Le sonnet interrompu


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Le sonnet interrompu

Messagepar Phantom_Blue » 24 Juil 2007, 19:45


Je fréquentais plusieurs salons de la capitale, connu sous le nom de chevalier Blue de la Phantomanie, officiant comme poète dévoué à Vénus, récitant mes vers pour le plus grand plaisir de ces dames, qui se pâmaient de rougeurs derrière leurs éventails, les yeux scintillant comme toutes les étoiles du firmament céleste à mon égard.
Il faut dire que j’étais plutôt bien tourné de ma personne, agréable de visage, portant la perruque avec grâce, le costume avec une élégance rare. Je me flattais d’un corps robuste proportionné par les canons de l’esthétique grecque, possédant le mollet solide et le biceps vigoureux.
Ce soir du 17 juin 1788, je me trouvais dans le salon de Mlle Laraider de Lespinasse, qui avait monté son propre salon, faisant concurrence à celui de Mme Deffand dont elle fut la demoiselle de compagnie, avant de la quitter avec force et fracas, nouvelle qui alimenta la chronique parisienne, les deux femmes s’étant empoignées avec force dans le parc des Contades lors d’une rencontre pendant une promenade dominicale. Voltaire en tira un pamphlet qui circule encore dans les ombres et les esprits.

Dans le petit salon attenant au grand salon, où régnait une pénombre éclairée par un seul chandelier allumé posé sur une cheminée, se tenait une séance des âmes disparues, séance consistant à invoquer les personnes ayant quitté ce monde pour les limbes obscures de l’au-delà.
Assis autour d’une table ronde, mademoiselle Laraider de Lespinasse, affublée d’une perruque poudrée imposante, exhibant un décolleté impressionnant, surnommée la reine de la nuit, célèbre pour ses bacchanales vénitiennes, orchestrait la manœuvre, invoquant je ne sais quelle âme égarée du troupeau de notre Seigneur.
A sa droite se tenait le marquis Steve du Bois-Joli, son amant de cœur, réputé pour son esprit libertin, porté sur les arts légers de l’existence, savourant les vins de la passion et les chairs juteuses de mademoiselle de Lespinasse.
A côté du marquis, le duc Dorian de Gonzague, mage à ses heures perdues. On dit que parfois vers minuit, des vapeurs animées phosphorescentes aux faciès diaboliques s’échappaient des fenêtres de son hôtel particulier, appelé Tokyo car il empruntait sa décoration exubérante aux japonaiseries très en vogue en cette fin du siècle des lumières.
A sa gauche, le comte Krystos von Goth, au profil d’ange satanique, jeune Casanova ayant fait tourner les têtes de plus d’une galante, versé dans les sciences occultes, et qui se targuait d’être ni plus ni moins le comte de Saint Germain. Son élixir de vie devait certainement profiter à Melle Laraider et à ses comparses, vu les minois affichés, à moins qu’il ne fut question de maquillage poussé à l’extrême et masquant avec soin l’érosion du flot incessant de Chronos.
Se trouvait aussi à la table la baronne Corinne de la Tourelle, réputée pour ses ballets de jeunes éphèbes et de nymphettes purpurines dansant dans des voiles vaporeux d’une légèreté exquise sur la musique de Lully, les danses se terminant dans des entrelacements d’une audace aux limites de l’indicible secousse physique, et souvent même plus loin.
Et la duchesse Ouimzie des Arabesques, plutôt axée sur les chasses à coure sur son domaine de Vallembreuse, chasses à l’homme bien évidemment, où de vaillants gaillards fort peu vêtus tentent d’échapper à la furie d’une meute de femelles déchaînées armés de fouets, voulant symboliser par cet état de fait le règne des Amazones dont elle prône être l’une des descendantes les plus illustres. Arabesques parce que la duchesse adore dessiner ce genre de fioritures au coutelet sur le corps de ses victimes.

Dans le grand salon illuminé par une série de chandeliers d’un baroque extravagant, plusieurs tables animées envoyaient dans l’air les conversations les plus diverses.
A une table Diderot exposait avec frénésie à d’Alembert et Condorcet le fonctionnement d’une étrange machine répertoriée dans son Encyclopédie, et qui avait la propriété de fabriquer des petits cubes de glace en gelant l’eau par un procédé appelé dynamo, obtenus par des souris courant dans des roues. Me mêlant quelques secondes à cet exposé des plus audacieux, je proposai à la place des souris quelques jouvencelles à la cuisse bien galbée, ce qui m’apporta l’approbation immédiate du groupe.
A une autre table Fontenelle dissertait sur le voyage dans la lune, affirmant qu’on y trouverait des lunaires à notre image, au teint pale à cause du faible rayonnement solaire, et qui se feraient une joie de rejoindre la bannière des fleurs de lys de notre bon roi Louis 16. M’insérant un court instant dans sa dissertation, je vantai en trois mots bien trouvés le charme laiteux des jeunes filles de la lune, provoquant un émoi visible sur les traits de Fontenelle, émoi qui le fit courir vers les cabinets d’aisance pour satisfaire une envie subite propre aux hommes troublés par une description anatomique féminine trop précise.
Et à une table en retrait dans un coin, je remarquai une fort jolie damoiselle au teint de rose, dans une robe de satin non moins rose au décolleté des plus délicats, jouant au Palais avec deux autres dames d’un âge plus certain. Avec un jeu de cartes, il s’agit de construire un palais sur quatre colonnes et neuf étages, en plaçant les rois, les dames et les valets. La marquise venait une nouvelle fois de remporter la partie, plaçant avant les deux autres deux as représentant les cheminées.
J’allais rejoindre le baron Papofyse, la perruque de travers, légèrement imprégné par un alcool de pruneaux plutôt corsé, qui m’informa du nom de la belle, la marquise Enilis de Fleurville, fraîchement débarquée de sa province de Lorraine à Paris. Son père avait inventé une calculatrice supérieure à la Pascaline de Blaise Pascal, ce qui l’avait mis dans les bonnes grâces du roi, qui s’en servait pour mesurer ses maîtresses, afin de définir la favorite idéale. Ainsi notre bon roi ne s’occupait pas que de serrures, enfin disons qu’il s’intéressait aussi à des serrures très féminines pour sa clé royale.

