par Dorian » 13 Fév 2008, 12:19
Hier, Pouillu faisait sa petite promenade hors cage du soir habituelle quand un évènement étrange est arrivé.
Mais avant de vous en dire plus, il faut que je vous parle plus en détail des trois responsables de la situation : Riri, Fifi et Loulou.
Après quelques jours d’observation, je me suis rendu compte qu’ils formaient un trio de choc.
D’un côté, il y a Riri qui sourie tout le temps et qui possède d’ailleurs les mêmes dents que son père. Lui, c’est un sacré phénomène, il est tellement idiot qu’il accumule les bourdes sans même s’en rendre compte. Fifi quant à lui est celui à qui l’on se fie (vous remarquerez le choix des mots dans un souci mnémotechnique), car il est toujours là pour rattraper les gaffes de son frère même si parfois ça doit empirer les choses sachant qu’il reste un hamster russe, donc, une boule de poil cérébralement atrophiée. Et le dernier, Loulou, est un jeune loup (Bien sûr, c’est une expression. N’allez pas imaginer un hamster russe qui hurle au clair de lune !). C’est un flambeur qui drague tout ce qui bouge et ne se soucie guère des pérégrinations de ses frères.
Enfin bref, Riri, Fifi et Loulou vivent la nuit, comme tous les hamsters. Et puis moi, je me suis dit qu’ils étaient jeunes et qu’ils devaient avoir envie de s’amuser autrement qu’en se jetant du haut de leur cage. Alors je leur ai donné un sachet d’herbes de Beloukha.
Petite pause Histoire géo : Le mont Beloukha est l’un des sommets les plus élevés de Russie. Il fut gravi pour la première fois en 1914 par les frères Tronov, qui, comme tout bon russe qui se respecte, avaient avec eux un couple de hamsters russes qu’ils décidèrent d’installer sur le pic oriental du mont.
Igor et Olga (ainsi étaient nommés ces deux illustres hamsters russes), fondèrent une petite communauté appelée Hamsternoff. Ils découvrirent que l’herbe qui poussait à cette altitude, avait un effet une fois consommée, très hallucinogène. Dès 1916, ils se lancèrent donc avec leurs 8 enfants, 36 petits enfants et 117 arrières petits enfants, dans la culture de cette herbe précieuse. Comme toute bonne société communiste, tout le monde travaillait d’arrache pied pour servir la communauté. A cette époque où l’argent n’avait pas la même valeur qu’aujourd’hui, les 10 grammes d’herbe de Beloukha valaient à peine une graine de tournesol ! Puis les années passèrent et la communauté prospéra.
Igor et Olga vécurent plus de 15 ans. Un record qui ne fut jamais plus battu. Mais un beau jour, un hamster japonais en pleine quête de spiritualité trouva Hamsternoff et une fois redescendu du mont Beloukha, fit connaître son existence à la population des hamsters du monde entier. Ce fut une véritable ruée vers l’herbe. Imaginez : des hamsters de toutes nationalités, russes, japonais, français, américains, allemands, belges, britanniques, africains à poil ras, angoras ou légèrement frisottants, cherchant à tout prix à gravir le mont Beloukha pour obtenir l’herbe rarissime. La communauté tripla ses rendements et se lança dans la culture intensive, allant même jusqu’à embaucher des cochons d’indes pour labourer une terre de plus en plus saturée.
Cela marqua la fin du communisme et le début de la mondialisation. Les prix flambèrent jusqu’à atteindre des centaines de noix de cajou pour un simple gramme. En 1987, il fallut élire un président qui fut nommé Igor II, en hommage au père fondateur, afin de calmer la situation et faire régner l’ordre au sein d’Hamsternoff. Mais ce dernier fut renversé lors d’un putsch historique en 1989, par un hamster allemand à poil drus nommé Cashewnuss. Il rebaptisa la communauté Hamsterlin. Mais le 9 Novembre 1989, la chute du mur d’Hamsterlin (qui était en réalité un pan de falaise majestueux surplombant le plateau où se trouvait la communauté), provoqua une avalanche sans précédent qui emporta avec elle les milliers d’occupants et toute trace de cette communauté.
