Virgie au pays des merveilles


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Virgie au pays des merveilles

Messagepar Phantom_Blue » 08 Juil 2008, 08:50


Les mains dans les poches d’une salopette flottante, une casquette NY de travers sur les tifs blonds roux, Toxicity imprimé sur un tee-shirt XXL, des baskets rouge turbo aux pieds, Virgie glande dans l’encadrement d’une porte d’entrepôt fermée aux murs en briques tagués de motifs tribaux dans la zone des terrains vagues à la périphérie de la ville. Au loin, les cheminées d’usines de la zone industrielle crachent de la fumée en permanence dans un ciel gris et mat.
Elle slurpe un bubble-gum à la fraise. Mate les rails qui filent dans l’herbe mouillée par une averse d’été qui dégringole en douceur. Les reflets des nuages se reflètent dans les flaques d’eau ponctuées d’orbes. Elle souffle une bulle rose qui explose dans un clac mou. Récupère la fine membrane dans la bouche. Recommence à mâchouiller. Resouffle une bulle.
On se croirait au bout du monde, avec encore quelques champs anorexiques, des bouts de barbelés rouillés, des ronces et des orties, plein d’insectes bizarroïdes truffés de pattes dans tous les sens, puis le bord d’une falaise et la nuit du cosmos avec les hitis qui font la teuf dans des discothèques sur des planètes comme les casinos et les boites à poules de Las Vegas.
Elle dégaine son mobile ultra plat Sonic mp3 vidéo photo 3 méga pixels option Internet texto illimité après 22h de la poche de sa salopette. Compose un numéro au hasard, attend, le mobile sur l’oreille, crachote :
— C’est mercredi aprèm, je m’emmerde !
Elle rigole. La personne au bout du fil a raccroché en vociférant des paroles vocifératrices. C’était madame veuve colonel Géraldine Duroyer, 75 ans, ancienne maquisarde, décorée de la légion d’honneur par le président de la république de 53 que je connais plus le nom, et qui justement prenait le thé et un doigt de Porto en compagnie de sa fille, discutant de la nécessité impérative d’une Europe unie, quand Virgie a appelé et interrompu avec une effronterie extrême ce passionnant débat. Les djeunes n’ont vraiment aucun respect pour les valeurs traditionnelles de la république.

Soudain une Limousine aux vitres teintées glisse sur l’asphalte de la petite route, ralentit à quelques mètres de l’entrepôt, et s’arrête. La portière avant s’ouvre. Un chauffeur asiatique en uniforme avec une casquette, au visage impassible, les joues creusées, sort avec agilité, fait le tour par l’avant à pas comptés et ouvre la portière arrière.
A la plus grande stupéfaction de Virgie, dont le gonflement de sa bulle s’interrompt à la moitié du volume optimal, un grand lapin blanc avec des longues oreilles touffues, en smoking rose avec des paillettes et une queue-de-pie, jaillit dehors, plutôt nerveux. Il consulte avec deux zœils rouges très mobiles et inquiets sa montre à gousset. S’exclame d’une voix de flûte soprano en frétillant du museau, une goutte de pluie s’accrochant au bout d’une de ses moustaches :
— Nom d’une carotte, je vais être en retard ! Viiiite !
Il s’agite, chaloupe du popotin et file sur ses pattes poilues en sautillant. Le chauffeur referme la portière arrière, reprend sa place au volant et démarre.
Virgie se lance à la poursuite de cet incroyable personnage.
Il a tourné le coin de l’entrepôt. Elle le voit soulever une plaque d’égout et descendre dans l’ouverture.
Ce mystère exceptionnel est tellement excitant qu’elle le suit sans réfléchir. Pour une fois qu’un mercredi aprèm est captivant.
Elle s’engouffre dans l’ouverture, agrippe les barreaux de l’échelle et s’enfonce sous terre dans la clarté diffuse du jour qui arrive par en haut. Un moucheron tourbillonne devant son nez. Elle souffle dessus. Perd son bubble-gum qui tombe en bas, non sans entraîner le moucheron avec, qui n’a pas pu l’éviter, et se retrouve collé dessus. Les filles sont démoniaques avec les bubble-gums. D’ailleurs elles sont démoniaques avec tout.
Et soudain son pied droit rencontre le vide, alors que son pied gauche vient de se soulever d’un millimètre et demi pour quitter le barreau. Surprise, elle dérape, lâche prise, alors qu’elle ne tenait un barreau que d’une seule main, son autre main s’apprêtant à saisir le barreau plus bas, et elle tombe dans un grand puit.