D’autres dames de ma connaissance certaines d’être l’incarnation vivante de Junon ou d’Athéna, et des gentilshommes touchés par les symptômes de la mythomanie à l’image du baron de Münschausen, occupaient des tables voisines, buvant de l’Armagnac et autres liqueurs, et croquant dans des petits gâteaux et des chocolats fourrés aux fruits. L’une d’elle à qui j’avais octroyé une nuit mes faveurs amoureuses, m’aperçut, agita son éventail et demanda d’une voix forte à ce que je récite un de mes célèbres sonnets. Les autres dames approuvèrent immédiatement.
Devant un tel empressement, ne pouvant refuser, mais avais-je déjà une fois refusé le souhait d’une dame ? je me postai au milieu du grand salon, tel un dieu rayonnant de gloire, et après une révérence d’une majesté unique, que seul moi pouvais accomplir avec ce brio incomparable et inégalé, je lançai d’une voix douce et chantante, la main levée vers le plafond décoré d’une peinture champêtre des plus idylliques et des plus friponnes, à en juger par les bergères quelque peu dévêtues :
— Un tout nouveau sonnet composé à l’instant, et qui s’intitule : A la charmante !
Des applaudissements crépitèrent en chœur avec une ferveur effervescente soutenue, durant lesquels je gratifiai l’assemblée d’un large sourire. Une fois les dernières mains apaisées, mains de femmes cela va de soi, j’entonnai les premiers vers, un zoeil enflammé tourné vers la marquise Enilis de Fleurville qui me fixait avec fascination je pense, vu son regard d’une extrême brillance :
— Marquise vos beaux yeux d’amour me font mourir… Et je meurs à vos pieds dans un flot de passion…
Des soupirs extasiés s’échappèrent de bouches féminines. La marquise écoutait sans bouger un cil. Je continuai :
— Arrière ces pensées faisant de la raison… Notre seule vision. Rien ne pourra offrir… De plus fort à nos cœurs que nos plus fous désirs…
Soudain des hurlements venus du petit salon interrompirent mon sonnet. Nous nous précipitâmes pour voir ce qui se passait. Une frayeur générale s’empara de tous devant un spectacle des plus macabres.

Au-dessus de la table flottait un ectoplasme bleuâtre représentant la grande faucheuse. D’un magistral geste circulaire de son imposante faux, elle trancha un 16 tout aussi ectoplasmique flottant devant elle.
L’apparition disparut avec un rire sépulcral, laissant un grand émoi sur les visages. Des laquais vinrent à la hâte rallumer les chandeliers.
— Seigneur, soupira Melle Laraider de Lespinasse en s’éventant fort avec son éventail.
Quand un puissant souffle venu de nul part agita les flammes des chandeliers. Certaines s’éteignirent. Au même moment, un éclair illumina les grandes fenêtres du petit et du grand salon. Et la foudre s’abattit non loin dans une explosion assourdissante, tandis qu’un roulement de tonnerre secouait le sol et les murs. Un tableau, Le baiser volé de Fragonard, se détacha et tomba sur le parquet. Le baron Papofyse n’avait pas bronché, et dégustait toujours son alcool de pruneaux.
Un affolement compréhensible emporta tout le monde vers les escaliers. Dans la confusion je perdis de vue la marquise Enilis de Fleurville. Je me jetai sur les marches, avalant les paliers, surgissant dans la rue où une pluie diluvienne dévalait d’un ciel funeste ponctué d’éclairs, et je la vis à la fenêtre d’un carrosse lancé au galop.
Etait-ce la fin du monde ? Un signe envoyé par les dieux ? Qu’allions-nous vivre ? Sachant qu’elle serait à la Cour, je décidai de foncer à Versailles, avec l’espoir de la retrouver, et je la retrouvai effectivement dans une fête des plus singulières où j’allais enfin pouvoir réciter mon fameux sonnet « A la charmante ».

