par Phantom_Blue » 26 Fév 2007, 23:09
Episode 20
Je repensai à Nini. Une petite culotte à l’antenne de mon kart ! Non mais ça va pas la boule ? Pourquoi pas le shorty et les couettes roses pendant qu’on y est ! Des fois t’as des pensées, elles reviennent comme des busards à l’attaque, avec leurs becs crochus avides de goulache sanglante, les serres prêtes à te dépecer sans pitié, leurs ailes noires claquant funestes dans l’air orageux de tes souvenirs glauques. Que ça te fera encore cogiter dix ans après, au détour d’une nuit, après un réveil en sursaut, le cœur balançant des coups de boule dans la poitrine, de la transpiration poisseuse te mouillassant le slibard.
Enilis et Sandra revenaient de la salle de communication, les couettes flageolant dans l’ozone.
— Pas de Charly ! Il est absent ! qu’elle envoya, la Sandra, un rictus de déception et de haine défigurant son gloss « Sweet nana » de Jouvencel.
— On peut faire les classes pour voir si monsieur Richard est là , proposa Enilis.
— Tu crois que c’est quand même Charly ? lui demanda Sandra. On fera comment pour le faire avouer ? On le torture ?
— Molo, que je balançai, c’est une obsession ou quoi ?
— Ben quoi ? répliqua Sandra. C’est radical !
— Ouais, gaufra Enilis, on le ligote et on lui passe du Priscilla. Il ne tiendra pas une minute.
Les filles rigolèrent à donf, surtout Enilis, qui me zoeilla du coin des zoeils. Elle rebelota :
— Alors, on le cherche ?
— Y’a qu’à lancer un appel au standard de la mère Gwendo, proposa BB-lilith, ça évitera de se coltiner tout le bâtiment.
— Ah ouaaiiis ! s’exclama Sandra. Purée, Lilith, t’es trop forte !
Campée devant le micro, Sandra aboya presque :
— Monsieur Richard est demandé d’urgence au standard… je répète… Monsieur Richard est demandé d’urgence au standard…
Décidément. J’étais curieux de voir la suite.
— Ah ouais, qu’elle m’envoya, la Sandra, faudra aussi que tu nous filmes pour le clip !
— Quel clip ? que je demandai surpris.
— Celui de notre chanson, qu’elle expliqua, tout excitée. On a monté un groupe : les Zombies Girls ! Moi je chante, BB-lilith joue de la lead guitar, Nini de la basse, et Sunny elle tient la batterie.
— Ouais, qu’elle beugla, Ayrun Sun, et je fracasse grave les caisses.
— Les caisses de canettes aussi, gloussa BB-lilith.
— Et alors, bien le droit d’avoir une petite canette près de la grosse caisse, au cas où, non ? qu’elle s’offusqua presque. Et puis vous sifflez pas du Champomy non plus pendant les répètes. Il t’arrive de louper des accords, Sandy elle chante bizarre et Nini des fois elle dérape sur les cordes.
— Comment ça, je chante bizarre ? C’est fait exprès pour donner un côté angoissant à la chanson !
— Et moi des fois je donne des effets à la basse, que ça fait plus mieux grave et sépulcral.
— J’ai jamais loupé d’accords, c’est que des fois je speede tellement vite que je joue des accords à l’avance.
V’là autre chose ! Les Zombies Girls ! Rien que pour ça, je tenais à rester encore un peu, histoire de voir le trip ! Devait y avoir une chorégraphie du style squelettes qui dansent en remuant hystériques du coccyx !
— Bon, alors, il vient, monsieur Richard ? qu’elle s’impatienta, Sandra. Grrrrr !
— Peut-être qu’il est pas là , dit Aeryn Sun.
— Bon, on fait quoi ? que je demandai.
BB-lilith allait parler quand Enilis s’écria, les couettes taillant l’air en coups de chlasse :
— Puutiiinnnn ! On aurait dû suivre la secrétaire !
— Ah ouaaaiiis ! s’écria à son tour Sandra. T’as raison ! Saperlipopette !
— Z’inquiétez pas, souffla calme BB-lilith. Justement, j’allais vous le dire. Je lui ai mis un mouchard dans le col du chemisier. Efficace dans un rayon de 10 km.
