Episode 5
Clark campait dans la cuisine de bon matin et confectionnait un gâteau au chocolat. Le dernier numéro de Picsou magazine ouvert sur la table, il lisait la recette et préparait les ingrédients dans un bol.
Quand la porte de la cuisine s’ouvrit brusquement. Dehors le drapeau américain s’agita comme sous une rafale de tornade. Et Martha entra, vêtue de son tailleur de sénateur, jupe légèrement au-dessus des genoux et veste assortie. Elle arborait un magnifique chignon roux et des boucles d’oreilles en diamants, offertes par Lionel.
— Claaark !
Clark sursauta, Lâcha la cuiller en bois dans le bol. S’écria, le visage rongé par la peur :
— Nooon, pas le bébé ! Je ne veux pas te faire le bébé !
— Quoi ? s’étonna sa mère. Quel bébé que tu ne veux pas faire ? Tu peux me dire ce qui se passe ici ?
— Maman ? s’exclama Clark. C’est toi ?
— Oui, c’est moi ? qu’elle répliqua sec. Si j’ai bien compris, tu as de nouveau des pensées lubriques ?
— Hein ? Mais non… C’est Jor-el, il veut que je fasse un bébé avec Kara. Mais Kara d’abord elle voulait pas. Puis après elle voulait. Mais…
— C’est qui cette petite pouffiasse qui ose débaucher mon fils ?
— C’est ma cousine, elle vient de Krypton.
— Je savais que ta famille était tarée, déjà l’autre vieux débris fantomatique dans sa forteresse, mais si en plus une petite pisseuse nymphomane débarque de Krypton. Et je parie que ça t’excite, tout ça ?
— Mais non, maman, pas du tout.
Clark tremblait de tous ses membres.
— Attends, je vais te guérir.
Elle fonça dans le couloir.
Clark estima qu’il était peut-être plus prudent de déguerpir à super vitesse, mais la peur le paralysait sur place.
Sa mère revint en brandissant un crucifix et une petite bouteille d’eau bénite verte. Elle le leva sur lui et l’aspergea de gouttelettes en déclamant :
— Vade retro Satanas ! Eloigne ton trident malfaisant des chairs virginales de mon fils !
Affaibli par l’eau kryptonisée, Clark roula sur le carrelage.
Quand un flash blanc intense éclaboussa les fenêtres de la cuisine.
— Seigneur, tu es venu ! chanta Martha.
Dans la cour, un concert de cris d’animaux monta dans l’air. Les poules, les dindons, les cochons, les vaches, Shelby, tout le monde copulait frénétique.
Martha sentit un désir irrésistible l’envahir.
— Seigneur, qu’est-ce qui m’arrive ?
C’est à ce moment que la porte s’ouvrit et Jonathan déboula. Il lança :
— Martha ! Je suis de retour !
— Jonathan ? Mais je te croyais crevé !
Il se rua sur elle, l’attrapa à la taille, l’assit sur la table, déchira sa jupe de bas en haut et se jeta entre ses jambes. Le bol de lait chocolaté valdingua sur le carrelage.
— Oui, gémit Martha allongée dans la farine, oui, vas-y, ouuuiiiiiii !
Le dernier oui fut crié dans un hurlement de jouissance criarde.
Les yeux clignotant, Clark murmura :
— Papa ?
Et il sombra dans l’inconscience.
— Qu’est-ce qui se passe ? demanda Chloé en entrant dans l’appartement.
Lana referma la porte et crachota :
— T’aurais pu me dire que tu as ressuscité Pete !
— Quoi ? s’exclama la jeune journaliste en rouldinguant des yeux. Mais j’ai pas ressuscité Pete ! Pourquoi, tu l’as vu ?
— Un peu, ouais. Je suis tombée par hasard sur lui dans la rue.
— Quoi ? T’es sortie ? Mais t’es folle ! Si quelqu’un t’avait reconnue ?
— Tu parles. Y’avait pas un plouc. J’étais sortie acheter de quoi picoler. Manque de pot, l’épicerie était déjà fermée. Et c’est au coin de la rue qu’il m’est rentré dedans. Je l’ai ramené ici. Il s’est précipité sur le frigo et il a tout bouffé. Je pouvais pas le contrôler. Puis il a sauté par la fenêtre et s’est barré en cavalant.
— Pete a sauté par la fenêtre ? Mais c’est plutôt haut !
— Apparemment pas pour lui. Alors c’est pas toi qui l’as ressuscité ?
Chloé se laissa tomber sur le canapé.
— Non.
— Je parie c’est encore un coup de Lex.
— Ou alors Pete n’était pas mort. Il a volontairement disparu et il est revenu.
Lana se tala à côté de Chloé.
— Ah oui ! Il parlait d’une façon bizarre, saccadée.
Chloé devint blanche. Elle pensa à Jonathan.
Lana lui scanna l’expression des zoeils.
— Dis, tu me cacherais pas quelque chose ?
Chloé la regarda, les sourcils baissés en mode je-suis-une-vilaine-cachotière-je-sais-j’aurais-dû-te-le-dire-t’es-ma-meilleure-amie, et elle raconta tout depuis le début.