Ah les fêtes du roi ! Les nocturnes, j’entends, où des gourgandines en robes très courtes, très légères et très ouvertes, la nichonaille dégorgeante et les fessiers à l’air, se pavanent dans des farandoles frivoles aux sons des menuets de Couperin. Mais je m’égare, certainement le flamboiement estival du soleil sur ma tête livrée aux rêveries les plus téméraires et les plus folles. Revenons à notre sujet.
Cet après-midi là, avant le souper royal qui s’annonçait gargantuesque, dignes de ceux de Vadel, on donnait des représentations diverses dans le petit théâtre, pour le plus grand plaisir du roi, de Marie-Antoinette et de la Cour, dans laquelle je distinguai, assise au troisième rang, la marquise Enilis de Fleurville, encore plus rayonnante que la première fois.
Il y avait aussi le marquis Steve, le duc Dorian, le comte Krystos, Melle Laraider plus décolletée que jamais, et le baron Papofyse, encore sous l’effet de l’alcool de pruneaux. Je pris place à côté de lui, au quatrième rang, ayant une vue privilégiée sur le profil angélique de la marquise.
Après les mimes fantasques sur scène d’un Pierrot et d’une Colombine, m’apercevant à la fin de la démonstration qu’il s’agissait en fait de deux Colombines dont l’une déguisée en Pierrot, leurs baisers échangés prenant une toute autre signification artistique, succéda une femme d’une beauté sculpturale étonnante à la peau noircie, certainement par quelque accointance avec le Malin.
Les cheveux crépus formant sur le crâne une architecture capillaire des plus impressionnante, les seins pulpeux allongés à l’excès (ce qui ne sembla pas déplaire au baron Papofyse, à en juger par son regard hypnotique), aux pointes recouvertes par deux médaillons de cornes (c’est du moins ce qu’il me sembla être), la taille entourée d’une succession de longues bananes d’un jaune éclatant, elle se livra devant nous à une danse pour les moins bizarres, le corps agité de soubresauts hystériques, le tout sur des embardées de tam-tam venues d’on ne sait où, l’étrange créature poussant des cris que je qualifierai de jouissance douloureuse.
— C’est l’attraction en ce moment, me souffla le baron Papofyse dans une haleine alcoolisée qui me fit venir des larmes aux yeux. Elle se nomme Babou, Marie-Antoinette en est fort jalouse car le roi la dévore à chaque fois des yeux. Elle vient d’un continent perdu de l’autre côté de la mer, où, paraît-il, des animaux énormes ont des nez en formes de phallus qui se dressent en poussant des bruits détonants, et où les femmes copulent la tête à l’envers.
Même dans mes songeries les plus dénaturées je n’osais imaginer pareilles excentricités de la nature.
Babou quitta la scène sous un tonnerre d’applaudissements. Puis une fascination s’empara de la salle à la vue d’un automate de femme articulée, vêtue en ballerine, conduite à la main par un vieux bouc dégarni à l’allure d’apothicaire diabolique. Je pensai tout de suite à une supercherie, une vraie femme se dissimulant sans doute dans un habit d’automate, à en juger au mouvement se révélant trop parfaits malgré une rigidité certainement voulue. Quand soudain la tête effectua un tour complet.
Des exclamations fusèrent dans la salle quand le vieux bouc posa ses doigts lubriques sur le visage de l’automate, et retira un masque, dévoilant le minois souriant d’une jouvencelle bien vivante. Comment avait-il réussi ce prodige ? Peut-être n’y avait-il que la tête, coupée et maintenue en vie par je ne sais quelle sorcellerie, le reste du corps étant composé de rouages et de cordes ? Chez beaucoup femmes il se produit bien le contraire, le corps le plus avantageux béni par la nature supportant une tête vide.

Quand un laquais s’engouffra dans ma rangée, stoppa à ma hauteur, se pencha vers moi et me dit que le roi apprécierait l’extrême ravissement d’ouïr un de mes sonnets, chose que j’acquiesçai immédiatement, trouvant là l’occasion de réciter enfin mon sonnet à la marquise.
A peine m’étais-je engagé sur le devant de la scène, que les dames me reconnurent, et un immense soupir d’extase s’échappa des bouches tel une envolée de colombes, suivi par une frénésie d’applaudissements.
Après une révérence offerte au roi, d’une courbure infiniment gracieuse et d’un geste circulaire de bras altier, ma main n’en étant pas moins des plus altières, je prononçai d’une voix claire et chantante :
— A la charmante !
Comme je l’avais prévu, une marée de soupirs féminins fusa dans l’auditoire. J’enchaînai :
— Marquise vos beaux yeux d’amour me font mourir… Et je meurs à vos pieds dans un flot de passion… Arrière ces pensées faisant de la raison… Notre seule vision. Rien ne pourra offrir… De plus fort à nos cœurs que nos plus fous désirs…
Je laissai une autre vague de soupirs exaltés passer, louchant vers la marquise attentive mais restant apparemment de marbre, et poursuivis :
— Laissez-vous emporter dans vos petits chaussons… Sur ce menuet d’ange où les chérubins blonds… Emus par vos atours, se pâment de plaisir… Votre rougeur candide éclipse le soleil…
Une rafale de coups de feu tonna soudain au dehors.
— A la garde ! cria un homme. On attaque Versailles !
Aussitôt un vent de panique s’empara de la Cour. Je remarquai des sourires sardoniques, je dirais, sur les lèvres de Melle Laraider, du marquis Steve, du duc Dorian et du comte Krystos, sourires dont je compris la signification bien plus tard, les soi-disant cris de terreur pendant cette séance des âmes se révélant être des cris de grande satisfaction. Mais laissons planer encore un peu ce mystère et revenons au moment présent.