— Puréééeee ! chanta Sandra. T’es trop géniale !
— Mais pourquoi t’as rien dit avant ? demanda Enilis.
BB-lilith se pinça le bout du nez.
— Faut jamais s’emballer, les filles ! Laisse couler la rivière et elle te mènera à bon port !
Les filles se regardèrent, Sandra haussa les épaules, décontenancée par les paroles. Aeryn Sun lâcha un hips discret, pas trop décontenancée, vu qu’elle devait certainement réfléchir à une autre mystique, du genre : Ne speede pas pour décapsuler la canette, le flot de la bibine te coulera de toute façon dans le gosier.
Quant à Enilis, elle se contenta d’adopter une attitude que tu crois qu’elle a capté le sens alors qu’en fait elle nage total dans la Danette au chocolat.
Voilà que BB-lilith donnait dans la formule zen. Le niveau culturel était monté d’un cran. Euh, vu la suite, je crois que cette pensée m’a échappé un peu trop vite des neurones.
On redéboula dans le couloir.
Et c’est à ce moment-là que quatre autres RE girls se pointèrent.
Sami, une brassière moulant deux lolos chahuteurs, le shorty deux tailles au-dessous, un roulis du popotin à donner le mal de mer à un macchabée dans un cercueil.
Coralie, plutôt la mine réservée, les couettes bien peignées symétriques, un tee-shirt Winnie l’ourson, peut-être la plus sage, mais faut jamais se fier aux apparences.
Nayru, le regard de la gamine qui vient de décapiter sa poupée Barbie avec une paire de ciseaux, peut-être un piercing sur la langue, faudra voir quand elle gueule.
Misscroftlook, le tee-shirt avec des paillettes dorées, le shorty treillis New Jack, les rangeos avec les talons hauts.
Enilis : Qu’est-ce que vous foutez là ?
Sami : Dis donc, la sphère est à tout le monde. DRIMS c’est tout public, je te signale. C’est marqué sur le boîtier, tu sais pas lire ? Salut Blue ! (Sourire sensuel.) Tu viens avec moi sur mon kart ? Tu conduiras, je me mettrai sur tes genoux !
Blue : Hein ? Euh… glurps…
Enilis : Blue est avec nous, alors du vent !
Sami : Ça va, t’as pas le monopole des mecs ! Je suis autant une RE girl que toi, j’ai passé le diplôme !
Sandra : D’abord c’est nous les plus mieux des meilleures !
Coralie : Que tu dis ! On a plus tué que vous !
Sandra : Mon zoeil ! Je suis la plus rapide !
Coralie : Ben moi je tue dix zombies avec une seule balle si ils sont alignés !
Sandra : Ouais, des tout pourris, je peux aussi !
Coralie : C’est pas vrai ! Sont pas tout pourris ! Et même que la balle, des fois, elle est freinée à cause des zos de la tête, qu’ils sont durs, que c’est super diff !
Sandra : Ben moi je les coupe en quatre à la rafale !
Coralie : Pffff ! C’est du gaspillage de balles !
Sandra : Ben parce que toi tu peux pas !
Coralie : Si que je peux, même que je leur coupe la tête, et avant qu’elle tombe par terre, je la taille en apéricubes.
Sami : Alors, Blue ? (Clignements coquins de cils.) Tu viens ?
Blue : Hein ? Euh… glurps…
Enilis : Blue y reste là ! Grrrrr !
Nayru : Arrêtez de vous la péter ! Le temps que vous chargez vos guns, on a déjà nettoyé la ville !
Aeryn Sun : De quoi ? T’as pas sifflé un verre, que j’ai déjà descendu la bouteille !
BB-lilith : Même qu’on a rencontré des stars, nous !
Aeryn Sun : Ouais, Ben Bro… euh…
Misscroftlook : Moi j’ai kissé Brad Pitt et Pierce Brosnam !
Enilis : Que des vieux boucs !
Misscroftlook : Pas vrai ! Z’avaient 18 ans !
Sandra : Du lifting virtuel, tu parles !
Misscroftlook : Eh ben y en a qui feraient mieux de se lipposucer les polygones !
Sandra : C’est pour moi que tu dis ça ? Saperlipopette ! T’as vu mes fesses ? C’est pas du boudin flasque comme certaines !
