par Rampage_Master » 19 Nov 2007, 15:23
Mon nom est Max Payne, j'étais flic et ma vie était belle.
J'ai toujours la même sensation étrange en y pensant. Comme si tout ça s´était passé il y a un siècle ou comme si je parlais de quelqu´un d´autre, d´une vie que je n´ai jamais eu.
Tout s´est effondré il y a trois ans.
C´était un soir d´été, j´avais fini mon service et je rentrais. Le soleil se couchait avec sa bravoure quotidienne sur ma maison du New-Jersey. Les ténèbres éternelles ne tarderaient pas à recouvrir ma vie mais je ne le savais pas encore.
Le destin était ce monstre impitoyable et cruel, avide de sang, caché quelque part dans l´ombre prêt à me bondir dessus pour m´arracher le coeur.
Le sort qu´il allait m´infliger était pire que la mort.
Quelque chose s´est brisé en moi quand j´ai vu les corps de Michelle et du bébé, me laissant une cicatrice aussi profonde qu´un chargeur de balles explosives vidé à bout portant. L´homme que j´étais est mort ce soir là , tout comme l'assassin, remplacé par une ombre avide de sang et de vengeance motivée par la haine.
Tandis que je suis assis sur la banquette arrière de la voiture de police, j´observe le scintillement rouge du gyrophare sur la neige et mes pensées me renvoient brusquement deux jours en arrière quand tout a basculé.
Je revoie Alex fugitivement, une balle lui transperçant le crâne avant qu´il ne s´effondre au sol, sa tête se vidant lentement de son sang sur le carrelage blanc de la station. Je n´avais plus rien à perdre. Le reste est une lutte désespérée entre moi et la mafia avec la police comme seul arbitre suivant désespérement ma trace avec les douilles et les cadavres comme seuls indices. Mon arme finissant par ne faire qu´un avec ma main, jusqu´au coup de feu final.
La joie de la victoire était absente, je ne ressentais que colère, frustration et dégoût. J´avais cru être guidé par la haine mais la haine est cette route en pente qui te mène aux endroits les plus sombres de ton âme avant de se terminer par un précipice. Mon corps est en haut de ce précipice, en bas git mon rêve brisé, partant lentement en fumée.
J´entend soudain le cri d´un flic derrière moi et je sens le canon glacial de son arme contre ma tempe. J´aurait du plonger dans le vide et en finir pour de bon. Ca n´a plus d´importance maintenant.
Ce n´était pas une victoire et il n´y avait rien à gagner.
J´avait cru que la vengeance m´apporterait quelque chose mais le dernier coup de feu me laissait seul face à la triste réalité: aucun antalgique ne pourrait jamais calmer ma douleur, rien ne pourra jamais refermer cette plaie béante.
La voiture de flic s´arrête à un stop et je sors doucement de mes pensées. Dehors la ville est un monstre froid gigantesque et sans pitié. Tandis que la voiture repart et que je sens que la course touche à sa fin mes yeux se ferment et une pensée horrible me traverse l´esprit.
Je suis perdu en plein milieu du désert, au bord d´un précipice. En bas je peux voir mes ennemis souriant, savourant le repos de la mort. Au loin j´entends les hurlements du monstre de la souffrance éternelle, je veux plonger mais je suis retenu au sol par ce poids qui s´appelle la vie.
Je rouvre les yeux et la voiture s´arrête puis je descend, je ne sais pas ce qui m´attend et c´est sans importance. Je suis définitivement maudit.