Je suivis la marquise au milieu des autres dans le couloir conduisant à l’Orangerie, puis dans les jardins de Le Notre où les jets d’eau du grand bassin de Jupiter égrenaient l’air.
Une populace furieuse s’agglutinait conte les grilles fermées, criant à tue-tête : « Nous voulons du pain et de la poularde dodue ! Le roi à la Bastille ! », des fusils crachant de la poudre entre les barreaux. Plusieurs gardes gisaient sur le pavé. Les autres s’étaient retranchés dans un bâtiment annexe et ripostaient depuis les fenêtres ouvertes.
Il fut décidé de fuir par les bosquets et de gagner les écuries où des carrosses devaient nous attendre. Nous nous échapperions par une autre grille dérobée.
— Je suis confus de ne point avoir fini mon sonnet, dis-je en me tenant près de la marquise qui hâtait le pas.
— J’ai d’autres chats à fouetter, répliqua-t-elle d’une petite voix sèche, que d’ouïr vos galipettes verbales, monsieur.
— Mais enfin, m’insurgeai-je presque, toute dame de haut rang, le vôtre étant des plus hauts par la tournure de votre silhouette, se doit d’ouïr avec l’attention la plus extrême, et le ravissement le plus poussé, un sonnet chantant avec le plus grand art, en l’occurrence le mien, ses vertus les plus incomparables.
— Les vertus féminines ne sont que l’apparat travestissant les désirs de gentilshommes, loin d’afficher les qualités dont ils se targuent, et n’ayant que des vues charnelles sur les proies désignées dans leurs fantasmes les plus machiavéliques.
— Seigneur, en voilà de biens effroyables mots d’une déroutante dureté venant d’une bouche aussi candide. Je ne vis que pour mon art, et mon art ne vit que pour vous.
— Qui vit de son art en meurt un jour, monsieur.
— Peste la réplique !
La marquise s’engouffra dans son carrosse, ferma la portière d’un clac des plus secs, passa son doux visage imprégné de sévérité à la fenêtre dont elle avait repoussé le rideau, et me dit :
— Peut-être que je serai curieuse d’en connaître la suite et la fin, si nous avons l’occasion de nous revoir, ce que je doute fort, mais les dieux ont parfois de telles excentricités pour combler leurs ennuis, que je ne serais pas surprise de croiser une nouvelle fois votre route de brigand. Sur ce…
— Plait-il ? m’étonnai-je. Mais enfin… voyons… glurps… gasp…
Et le carrosse se propulsa sur le chemin dans une nervosité de chevaux excités par la caresse du fouet.

C’est par un hasard incroyable, mais le hasard existe-t-il dans ce vaste univers réglé comme une horloge savante ? que je retrouvai la marquise Enilis de Fleurville en Vendée dans une ferme occupée par les Chouans, qui préparaient le retour de la monarchie dans le royaume de France.
Le roi avait fui Versailles dans une berline, avec la reine Marie-Antoinette, leurs deux enfants, madame Elisabeth la sœur du roi et la gouvernante. Rattrapés à Varennes, on les avait conduits à la Bastille où ils attendaient de passer en jugement.
J’avais suivi Nicolas Philibert, un citoyen revenu des Amériques, à la recherche de sa femme, Charlotte, pour divorcer, la République ayant voté cette nouvelle loi qui, je l’avoue, relevait du bon sens des esprits portés par les lumières de l’intelligence, et qui consistait à pouvoir se séparer facilement d’une matrone encombrante.
Il est vrai que dans sa première jeunesse, une femme peut enchanter les sens, ses petits caprices s’il en est ne la rendant que plus charmante et désirable, mais l’âge venant, la ride creusant une plastique avant irréprochable, le nichon s’affaissant et le fessier ramollissant, de plus le caractère s’aigrissant, ce qui ne va pas pour arranger les choses, les petits caprices tant amusants du début de l’idylle, et contribuant aux jeux amoureux, se révèlent vite au fil des années comme d’ignobles pustules pourrissant grandement la joie de vivre du gentilhomme, dont l’amabilité naturelle continuelle ne suffit plus à contenir la rogne d’une nymphe édénique transformée en sorcière des enfers.
Donc Nicolas Philibert, promis à un mariage des plus avantageux aux Amériques avec la fille d’un riche commerçant, avait vu la cérémonie interrompue, dénoncé de bigamie, obligé de revenir sur le sol de la république pour divorcer d’une femme légitime, Charlotte, la fille de Gosselin, un marchand de vins.
Nous chevauchâmes deux jours dans les campagnes ardentes, les cris de joie du peuple libéré de la tyrannie royale résonnant à nos oreilles, laissant derrière nous la guillotine qui avait failli tailler le cou de ma suprême intelligence d’aristocrate, et celle de mon camarade de voyage, moins fortuné que moi dans le domaine des expressions artistiques.
Un royaliste converti en tavernier par la force des choses nous aiguilla vers un petit noyau de résistants, et c’est à la tombée d’une nuit d’été, à la lueur des torches, sous les acclamations des Chouans, que nous fîmes une entrée remarquée dans cette grande ferme isolée au milieu d’une nature protectrice.
Mais oui, c’était bien le baron Papofyse, attablé devant une bouteille d’eau-de-vie, levant le coude et le verre avec conviction, ingurgitant sans rechigner le liquide médicinal, avant de basculer du banc en arrière dans le foin, pour une ronflerie réparatrice, comme il est de bon ton de le dire.
Je fis la connaissance de Pauline, la sœur du chef des Chouans le marquis de Guéran, du sang le plus noble qui soit à en juger par la blancheur du nichon palpitant dans le corsage le plus attrayant, à laquelle je récitai le sonnet coquin des mirlitons, dont je me garderai bien de dévoiler dans ses lignes le contenu par souci de pudeur, ce qui me valu la promesse d’une nuit de folles étreintes, avec la description d’une position renversée décrite par Pauline, qui me renversa littéralement, les tam-tam de l’Afrique résonnant brusquement avec force à mes oreilles.