Bon, se dit Virgie en tombant, vu qu’il y a un lapin blanc, qu’il a dû aussi tomber, qu’il est pas entré ici par hasard, il doit connaître, alors je risque pas trop grand chose, donc j’ai pas à m’inquiéter outre mesure. Parce que Virgie est une fille qui réfléchit, oui, ça existe avec les filles, y en a qui réfléchissent, pas longtemps, d’accord, mais elles réfléchissent.
Et le puit a pas l’air terrifiant. Il y a des baladeuses qui l’éclairent comme sur les chantiers, sûrement exprès fait pour qu’on voit quand on tombe dedans, des objets qui flottent, une horloge sans aiguilles, un pot de chambre vide, un clavier de pc, une peluche de nounours, un électrophone, des petites culottes, un balai, une guitare électrique, le dernier catalogue de La Redoute, un presse-purée, et divers autres objets et ustensiles qu’il serait superflu de nommer.
Si je continue à tomber comme ça, se dit Virgie, je vais arriver au centre de la Terre, et peut-être même de l’autre côté, chez les Chinois.

Elle finit par atterrir sur un vieux matelas troué, qui sous le choc fait grincer les ressorts plus ou moins rouillés d’un sommier archaïque. Et elle découvre une chambre qui sent le plâtre et le moisi. Une tapisserie à fleurs s’effiloche sur des murs humides. Il y a une télé ancienne, sur une table à roulettes, avec un écran gris convexe et une feuille scotchée dessus sur laquelle est écrit : « Allume-moi ! »
Virgie trouve facilement le bouton pour l’allumer, vu qu’il y en a qu’un. Elle enlève la feuille sinon elle voit pas l’écran, ce qui est logique, et elle appuie sur le bouton. Vous voyez bien que les filles sont intelligentes !
L’écran grésille et l’image d’un crapaud aux zoeils légèrement kifés et clignotants apparaît. Il coasse :
— Bienvenue au pays des merveilles… bouark…
Une mouche virevolte devant l’écran. Le crapaud ouvre sa gueule, une langue élastique et gluante jaillit comme un fouet qui claque, traverse l’écran, attrape la mouche, et la ramène en une demi-seconde dans sa gueule. Il mâchouille, déglutit et lâche un rot crapoteux.
Puis l’écran grésille de nouveau, et l’image laisse place à de la neige bourdonnante.
Virgie hausse les épaules et sursaute.
Un gros rat poilu, le museau renifleur, trottine le long d’une plinthe. Il s’arrête, se dresse sur ses petites pattes arrière, et claquète d’une mini voix aiguë :
— T’as pas cent balles ?
— J’ai pas de fric, qu’elle répond.
— Tu me files ton portable ? Je dois passer un coup de fil à Mickey.
Virgie le cadre soutenu, n’étant pas trop inspirée par un sentiment de confiance, pour ne pas dire du tout.
— T’as qu’à lui envoyer un mail.
— Vieille taupe.
— De quoi ? qu’elle s’exclame. Attends !
Elle s’empare d’un cendrier rempli de mégots écrasés qui glande sur la télé et l’envoie vers le rat.
Il se barre speed, le cendrier se crashe derrière lui, un mégot volant lui gicle contre la nuque, et il disparaît dans un trou. Virgie n’en revient pas.
— Nan mais, c’est quoi ce pays des merveilles ?
Une fenêtre ouverte aux vitres brisées donne sur un jardin criblé de mauvaises herbes, de ronces et d’orties.
Comme il n’y a pas de porte, Virgie enjambe le rebord de la fenêtre au moment où un papillon lui trifouille quelques battements d’ailes aux couleurs délavées dans le visage. Elle lui balance cinq doigts dans les mandibules. Le papillon valdingue en vrille et s’écrase l’abdomen sur la coquille d’un escargot qui louchait avec avidité le popotin dansant d’une abeille butineuse en vol stationnaire au-dessus d’une rose à moitié flétrie.
Des odeurs de pisse et de mimosa tourbillonnent dans l’air. On entend des moineaux qui copulent frénétiques en piaillant ou se chamaillent du bec en copulant frénétiques, ce qui revient à peu près au même.
Après quelques pas dans le jardin dans une allée principale, de toute façon il n’y en a qu’une, Virgie tombe en arrêt devant un spectacle pour le moins singulier.