— … Tu sais, quand j’ai vu qu’il était pas tout à fait normal, il avait l’air d’un zombie, je l’ai enfermé dans ce bunker…
Et blablabla.
Lana écoutait, une pulsion de soif chauffant ses papilles gustatives.
— Voilà , c’est tout, termina Chloé. Je pouvais pas faire autrement, Jonathan était devenu fou.
— T’inquiète pas pour ça, tous les mecs sont des obsédés. Bon, si on allait s’en jeter un derrière le soutif ?
Le portable de Chloé sonna les premières notes carillonnées de La marche nuptiale de Mendelssohn. Elle plaqua son oreille sur l’écouteur.
— Oui ?… Claaark ?… Quoi ?…
Chloé plaça sa main sur le micro et balança :
— Claaark dit que son père est revenu.
— Jor-El ?
— Non, Jonathan !
Lana la dévisagea et souffla :
— Alors il était pas mort.
— Et il était comment ? demanda Chloé.
Elle replaça la main sur le micro.
— Claaark dit qu’il était en pleine forme, tout à fait normal. Il croit qu’il a fait crac-crac avec sa mère.
Elle replaça la main sur le micro.
— Ben tu vois, chantonna Lana, tout s’arrange. Hop ! J’ai soif !
Chloé plissa des lèvres, pas trop convaincue.
— Oui, Claaark, ben c’est très bien, bon, faut que je te laisse… Arrête de crier ! Qu’est-ce qui se passe !… Quooiii ?
Chloé devint blême. Elle fixa Lana.
— Il dit que tu viens d’entrer dans la grange.
— Quoi ? s’écria Lana. C’est quoi, ce délire ?
Lex se versait un whisky devant le bar, quand un bruit de pas attira son attention.
C’était Lionel, dans un long manteau, avec sa crinière de lion dévalant sur ses épaules.
— Leeeeex !
— Tiens, papa ! Je te trouve bien joyeux.
— C’est la joie de te revoir, mon fils.
Lex tiqua de l’œil gauche.
— Ta joie risque d’être de courte durée quand je serai élu président.
— Mais tu ferais un excellent président, chanta Lionel.
Lex avala une petite gorgée de whisky, les yeux fixés sur son père.
— Toi tu me caches quelque chose.
— Mais non, Leeeeex, je n’ai aucun secret pour toi.
— Permets-moi d’en douter.
Lionel le toisa du regard.
— Alors tu as décidé de construire ta centrale nucléaire dans la forêt de Smallville. Je l’ai appris aux infos. Pourquoi ce revirement soudain ?
— Top secret, cher papa. Mais ne t’inquiète pas, tu auras une place de choix dans mon gouvernement, à l’accueil.
Lionel esquissa un petit sourire de fouine cramponnée lubrique sur le dos d’un blaireau.
Il dégaina son portable et plaqua le petit écran haute définition blu-ray devant le nez de Lex.
— Aaaaaaaaaaargh ! s’écria Lex en lâchant son verre. Caaaaasiiiiimiiiirrrrrrrr !
— Oui, mon cher Lex, il est vivant. Je lui ai parlé de toi. Il a hâte de te rencontrer. Mais aux conditions que tu peux deviner.
Lex agrippa les épaules puissantes de son père, les membres tremblants, le regard suppliant :
— C’est bon, je renonce à la centrale, à mon armée de clonettes, tout ce que tu voudras, mais donne-moi Casimir !
— Cela demande réflexion, répliqua son père avec une voix doucereuse.
Lex se roula sur le tapis en braillant :
— Pitié, je veux Casimir, c’est promis, je t’enverrai par les sœurs Olsen pour te débaucher, c’était mon plan machiavélique, mais j’y renonce ! Aaaaaaaaaargh !
— Hein ? s’étonna Lionel. Les sœurs Olsen ? Ashley et Mary-Kate Olsen ?
Une vision indescriptible pour un forum tous publics flasha dans l’esprit de Lionel Luthor.
— Oui, papa, je sais, c’est d’une traîtrise sans nom, je te demande pardon ! Aaaaaargh !
— C’est bon, Lex, je t’envoie Casimir, mais envoie-moi les sœurs Olsen à mon loft secret.
Lex arrêta de s’agiter. Il regarda son père, qui se tenait devant lui, telle la statue de Zeus, et articula, une larme perlant dans le zoeil :
— Papa, je t’aime !
— Moi aussi, Lex, je t’aime !
— Euh, tu as un loft secret ?
— Euh, oui, voici l’adresse. Qu’elles viennent en petites tenues sous des imperméables !
Un petit vent glacé soufflait dans la forteresse, jouant avec les longs cheveux blonds de Kara.
La voix de Jor-El résonnait, amplifiée par l’écho.
— Le rayon X envoyé sur la ferme n’a servi à rien ! Kaaal-El est insensible au sexe ! Donc inutile d’essayer de copuler avec lui à super vitesse !
— Ouais, bava Kara, amère, il va falloir trouver autre chose.
— Quel abruti ! Dire que je pourrais déjà être maître de la Terre !
— Doucement, coupa net Kara, tu as dit que si je faisais le bébé, je serais reine de la Terre.
— Oui, euh, bien sûr, caqueta Jor-El.