Alors que je composais un nouveau sonnet, assis sur les marches d’un escalier en bois menant vers quelque grenier, une trappe au-dessus de moi s’ouvrit, et le minois angélique de la marquise Enilis de Fleurville apparut, surprise de me voir en ces lieux rustiques.
— Vous ici ? m’exclamai-je. Décidément le monde est petit.
— Etroit même, rétorqua-t-elle, au point d’étouffer les cœurs.
— Gasp ! Vous voilà de nouveau embrumie à mon égard.
— Il y a de quoi. Vous me suivez donc ?
— Nenni. C’est un pur hasard, et je remercie les dieux.
— Moi pas. Ils doivent m’en vouloir. Que leur ai-je donc fait pour mériter cela ?
— Ne voyez-vous pas dans cette providence, bien mal interprétée, au contraire l’éclat d’un futur paradisiaque ?
— Avec cette horrible république ? Monsieur, vous me divertissez là d’horreur.
— La monarchie ressurgira avec force et vaillance, cette épreuve nous est envoyés pour éprouver nos âmes. Mais je serai toujours à vos côtés pour vous servir tel le chevalier la noble dame.
— C’est justement là mon épreuve.
— Mais enfin…
Un petit rire de cristal agita ses quenottes juvéniles d’une blancheur de nacre, ce qui me conforta dans l’idée que je venais enfin de rentrer dans ses bonnes grâces, et ceci malgré une froideur apparente certainement voulue comme savent si bien le faire les femmes.
— Et votre sonnet ? me demanda-t-elle soudain.
— Il n’attend que vous.
— J’attends donc.
— N’attendez plus, il vient. Le voici !
— J’attends toujours.
— Le voilà !
— Eh bien ?
— Marquise vos beaux yeux d’amour me font mourir…
— Ce que cela doit être avec une balle !
— Et je meurs à vos pieds dans un flot de passion…
— Une vague aurait suffit.
— Arrière ces pensées faisant de la raison… Notre seule vision. Rien ne pourra offrir… De plus fort à nos cœurs que nos plus fous désirs…
— La folie conduit au trépas.
— Laissez-vous emporter dans vos petits chaussons… Sur ce menuet d’ange où les chérubins blonds… Emus par vos atours, se pâment de plaisir…
— S’ils n’ont que ça à faire.
— Votre rougeur candide éclipse le soleil… Et vous éblouissez d’un éclat sans pareil… La Cour par votre grâce et votre bel esprit…
— Pourquoi le dire, cela ne se voit-il pas ?
— Le monde à vos côtés, d’enchanteresses fêtes…
Quand le baron Papofyse surgit, apparemment revenu de son somme réparateur, et me cria presque, ce qui me fit tourner la tête vers lui :
— Venez, j’ai un besoin urgent de vos conseils avisés, nous jouons au Jacquet et la mise est des plus fortes !
Un clac sonore m’avertit que la marquise avait refermé la trappe, certainement d’un geste brutal à en juger par le bruit.
Je suivis à contrecœur le baron, jurant contre le sort funeste qui s’amusait à m’interrompre.