Une grosse chenille avec un chapeau melon sur son ciboulot flasque fume un narguilé, juchée sur un grand champignon parasol d’au moins deux mètres de haut. Elle suçote dans sa cavité buccale bulbeuse un embout en nacre relié par un long tuyau flexible à une bonbonne en verre décorée d’arabesques orientales. Et souffle à intervalles réguliers des petits nuages de fumée rose parfumée à la fraise.
— Wouah ! s’exclame Virgie en s’approchant, la tête levée vers la chenille. Ça sent bon la fraise. Je peux goûter ?
— Oh my God ! s’écrie la chenille en la toisant de haut avec ses deux gros zoeils noirs et luisants. Ce n’est pas pour les gamines !
— Quoi ? réplique sec Virgie. Je suis pas une gamine ! Nan mais ! Espèce de mollusque baveux !
— I am shoking ! s’indigne la chenille. Petite effrontée ! Je vais le dire à tes parents !
— Cafteuse ! T’es rien qu’une vilaine cafteuse toute moche ! Beuuuurk !
— Help ! Poliiice !
Enervée, Virgie ramasse un caillou dans l’herbe et le lance sur la chenille, qui le reçoit direct dans le coin de sa face de limace. La bestiole pousse un cri gargouilleux et dérape du champignon, entraînant avec elle le narguilé, qui éclate en morceaux, tandis qu’elle s’écrase avec lourdeur et mollesse dans un bouquet d’orties.
— Bien fait ! rigole Virgie. Nan mais !
Et elle poursuit son chemin, laissant la chenille se tortiller en poussant des petits cris oscillant entre l’irritation cutanée à effet boutonneux et une jouissance épidermique sado-masochiste.

Après avoir suivi l’allée et contourné un bosquet, elle tombe sur une longue table recouverte d’une nappe rapiécée à certains endroits, sur laquelle trône une grosse théière en porcelaine et des tasses.
Assis autour, dans des fauteuils en cuir usé, il y a le lièvre de Mars au pelage ébouriffé dans tous les sens, le Chapelier avec un haut de forme aplati et un costume reprisé aux coudes, et le loir, une espèce de ragondin aux yeux à moitié dans les vapes.
Le Chapelier soulève le couvercle de la théière, sort une bouteille de whisky, remplit sa tasse et celles des deux autres, et remet la bouteille dans la théière.
Puis ils boivent tous goulûment, laper serait un terme plus juste. Comme il y a des fauteuils libres, Virgie s’installe dans celui au bout de la table.
Le Chapelier arrête de laper en la voyant, quelque peu surpris, un liquide jaune perlant sur son menton en galoche, fronce les sourcils et articule, légèrement grisé, en postillonnant :
— Qui vous a autorisé à vous asseoir ?
— Ben quoi, répond Virgie, y a plein de fauteuils de libre.
— Ce n’est pas une raison, renchérit le lièvre de Mars en agitant ses longues oreilles dont la droite est perforée. Nous sommes en réunion privée et nous discutons de choses personnelles en buvant tranquillement un thé, et nous aimerions ne pas être dérangés.
— Wouarf, rigole Virgie, vous picolez plutôt comme des cochons, ouais. Et la bouteille de whisky dans la théière, c’est quoi ?
Le Chapelier manque de s’étrangler. Le lièvre de Mars fulmine. Le loir montre les dents, dont une cassée.
— Petite insolente ! crache le Chapelier en pointant sur elle un index osseux et tremblant. Tu mériterais une bonne correction.
— Oui, approuve le lièvre de Mars. Des filles comme toi, on les corrige avec sévérité.
Le loir gargouille des mots incompréhensibles et tousse avec force.
— Bande de tocards ! envoie Virgie.
Le Chapelier se dresse sur ses godasses taille 48, les poings plaqués sur la table, un rictus de rage tremblant sur les babines. Mais debout il ne mesure pas plus d’un mère vingt.
Le lièvre de Mars brandit deux incisives menaçantes en frétillant féroce du museau.
Virgie agrippe la nappe et la tire vers elle d’un grand coup. La théière et les tasses valdinguent dans un désordre indescriptible. Déstabilisé, le Chapelier se retrouve plaqué contre la nappe qui lui file sous son haut de forme et son dentier qui s’échappe de sa bouche.
Le lièvre de Mars, après un sursaut sursautant, éjecte une coulée d’urine involontaire, relâchement de la vessie causée par la frayeur d’être effrayée par une nappe retirée sans avertissement.
Le loir, plus téméraire, tente une attaque latérale, mais Virgie, qui l’a vu cavaler vers elle du coin de l’œil, stoppe sa course belliqueuse d’un coup de basket rouge dans les gencives.
Devant la détermination farouche de Virgie, les trois personnages préfèrent en rester là, d’autant plus qu’ils ne font pas le poids.
Le loir se réfugie sous un fauteuil. Le lièvre de Mars détale sous la table. Quant au Chapelier, campé dans l’herbe à quatre pattes, il cherche son dentier qui se barre en claquant des dents.