Coralie : T’as gommé des pixels !
Sandra : Tu rigoles, ma vieille ! C’est pas moi qui me gonfle les lolos !
Nayru : Pourquoi tu me louches en disant ça ?
Sandra : Je te cause pas à toi, et je louche où je veux !
Aeryn Sun : Y’en a qui devrait se faire reformater le cerveau.
Nayru : Faudrait d’abord que certaines elles en aient un, de cerveau ! Côté réflexes, ça vole pas haut !
BB-lilith : Je suis la meilleure au jeu de bagnoles ! Si ça c’est pas les réflexes du cerveau !
Nayru : Braquer un volant à droite et à gauche, n’importe quelle dinde peut le faire !
BB-lilith : Y’en a qui font poules de bars !
Nayru : Tout le monde n’a pas un look de pin-up !
Coralie : Ouais, même que j’ai été élue miss jeune poupée sur le Net !
Sandra : Miss maternelle, ouais !
Coralie : Tu dis ça parce que t’es jalouse !
Sandra : Tu rigoles ! J’ai été élue miss Mew Mew, c’est encore plus mieux !
Sami : Ah ouais ! Le manga où on voit les petites culottes des filles quand elles se baissent !
Sandra : Ben c’est du manga ! Et faut être bien foutue ! Pas avoir de la cellulite comme certaines !
Sami : Tu l’as vue où, la cellulite ? J’ai le shorty le plus mini de toute l’Académie ! Y’en a certaines qui pourraient pas !
Enilis Pffff ! Tu te la pètes Beyoncé !
Sami : Faut pouvoir aussi se la péter Beyoncé !
Enilis : Tu parles, de la pouffe de clip, ouais !
Sami : Ben quand tu sauras chanter comme elle, tu pourras t’aligner !
Sandra : Justement, on a monté un groupe ! On va tourner le clip !
Misscroftlook : Style les Musclés du club Dorothée, version gamines !
Coralie : Ouais, salut Les Musclettes !
Je vous laisse deviner qui rigole et qui rigole pas.
Les filles allaient s’agripper les couettes, quand une sirène d’alarme embrasa le silence des couloirs. Enfin quand je dis silence, en mettant de côté le ramdam vocal des filles.
— C’est quoi ? que je demandai, un zest inquiet.
— C’est un exercice d’alerte, expliqua BB-lilith, la sirène sonne sur deux tons !
Au même moment, des cris excités de gamines envahirent les couloirs, avec un bruit de cavalcade effrénée, qui s’amplifia dans les escaliers, et devint presque assourdissant dans le hall.
— Ça se passe dehors ! dit Aeryn Sun en filant vers l’une des fenêtres.
On l’imita tous.
Une horde de Teletubbies de toutes les tailles et de toutes les couleurs envahissait le parc.
Les gamines déboulèrent dehors, les jupettes plissées valdinguant au vent, les couettes agitées frénétiques, en poussant des cris comme quand y a un minet de la starac qui chante.
Et elles se jetèrent avec férocité sur les peluches, en leur balançant des coups de poings et des coups de pieds.
— Ça me rappelle mes classes ! larmoya Coralie. Snif !
— Ouais, c’était le bon temps ! larmoya à son tour Sandra. Booouuuuu ! Je veux aussi taper dans des Teletubbies !
— Ouais, moi aussi ! pleurnicha Coralie. Booouuuu !
— Bon, ça va, vous allez pas nous faire une crise ? coupa Sami.
— Ça va, répliqua sec Enilis, t’as jamais été djeune ?
— Ouais, qu’elle répondit, la Sami, mais faut arrêter à un moment. Y’a d’autres trucs plus excitant, hein Blue ?
— Hein ? Euh… glurps…
Je rematai par la fenêtre. Purée les gamines ! Complètement déchaînées ! Quand elles tapaient entre les pattes des Teletubbies, leurs gros zoeils s’allumaient ! Et ça s’allumait tout le temps. A mon avis, quand elles seront grandes, faudra pas que le copain ou le mari ils la ramènent trop.