Au souper, autour de plusieurs tables assemblées en longueur, le prince de Saxe arrivé entre-temps pour épauler notre noble rébellion, siégeant à un bout, le frère de Pauline à l’autre, les deux ayant eu vent de mon talent, il me fut demandé la récitation d’un sonnet. Evidemment, vous devez bien vous douter que je trouvai là une occasion rêvée pour relancer mon sonnet interrompu. Je me levai, toisai l’assemblée, et chantai :
— A la charmante !
Je laissai quelques secondes défiler et commençai :
— Marquise vos beaux yeux d’amour me font mourir… Et je meurs à vos pieds dans un flot de passion… Arrière ces pensées faisant de la raison… Notre seule vision. Rien ne pourra offrir… De plus fort à nos cœurs que nos plus fous désirs…
Courte pause avant de reprendre :
— Laissez-vous emporter dans vos petits chaussons… Sur ce menuet d’ange où les chérubins blonds… Emus par vos atours, se pâment de plaisir…
Nouvelle courte pause pour leur laisser le temps de se pâmer avant de poursuivre :
— Votre rougeur candide éclipse le soleil… Et vous éblouissez d’un éclat sans pareil… La Cour par votre grâce et votre bel esprit… Le monde à vos côtés, d’enchanteresses fêtes… Se travestit sans fin, ô Nini car vous êtes…
— C’en est trop !
Le marquis de Guéron venait de prononcer ces mots d’une voix forte. Il se dressa sur ses bottes, le visage outré, toisant de haut Pauline de Guérante, sa sœur, qui lui rendit un regard chargé de foudre, tenant par le bras Nicolas Philibert, visiblement dépassé par la situation.
Charlotte se leva à son tour, les traits crispés par une colère à peine contenue, sous le regard étonné du prince de Saxe, et bien évidemment des autres convives.
J’ai oublié de vous dire que par un hasard tout aussi miraculeux que le mien, Nicola Philibert avait retrouvé dans cette ferme Charlotte, éprise du marquis de Guéron.
Vous aurez compris qu’une scène des plus théâtrales, à caractère fortement émotionnel, composée des protagonistes cités précédemment, se déroulait à ce moment précis. Pour plus de précisions, visionnez le film Les mariés de l’an deux, qui sera tourné deux siècles plus tard, et qui narre avec brio cette histoire d’amour exceptionnelle.
Pauline de Guérante entraîna Nicola Philibert au dehors, sous les yeux révulsés de son frère.
— Mais laissez donc cette minaudière ! pesta Charlotte. Qu’elle aille au diable !
Après un court moment d’hésitation, le marquis de Guéran leur emboîta vivement le pas, ce qui déplut fortement à Charlotte, qui invita séance tenante le prince de Saxe à la suivre, ce qu’il fit aussitôt sans se prier, et ils disparurent en une envolée par une autre porte, et ceci à la consternation de tous.
Quand un chouan fit irruption et cria, trois dents en moins dans une bouche épongée par la vinasse :
— Aux armes ! Les républicains nous attaquent !
Un concert de détonations nourrie troua le silence extérieur. La table se vida en un instant, hormis le baron Papofyse qui se délectait le gosier.
La marquise Enilis fonça à petits pas précipités vers le préau des écuries où son équipage alertés par les coups de feu attelait en hâte son carrosse. Elle s’y engouffra et les roues volèrent bientôt sur la terre battue de la cour.
Le carrosse du prince de Saxe s’ébranla à son tour avec à bord Charlotte, pendue à la fenêtre, criant le nom de Nicolas Philibert à tue-tête, avant de disparaître dans la nuit.
Un cheval fougueux monté par Nicolas Philibert s’élança à leur poursuite.
Tout cela se déroulant dans le crachat des pistolets et des arquebuses. Une torche atterrit sur le toit de la grange. Des flammes illuminèrent bientôt l’obscurité, ainsi que le marquis de Guérante et sa sœur Pauline, enlacés avec fougue dans l’ombre d’un feuillage de marronnier.
Un aristocrate m’agrippa au col au moment où j’engageai le pied dans un étrier, le gredin cherchant sans doute à me ravir ma monture, ce qui occasionna une empoignade qui me fit perdre un temps précieux. Après l’avoir repoussé plusieurs fois sans le dissuader de ces assauts répétitifs, je lui décochai un poing dans les mâchoires qui mit un terme à ses ardeurs belliqueuses, et je pus enfin sauter sur mon cheval.
Mais il était trop tard, à un carrefour où partaient deux chemins striés par des roues de carrosses, je pris celui de gauche, galopait sur une bonne distance, puis rebroussait chemin, certain de m’être trompé, pour prendre le chemin de droite, mais en vain.
La marquise Enilis de Fleurville s’était envolée dans la nuit.

Deux jours plus tard, aux aurores, le navire « Le frelon des mers » quitta le port de Brest entouré par un ballet de mouettes hystériques comme une réunion de femmes dissertant excitées sur le dernier roman du marquis de Sade.
Accoudé au bastingage avec quelques-uns de mes compatriotes, la larme coulant des zoeils, nous regardions notre bonne terre de France s’éloigner, où tant de gloire historique se déroula,
Puis je me retirai dans ma cabine pour me reposer.
Après un sommeil bien mérité, m’apprêtant à monter sur le pont pour prendre le frais, une conversation animée à travers la porte fermée d’une cabine attira mon attention. Je prêtai l’oreille.
— Horreur et damnation ! Je n’arrive toujours pas à digérer cet échec cuisant. Il a été plus rapide que nous. Je vous avais dit de lancer la révolution plus vite, et de ne pas attendre 1790. Mais ne vous tracassez point, chère Laraider, pour le prochain jeu révolutionnaire aux Amériques, nous triompherons.
— Ah cher marquis, vous et moi, lancés à la conquête d’un nouveau monde, dirigeant la politique et provoquant à notre guise sa chute. Quelle jouissance des plus merveilleuses !
— Dommage pourtant que le duc Dorian nous ait quittés pour aller au Japon. Quelle idée ! Et le marquis Krystos, s’enmouracher de cette paysanne. L’esprit révolutionnaire aurait-il gangrené son esprit ?
— Il faut le croire, cette queen Adreena lui a tourné les sens, mais comme je le comprends aussi, j’avoue que la péronnelle a de quoi séduire un jeune porté sur les arts lucifériques, son apparence de vampire femelle invitant aux étreintes les plus sulfureuses.
— Seriez-vous aussi fasciné par ce genre de créature du diable ? Ne suis-je point à vos yeux la seule et l’unique lumière universelle des hommes ?
— Assurément. Il n’est point de comparaison en ce monde.
Je notai un tremblement quelque peu apeuré dans la voix masculine.
— Ah cher Steve, cette fois-ci, unis, nous devancerons les plans de ce Joseph Balsamo ! Venez, allons respirer l’air sur le pont.
Ainsi Melle Laraider de Lespinasse, le marquis Steve du Bois-Joli, le baron Dorian de Gonzague et le marquis Kristos von Goth avait fomenté la chute du roi dans je ne sais quel jeu politique, n’hésitant pas à ce tenir aux premières loges pour savourer ce spectacle macabre.