On raconte qu’il y aurait eu quelques survivants qui détiendraient encore aujourd’hui le secret de l’herbe de Belhouka. Personne ne sait de quelle race ou de quelle nationalité ils sont, ni où ils peuvent aujourd’hui résider. Ce qui est sûr, c’est que les rares grammes d’herbes qui circulent se vendent à prix d’or et ce n’est pas le hamster colombien que j’ai racketté pour avoir mon sachet qui va dire le contraire.
Mais après cette petite pause culturelle, revenons-en à Riri, Fifi et loulou qui ont donc découvert la puissance de cette herbe. Malheureusement, je n’étais pas là mais on m’a raconté l’histoire…
Riri a commencé par voir une cacahuète géante qui descendait les escaliers menant à l’étage de ma chambre. Par conséquent, il s’est immédiatement emparé de la gamelle d’eau pour défoncer la porte de la cage et pouvoir sortir. Croyant que son frère jouait avec une piscine gonflable, Fifi s’empressa de monter sur le plongeoir pour pouvoir piquer une tête. Loulou quand à lui, frimeur et amateur de belle cylindrées, pensa que la roue était une Ferrari. Il la décrocha des barreaux et monta dedans à l’instant même où Riri réussissait à défoncer la porte. Fifi termina son saut et au lieu de tomber dans la gamelle, rebondit avec violence sur la roue qui traversait la cage de plus en plus vite.
Propulsé hors de la cage, il alla s’écraser sur le mur d’en face, s’accrochant désespérément au magnifique poster du Tigre du Bengale dévorant un opossum. Terrorisé, il lâcha prise et tomba sur la cage de Solo la gerbille.
Loulou avait embarqué Riri avec lui et ce dernier piaillait pour qu’ils rattrapent la cacahuète. La roue avançait assez rapidement mais les deux hamsters n’étaient pas coordonnés et il arrivait que l’un d’entre eux fasse trois tours complets lorsque l’autre accélérait sans prévenir.
C’est à ce moment là que Pouillu décida d’interrompre sa ballade habituelle pour s’intéresser à la situation. Mais il n’eut pas le temps de dire Couic que déjà la roue, dirigée par ses deux fils surexcités, lui passait sur le corps sans ménagement.
Fifi, traumatisé par le poster, avait réussi à passer (de je ne sais quelle incroyable façon) entre deux barreaux pour se cacher dans le nid de Solo, la gerbille. Voyant son état, Solo en profita pour négocier quelque chose : il pourrait lui fournir un moyen de transport sûr, fiable et rapide pour fuir le tigre et rattraper ses frères à condition qu’il lui fournisse le sachet responsable de tout ça. Fifi accepta et Solo lui montra la boule que je venais d’acheter récemment pour Eureka.
Je pense que vous voyez tous ce qu’est une boule à hamsters : une grosse sphère en plastique qui leur permet de courir hors de leur cage, sans être vraiment dehors…
Pouillu, tout juste remis de ses émotions chercha où était passé son troisième fils et il n’eut pas le temps de dire couac que déjà la boule, dirigée par un Fifi devenu complètement parano, lui passait sur le corps sans ménagement.
Riri et loulou avaient amorcé la descente des escaliers. Se cognant à chaque coin de mur, ils descendaient les marches à grand fracas.
Riri était explosé de rire et, trouvant la situation extrêmement amusante, continuait sans relâche à accélérer. Loulou quand à lui tentait par tous les moyens de s’accrocher, impuissant face à la folie euphorique de son frère.