Je repensai à la Japonaise. Pourquoi elle m’a appelé Charly ? Je lui ressemble ? Ou c’est une embrouille montée par le gars ? Peut-être aussi que la Japonaise a eu le coup de foudre ! Un vertige de bonheur et de désir violent pour moi ! Dans ces cas-là , le cerveau s’emballe, perd les pédales, on confond des fois !
— Ouais ben moi je veux aussi cogner des Teletubbies, qu’elle chanta, la Sandra.
— Ouais, moi aussi, enchaîna aussitôt Coralie.
Et elles se barrèrent dans le couloir, les couettes flip flapantes.
Soudain Misscroftlook poussa un long cri inhumain. On sursauta tous et on la mata, cherchant à deviner ce qui avait bien pu être à l’origine de cette frayeur incontrôlable.
Misscroftlook : C’est pas vrai ! Y’a un fil qui dépasse de mon shorty ! Je me trimballais avec tout le temps et je viens juste de le voir !
BB-lilith : C’est quoi comme camelote ?
Misscroftlook : Camelote ? Un shorty Jean-Paul Gaultier !
Enilis : Moi je porte du Lagerfeld. Le mec il me fait trop planer avec son éventail.
Misscroftlook : Ah ouais ? On dirait pas.
Enilis : Merci, c’est celui de la collection printemps été 2007.
Aeryn Sun : Z’en faites un cinéma avec vos shortys ! J’ai un surplus de l’armée, ça suffit largement.
Misscroftlook : J’ai essayé d’en porter un, je me suis ramassé des boutons. J’ai la peau super délicate.
BB-llith : Ouais, moi aussi, j’ai vite des rougeurs. Je porte toujours doublé soie ou satin. Je supporte pas le coton.
Misscroftlook : Le coton, quelle horreur ! Autant porter du sac à patates.
Nayru : Maintenant moi je me les fais moi-même.
Sami : Sans dec ? Tu m’avais jamais dit. Moi aussi, enfin je les retouche.
Enilis : Ouais, ça se voit, surtout côté fesses.
Sami : Ben alors, quand t’as des atouts, faut les mettre en valeur.
Nayru : Moi j’aurais fait une découpe plus en triangle.
Sami : Ah tu crois ? (Elle jeta un œil retourné par derrière.) Ouais, mais alors c’est peut-être trop dénudé, non ?
Aeryn Sun : Mon ex voulait que je porte du mini shorty, il fantasmait dessus. Mais bon, vu qu’il glandait la plupart du temps sur le canapé à picoler et mater la télé et qu’il en touchait pas une côté ménage, j’allais pas encore me parader devant lui histoire pour qu’il se rince gratuit les miros.
Enilis : Ouais, les mecs, faudrait se fringuer mini toute la journée.
Aeryn Sun : Et transparent.
Enilis : Purée, ouais, des petites culottes invisibles pendant qu’ils y sont !
BB-lilith : Quelle bande de cochons !
Aeryn Sun : Et faut pas oublier le strip-tease du soir.
Sami : Le strip-tease du soir ?
Aeryn Sun : Ben monsieur voulait que je me désape en musique devant lui.
Nayru : La vache !
Enilis : Et t’as fait ?
Aeryn Sun : Euh, oui, une fois, j’étais bourrée, mais pas longtemps, il s’est endormi pendant le strip, j’ai pas pardonné.
Sami : Quel goujat !
Nayru : C’est bien les mecs, ça !
BB-lilith : Et alors ?
Aeryn Sun : Je l’ai ranimé, un coup de latte dans les coucounettes. Il s’est réveillé speed. Ça a été notre cause de divorce.
Rigolade générale, sauf moi, je m’étais éloigné en douce vers le distributeur de Zomby Cola. Je louchai par une fenêtre. Dehors les gamines cognaient toujours aussi sec. Une flopée de Teletubbies déglingués gisait dans le parc. J’aperçus Sandra et Coralie qui s’en donnaient à cœur joie, de la férocité sadique agitant leurs couettes roses.
— BLOOOUUUUUE ! qu’elle brailla soudain la Sami. Ben alors, où tu vas ? Tu nous aimes plus ?
— Ouais, gaufra BB-lilith, reviens !
— Ouais, Bloue…
— Bloue…
C’est pas une tronche de T-Rex qui se profilait à l’horizon, mais tout le troupeau !