Je m’éclipsai au plus vite, montant sur le pont, et tombai en arrêt.
C’était bien elle, la marquise Enilis de Fleurville, ses longs cheveux d’un blond cendré vénitien flottant au vent, qui se tenait debout à la proue du navire.
Je m’approchai sur la pointe de mes escarpins et lui soufflai enfin le dernier vers à l’oreille.
Elle se retourna, me dévisagea, surprise, étonnée, enfin ravie, et me dit de sa voix la plus zéphyrienne :
— Le hasard et l’attente furent somme toute bénéfiques et je vous pardonne bien volontiers vos simagrées d’étudiant frivolin.
— De quoi ? Etudiant frivolin, dites-vous ?
Un sourire illumina son doux visage et nous contemplâmes longuement les vagues de l’océan jouant avec l’immensité du ciel.
Avant d’être interrompu pas un plouf sonore, suivi par « Un homme à la mer », et l’on repêcha le baron Papofyse, quelque peu grisé, qui avait basculé par-dessus la rambarde. Cette abondance d’eau dans la panse lui fut somme toute des plus salutaires.

Et pardonnez-moi de ne point vous révéler ce dernier vers, mais il n’appartient qu’à elle.



A la charmante

Marquise vos beaux yeux d’amour me font mourir,
Et je meurs à vos pieds dans un flot de passion.
Arrière ces pensées faisant de la raison
Notre seule vision. Rien ne pourra offrir

De plus fort à nos cœurs que nos plus fous désirs.
Laissez-vous emporter dans vos petits chaussons
Sur ce menuet d’ange où les chérubins blonds,
Emus par vos atours, se pâment de plaisir.

Votre rougeur candide éclipse le soleil,
Et vous éblouissez d’un éclat sans pareil
La Cour par votre grâce et votre bel esprit.

Le monde à vos côtés, d’enchanteresses fêtes
Se travestit sans fin, ô Nini car vous êtes
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Messagepar Babou » 24 Juil 2007, 22:12


Phantom, quoi qui se passe ? T'es en effervescence ? Je sais pas quoi dire. C'est magnifique, riche, mêlant le trouble et l'humour. Un autre registre. Phantom sait conjuguer les histoires à tous les temps !! :05:
Y a trop de phrases à relever à cette heure ci, lol, alors juste la mienne.

Elle vient d’un continent perdu de l’autre côté de la mer, où, paraît-il, des animaux énormes ont des nez en formes de phallus qui se dressent en poussant des bruits détonants, et où les femmes copulent la tête à l’envers.
:D :D :D
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Messagepar Babou » 25 Juil 2007, 06:18


Je me flattais d’un corps robuste proportionné par les canons de l’esthétique grecque, possédant le mollet solide et le biceps vigoureux.
Tiens donc ! Je veux bien voir ça :02: :03: :05:

mademoiselle Laraider de Lespinasse - Steve du Bois-Joli - le comte Krystos von Goth - le duc Dorian de Gonzague - la baronne Corinne de la Tourelle - la duchesse Ouimzie des Arabesques - la marquise Enilis de Fleurville

L'invention des noms loool. Krystos Von Goth, ça sonne trop bien.

A sa gauche, le comte Krystos von Goth, au profil d’ange satanique, jeune Casanova ayant fait tourner les têtes de plus d’une galante, versé dans les sciences occultes ..... un jeune porté sur les arts lucifériques, son apparence de vampire femelle invitant aux étreintes les plus sulfureuses.

Ça lui va comme un gant !

Se trouvait aussi à la table la baronne Corinne de la Tourelle, réputée pour ses ballets de jeunes éphèbes et de nymphettes purpurines dansant dans des voiles vaporeux d’une légèreté exquise sur la musique de Lully, les danses se terminant dans des entrelacements d’une audace aux limites de l’indicible secousse physique, et souvent même plus loin.

Hum ....... Image :23: :11: :09:

Et la duchesse Ouimzie des Arabesques, plutôt axée sur les chasses à coure sur son domaine de Vallembreuse, chasses à l’homme bien évidemment, où de vaillants gaillards fort peu vêtus tentent d’échapper à la furie d’une meute de femelles déchaînées armés de fouets, voulant symboliser par cet état de fait le règne des Amazones dont elle prône être l’une des descendantes les plus illustres. Arabesques parce que la duchesse adore dessiner ce genre de fioritures au coutelet sur le corps de ses victimes.