Fifi allait si vite qu’il arriva en chute libre dans les premières marches de l’escalier et il comprit rapidement que la surface plastique vert pomme de la boule possédait d’impressionnantes capacités pour rebondir quand il ricocha contre un mur puis contre un lustre et que chaque rebond sur surface rigide lui conférait une vitesse toujours plus folle…
Une fois arrivés en bas de l’escalier, Riri et loulou, complètement retournés et incapables de faire preuve du moindre sens de l’orientation firent un terrible rencontre : devant eux se dressait K-Leen, la chatte, terreur des rongeurs de la maison. Elle stoppa la roue d’un simple coup de patte et commença à observer avec appétit les deux boules de poils déboussolées.
Riri, réalisant, commença à se marrer, voyant en K-Leen un Bisounours fuchsia. Loulou quant à lui, commençait à tomber amoureux. Bref, ils étaient en danger de mort mais ils s’en battaient grave !
Tout à coup, un éclair vert Kryptonite traversa la scène et vint mettre le chat KO avant de rebondir dans la cuisine. Riri se mit à applaudir pensant que Superman venait jouer avec eux tandis que Loulou éclata en sanglot en voyant son nouvel amour s’effondrer.
Derrière eux se profila une petite ombre trapue qui n’augurait rien de bon. En effet, Pouillu venait de les retrouver et ils allaient attraper une sacrée ronflée.
Fifi avait été considérablement ralenti dans sa course folle par le rebond moelleux de la tête du chat. Il allait finir sa trajectoire dans une sorte de boîte couverte de boutons multicolores : le micro-ondes.
Le pauvre hamster n’avait vraiment pas de chance car dans la famille, on tient toujours à rester à la pointe de la technologie comme avec notre fabuleux expirateur. Et bien là , nous avons choisi un micro-ondes anti-intrusion frauduleuse. C'est-à -dire que dès qu’un objet le malmène de l’intérieur, il se ferme automatiquement et un compte à rebours commence pour démarrer et atomiser l’intrus. Vous ne connaissiez pas ça vous ?
Bref, la boule a fini sa longue chute dans le micro-ondes, qui s’est refermé et s’est mis à afficher 2 minute au compteur. Fifi, sentant que ça allait mal tourner a commencer à couiner au secours.
Pouillu était en train de réprimander ses gosses avec la fougue d‘un jeune père dépassé par les évènements. Riri continuait à se marrer et loulou chialait toujours comme une madeleine. Tout à coup, ils entendirent les cris de Fifi et se ruèrent dans la cuisine.
Il restait 45 secondes au compteur et ils étaient coincés en bas de l’étagère où trônait le micro-ondes. Riri se marrait de plus belle en pensant que Superman, allait finir par venir sauver Fifi.
C’est là que Pouillu fit preuve d’intelligence. En quelques secondes, il martela le carrelage avec ses dents, décrocha un morceau et l’envoya avec force et vigueur sur une petite cuiller qui dépassait de la table. Cette dernière chuta dans un cliquetis métallique salvateur. Pouillu plaça Loulou sous la cuiller, monta sur la surface fine et fit croire à Riri que le reflet de la surface large était en réalité l’eau d’une piscine. Sans réfléchir (bref, comme d’habitude), Riri plongea avec joie sur la cuiller et se rétama lourdement, permettant cependant d’expulser Pouillu à la manière d’une catapulte dans les hauteurs de l’étagère. Notre brave hamster s’écrasa sur la paroi du micro-ondes qui n’affichait plus que 10 secondes. Prenant son courage à quatre pattes, il glissa sous le micro-ondes à la manière de Lara Croft se précipitant sous la porte d’un temple qui se ferme. Puis il mobilisa ses dernières forces pour débrancher la prise.
Riri était sauvé. Pouillu tomba dans les pommes.
Pour la suite, les trois frères s’unirent pour ramener leur père dans sa cage Bob l’éponge et décidèrent de s’enfermer dans la leur pour se remettre de leurs émotions.
Tous les détails de cette histoire ne sont pas clairs, je le conçois, mais il faut prendre en compte le fait que c’est une gerbille avec un sachet d’herbes de Beloukha qui a tenu à me la raconter…