— Quel bled ! crachote Virgie en reprenant sa marche dans l’allée.
Elle n’a pas fait une cinquantaine de mètres, quand une tête de chat, affublée d’un sourire narquois, apparaît dans l’air, sur la branche d’un arbre.
— En voilà une jolie petite caille, roucoule la tête d’une voix miaulante, j’en ferais bien mon quatre heures.
Il se pourlèche les babines, les dents luisantes de salive.
— Ça va pas la boule ? crache Virgie.
— Hihihi, ricane le chat, et je te croquerai avec un délice inégalé. Slurp !
— Dans tes rêves !
— Quel régal !
— Va te faire soigner, t’es bon pour l’asile des dingos !
— Dis donc, petite insolente, tu sais à qui tu parles ? Au chat du Comté de Chester !
— Je savais bien que t’avais une gueule de camembert.
— Là tu dépasses les bornes.
Le reste de son corps se matérialise. Ses griffes s’accrochent à la branche. Son dos s’arrondit. Sa queue fouette l’air. Il menace de bondir sur elle.
D’un geste vif, Virgie a ramassé un bout de branche et le balance sur le minet agressif. Il pousse un miaulement de douleur en le recevant direct sur le museau. Ses moustaches sont instantanément aplaties. Il crache, les oreilles tendues en arrière, les yeux fermés, le poil rebroussé à contre-sens.
Le temps d’ouvrir une paupière, un deuxième bout de branche lui passe au ras des oreilles. Il se dématérialise, non sans avoir vociféré :
— C’est la dernière fois que je joue dans ce conte de débiles.
Elle continue dans l’allée et débouche dans un endroit du jardin où se déroule une curieuse partie de croquet.