On verra ce qu'en pense la << Grande Prêtresse >> quand elle reviendra. :14:

Les cheveux crépus formant sur le crâne une architecture capillaire des plus impressionnante, les seins pulpeux allongés à l’excès, aux pointes recouvertes par deux médaillons de cornes, la taille entourée d’une succession de longues bananes d’un jaune éclatant, elle se livra devant nous à une danse pour les moins bizarres, le corps agité de soubresauts hystériques, le tout sur des embardées de tam-tam venues d’on ne sait où, l’étrange créature poussant des cris que je qualifierai de jouissance douloureuse.

Moi j'ai pas de sang bleu, pas de nom à rallonge mais je m'en fout car j'ai d'autres atouts et des pouvoirs inculqués par les plus grands marabouts de la terre africaine.
ImageImageImage

Même dans mes songeries les plus dénaturées je n’osais imaginer pareilles excentricités de la nature.
:twisted: :twisted: :twisted:
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Messagepar Phantom_Blue » 25 Juil 2007, 08:36


Julie de Lespinasse a bien existé et elle tenait un salon

http://www.visseaux.org/julie.htm
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Messagepar Babou » 25 Juil 2007, 09:02


C'était le nom le plus plausible, pour le reste on se rend compte de ta culture et j'ai honte Image

Arabesques parce que la duchesse adore dessiner ce genre de fioritures au coutelet sur le corps de ses victimes.

Ça tombe bien puisque Ouim adore l'Egypte !!
Je suppose qu'il n'y a pas de hasard ; c'est comme l'hôtel particulier du duc de Gonzague qui étrangement s'appelle Tokyo :12: :14:

.... aux pointes recouvertes par deux médaillons de cornes ....

Exact, et ils renferment de la poudre de cornes de rhinocéros, poudre aphrodisiaque que je distille habilement dans un nectar sucré destiné à mes amants Image
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Messagepar Laraider » 25 Juil 2007, 11:52


Rhoooooooooooooo, j'adore mon décoleté et l'apparition de Steve du Bois Joli, loooooool !!!

Les descriptions sont excellentes :)

- Assis autour d’une table ronde, mademoiselle Laraider de Lespinasse, affublée d’une perruque poudrée imposante, exhibant un décolleté impressionnant, surnommée la reine de la nuit, célèbre pour ses bacchanales vénitiennes, orchestrait la manœuvre, invoquant je ne sais quelle âme égarée du troupeau de notre Seigneur.

- A sa droite se tenait le marquis Steve du Bois-Joli, son amant de cœur, réputé pour son esprit libertin, porté sur les arts légers de l’existence, savourant les vins de la passion et les chairs juteuses de mademoiselle de Lespinasse.

- A côté du marquis, le duc Dorian de Gonzague, mage à ses heures perdues. On dit que parfois vers minuit, des vapeurs animées phosphorescentes aux faciès diaboliques s’échappaient des fenêtres de son hôtel particulier, appelé Tokyo car il empruntait sa décoration exubérante aux japonaiseries très en vogue en cette fin du siècle des lumières.

- A sa gauche, le comte Krystos von Goth, au profil d’ange satanique, jeune Casanova ayant fait tourner les têtes de plus d’une galante, versé dans les sciences occultes, et qui se targuait d’être ni plus ni moins le comte de Saint Germain. Son élixir de vie devait certainement profiter à Melle Laraider et à ses comparses, vu les minois affichés, à moins qu’il ne fut question de maquillage poussé à l’extrême et masquant avec soin l’érosion du flot incessant de Chronos.

- Se trouvait aussi à la table la baronne Corinne de la Tourelle, réputée pour ses ballets de jeunes éphèbes et de nymphettes purpurines dansant dans des voiles vaporeux d’une légèreté exquise sur la musique de Lully, les danses se terminant dans des entrelacements d’une audace aux limites de l’indicible secousse physique, et souvent même plus loin.

- Et la duchesse Ouimzie des Arabesques, plutôt axée sur les chasses à coure sur son domaine de Vallembreuse, chasses à l’homme bien évidemment, où de vaillants gaillards fort peu vêtus tentent d’échapper à la furie d’une meute de femelles déchaînées armés de fouets, voulant symboliser par cet état de fait le règne des Amazones dont elle prône être l’une des descendantes les plus illustres. Arabesques parce que la duchesse adore dessiner ce genre de fioritures au coutelet sur le corps de ses victimes.

- Melle Laraider plus décolletée que jamais, et le baron Papofyse, encore sous l’effet de l’alcool de pruneaux (looooooooooool).

Bref, je vais pas faire un copie/colle de tout le texte ... j'adoreeeeeeeeeeeee ... mais où vas tu nous chercher tout ca ??? Dans les recoins interdimensionnels de la strate ???
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Messagepar Aeryn Sun » 28 Juil 2007, 13:19


Cela est succulent :love: :love: :love:

Blue a écrit:Elle se nomme Babou, Marie-Antoinette en est fort jalouse car le roi la dévore à chaque fois des yeux. Elle vient d’un continent perdu de l’autre côté de la mer, où, paraît-il, des animaux énormes ont des nez en formes de phallus qui se dressent en poussant des bruits détonants, et où les femmes copulent la tête à l’envers.


Heu...babou...tu me mène sur ton continent? :D :D :D
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