranche de cake dans les doigts, ça te colle quand ça veut un câlin, ça gémit comme un bébé quand c'est malade, ça veut pas bosser, et ça glande tout le week-end devant les matchs de foot à la télé.
— Parfaitement, approuva Nicole, mon troisième copain était comme ça, remarque, les autres aussi. Sauf le cinquième, c'était un intello, mais c'est rasoir, un intello.
— J'en ai connu un, raconta Jennifer, il bossait dans des trucs avec des maths pour faire les gosses…
— La génétique, dit Babou après avoir sifflé un verre de cassis.
— Ouais, c'est ça, confirma Jennifer, encore un mot inventé par les mecs. Et vous savez quoi ? Il voulait me faire un bébé, mais pour le transformer en mutant après.
Les filles poussèrent des cris horrifiés.
— Ouais, continua Jennifer, il prônait une théorie sur les gênes, comme quoi l'homme atteindrait le sommet de l'évolution.
— Et la femme dans tout ça ? demanda Nautica, la langue parfumée au cassis.
— Pour lui, la femme était juste un instrument de reproduction. Eh ben après le coup de godasse que je lui ai filé dans les coucounettes, je peux vous dire qu'il s'est calmé vite fait. Je lui ai refroidi ses gênes mutantes.
Les filles rigolèrent, les dents au vent.
Demonise déboula dans la salle au moment où les filles attaquaient une deuxième bouteille de liqueur de cassis. Il avait sprinté dans les couloirs du forum et une sueur glauque empoissait son tee-shirt "I love Priscilla".
— Viiite ! cria-t-il. A l'aide ! On n'arrive plus à le tenir ! Maxence et Full-Throttle ont un mal fou ! Il veut sortir !
— Qui ça ? demanda Babou, les doigts décapsulant avec dextérité la bouteille de liqueur de cassis.
— Steve ! Il dit que sa femme n'a jamais été aussi sexy avec tous ses lolos ! Il veut faire crac-crac avec elle !
— C'est bien les mecs, largua Nautica hilare, dès qu'il voit une paire de lolos ils deviennent fous !
Babou posa la bouteille décapsulée sur la table et dégaina une matraque télescopique électrique.
— Je vais le calmer, moi.
— Ça va, envoya Jennifer, après tout c'est que des mecs.
— Oui, répliqua sec Babou, qu'il veuille copuler je m'en tape le coquillard, mais il sait comment déverrouiller les portes.