La reine de cœur se pavane sur une pelouse avec sa couronne sertie de pierres précieuses (il en manque quelques-unes) et sa grosse bedaine pondéralement surchargée. Les cuisseaux jambonesques jaillissant d’une mini crinoline, elle bombe en avant une nichonaille dans un décolleté sur le point de céder sous la terrible pression de trente kilos de glandes mammaires, si ce n’est plus. Elle tient sous son bras boudineux un flamant rose à moitié écrabouillé des plumes dont le cou et la tête au bec ouvert pendouillent de façon léthargique.
A côté d’elle, le lapin blanc essaye de frapper un hérisson en boule avec la tête d’un flamant rose qu’il tient dans ses mains, pour le faire rouler vers un arceau. Mais au moment de frapper, le flamant relève son cou et donc sa tête, ce qui fait que le lapin blanc ne peut pas taper dans le hérisson, qui d’ailleurs en profite pour ne plus être en boule et détale speed.
Virgie se ramène en rigolant, ou rigole en se ramenant. Au choix.
— Vous êtes tous cinglés. C’est quoi ce jeu débile ?
La reine la toise en lui lançant des éclairs et crie d’une voix rauque de vieille maquerelle :
— Qu’on lui coupe la tête !
— Ouiiii, renchérit le lapin blanc de sa voix de flûte soprano en agitant une patte d’un geste efféminé, mais enfiiiin, petiiiite malpoliiiie, tu te crois où ?
Un 10 de carreau et un valet de Trèfle accourent sur leurs petites jambes en brandissant des petites lances.
Virgie n’a aucun mal à désarmer les deux cartes, qu’elles soulèvent sans effort et envoient sur la reine. Cette dernière, surprise par un déséquilibre surprenant qui la déséquilibre, tombe en arrière sur son gros fessier galbé de cellulite, ce qui provoque un éboulis, et elle disparaît dans un trou dans la terre.
— Au secours ! crie le lapin blanc. Une fiiiille complètement folle attaque la reine !
— Oh toi la tarlouze tu la fermes ! crache Virgie.
Apeuré, il lâche le flamant rose qui s’envole dans un battement d’ailes.
Bugs Bunny apparaît dans le trou, une carotte dans les dents et articule :
— Quoi de neuf docteur ? Dis, vous pourriez pas jeter vos reines ailleurs ? Elle a tout chamboulé le plafond de mon terrier.
Lewis Carrol arrive affolé, les tifs en bataille, le gilet de travers, la chemise dégorgeant sur un pantalon prince-de-galles.
— Mais enfin, qu’il s’écrie, c’est quoi ce comportement violent ? Tu me bousilles toutes mes scènes ! C’est un conte pour enfants, je te signale !
— Tu parles d’un conte ! réplique ironique Virgie. Wouarf ! T’as vu les tronches d’alcoolos et de tarés ! Et la grosse vache qui se la pète miss monde ! Et le décor, pour la féerie tu repasseras ! Tout est pourri !
— Euh, oui, bafouille Lewis Carrol, il y a eu des restrictions de budget. Mais ce n’est pas une raison.
— Ouiiii, s’indigne le lapin blanc, Lewiiiis, cette fiiiille est une horreur iiiin-vra-sem-bla-ble. Tu sais comment elle m’a appelé ? Elle a diiiit que j’étais une tarlouze ! Non mais, enfiiiin !
Lewis Carrol se campe devant Virgie, les poings sur les hanches, le regard furibard.
— Tu mériterais une bonne paire de claques.
— Vas-yyyy Lewiiiis, s’excite le lapin blanc, fiiiile-lui des claques ! Ouiiii ! Youpiiii !
Virgie ne lui laisse pas le temps de lever sa main, elle lui décoche sa basket rouge gauche dans la braguette du pantalon prince-de-galles. Un rictus de douleur douloureux scotché sur le visage, les deux mains crispées sur sa braguette toute gribouillée, Lewis Carrol roule dans l’herbe en gargouillant :
— Ah la petite garce.
— Hiiii ! crie le lapin blanc en s’enfuyant, les oreilles s’entrechoquant dans la fuite.
— Nan mais, crache Virgie.

Elle repère la sortie au panneau Sortie, ce qui est logique quand il y a une sortie avec un panneau Sortie indiquant la sortie, emprunte un escalator arrêté, ce qui fait tout bizarre dans les jambes quand elle monte les marches, car elle croit qu’elles vont bouger. Et après une plaque d’égout soulevée sans trop d’effort, elle se retrouve dans une ruelle pas loin du centre ville. Il fait nuit et il ne pleut plus. Des flaques reflètent la lumière des réverbères et la ville à l’envers dans la nuit éclairée par les réverbères dans les flaques. Oui, bon, enfin vous avez capté, c’est une histoire de reflets.
Soudain son mobile ultra plat Sonic mp3 vidéo photo 3 méga pixels option Internet texto illimité après 22h sonne. Elle le plaque contre son oreille.
— Ben alors ? gronde sa mère. Tu es où ? Ça fait une heure que je t’appelle ! T’as vu l’heure qu’il est ? T’as intérêt à rentrer en vitesse, demain tu as école ! Et tu es privée de Star Academy ! Ça t’apprendra !
Virgie coupe la communication. Constate qu’il est 21 h 37 sur le cadran rétro-éclairé quand elle appuie sur le bouton qui affiche l’heure.
— La super poisse ! Ben c’est la dernière fois que je visite le pays des merveilles. C’est po juste.
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Re: Virgie au pays des merveilles

Messagepar Babou » 09 Juil 2008, 05:34


Est-ce " Alice aux pays des merveilles " recomposé ou Virgie qui s'est égarée par mégarde derrière ton miroir sans tain ? :15:
Un jeu de piste très bien orchestré. Une histoire revisitée, bourrée d’imagination, empreinte d'humour et qui nous plonge dans une féerie d'images.
Très bonne la description de l'arrivée du lapin blanc, j'adore le << nom d'une carotte, je vais être en retard >>
Une logique implacable : l'horloge sans aiguille, la chambre sans porte, la bouteille de whisky nichée dans la théière, un escalator arrêté. En se mettant dans le contexte. Irrésistible la partie de croquet et la caricature de la reine !!

Elle slurpe un bubble-gum à la fraise. Mate les rails qui filent dans l’herbe mouillée par une averse d’été qui dégringole en douceur.
J'essaye d'imaginer comment une averse peut dégringoler en douceur. :02:

Bon, se dit Virgie en tombant, vu qu’il y a un lapin blanc, qu’il a dû aussi tomber, qu’il est pas entré ici par hasard, il doit connaître, alors je risque pas trop grand chose, donc j’ai pas à m’inquiéter outre mesure. Parce que Virgie est une fille qui réfléchit, oui, ça existe avec les filles, y en a qui réfléchissent, pas longtemps, d’accord, mais elles réfléchissent.
:06:

— Ce n’est pas une raison, renchérit le lièvre de Mars en agitant ses longues oreilles dont la droite et perforée.
La précision qui tue ! Lol, ça me fait penser à un ticket de métro poinçonné ! :D

Le loir gargouille des mots incompréhensibles et tousse avec force.
Pauvre loir, il tousse ! Il a quoi ? Une trachéite ou une bronchite ? :19:

Virgie agrippe la nappe et la tire vers elle d’un grand coup. La théière et les tasses valdinguent dans un désordre indescriptible. Déstabilisé, le Chapelier se retrouve plaqué contre la nappe qui lui file sous son haut de forme et son dentier qui s’échappe de sa bouche.
Un dentier qui s'échappe d'une bouche me rappelle quelque chose ! :15:

Elle n’a pas fait une cinquantaine de mètres, quand une tête de chat, affublée d’un sourire narquois, apparaît dans l’air, sur la branche d’un arbre.
Il a pas de corps le chat ! :23:

— Dis donc, petite insolente, tu sais à qui tu parles ? Au chat du Comté de Chester !
— Je savais bien que t’avais une gueule de camembert.

Le Comté fait parti de la famille des camembert ? :04:

— Quoi de neuf docteur ? Dis, vous pourriez pas jeter vos reines ailleurs ? Elle a tout chamboulé le plafond de mon terrier.
J'adore le ton désinvolte que prend Bugs Bunny << Dis, vous pourriez pas jeter vos reines ailleurs ? >> :12:

Des flaques reflètent la lumière des réverbères et la ville à l’envers dans la nuit éclairée par les réverbères dans les flaques. Oui, bon, enfin vous avez capté, c’est une histoire de reflets.
Oui, on a capté, c'est exprimé tellement simplement ! :05:
La parole se fait spontanément rythme dès que l'homme est ému, rendu à lui-même, à son authenticité. Oui, la parole se fait poème. (Léopold Ségar Senghor)
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Re: Virgie au pays des merveilles

Messagepar Krystos » 09 Juil 2008, 13:20


Mdr trop fort .alice au pays des merveilles revisité version trash . C'est que du bonheur ;)
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