
La première chose que je remarquai fut le désordre complet de la pièce.
Toutes les étagères sur lesquelles étaient entreposées mes armes étaient à présent entassées dans un coin de la pièce, semant partout au sol pistolets et munitions. L'une d'elle était même démontée, lui manquant tout un montant. Au milieu de la pièce traînait une vieille bâche trouée posée en tas.
Bien que l'électricité était coupée dans tout le manoir, la pièce était éclairée inégalement par plusieurs torches électriques accrochées aux murs, toutes dirigées vers le fond de la salle.
Un grand BOUM ! retentit et mon cœur rata quelques battements. Je m'avançai lentement et vis huit mercenaires occupés à tenter d'enfoncer une autre porte blindée, avec pour bélier le montant manquant de l'étagère démontée. Dans le boucan des coups, ils n'avaient pas entendu la bibliothèque coulisser dans leur dos.
S'il n'y avait pas eu autant de poudre autour de nous, je n'aurai pas hésité à lancer une nouvelle grenade. Au lieu de ça, j'attrapai dans mon dos le shotgun et pris mon temps pour viser le plus grand d'entre eux.
BLAM ! Le premier coup partit et l'un d'eux tomba sans vie au sol. La lumière aveuglante des puissantes lampes torches dirigées droit dans leurs yeux me permit d'en abattre trois autres avant qu'ils ne pensent à les détruire. La scène n'était à présent éclairée que par un projecteur fixé au plafond et le groupe était diminué de moitié.
Les quatre restants dégainèrent leurs uzi et firent feu, arrosant tout autour d'eux. Je n'eus que le temps de me jeter derrière les étagères métalliques sur lesquelles les balles ricochèrent pour me protéger des rafales.
Si ces truffes continuent à tirer dans tous les sens, ils vont finir par tout faire exploser !
J'étais coincée entre deux étagères où il m'était impossible d'utiliser le fusil à pompe. De toute façon son temps de recharge est bien trop long, ce n'est pas super pratique dans ce genre de situation. J'attrapai alors par terre un Desert Eagle, une lunette à visée laser, ainsi qu'un paquet de munitions .50AE. En combinant les trois, j'obtins une arme redoutable.
Ils n'ont qu'à bien se tenir !
Le pointeur laser balaya le corps de l'homme le plus proche et s'arrêta à l'emplacement du cœur. Dans un bruit assourdissant, l'homme fut projeté en arrière et s'écrasa au sol, sans se relever. Aussitôt, un feu nourrit de rafales arrosa l'endroit où je me tenais. Deux balles réussirent à m'atteindre derrière mon rempart mais les blessures restèrent superficielles.
Je rampai lentement tandis que les mercenaires approchaient et je sortis de ma botte la dague volée. D'un mouvement rapide du poignet, je l'envoyai sur celui du milieu. Son cri détourna l'attention des deux autres. Vive comme l'éclair, je sortis des débris et me jetai de toutes mes forces sur le côté, le doigt crispé sur la gâchette, des douilles volant sur mon passage. Surpris par ce mouvement, mes assaillants ne purent ajuster leurs tirs à temps.
J'amortis ma réception par une roulade et lançai un regard circulaire autour de moi. Plus rien ne bougeait.
Lentement, je me relevai et reposai le Desert Eagle. En me dirigeant vers la porte blindée, je jetai un coup d'œil à la bâche. Soudain, elle remua et je fis un bond sur le côté en dégainant mes 9mm. Je tournai avec précaution autour du tas, les pistolets braqués dessus, me retenant à grandes peines de le cribler de balles. Une main émergea du tas et arracha la bâche le recouvrant.
Les yeux agrandis dans un mélange de stupéfaction et de peur, Charles se trouva nez à nez avec les canons de mes armes fétiches. Son visage était ensanglanté par une large blessure à la tempe et il avait l’air hagard et secoué. Ses yeux papillonnèrent autour de la pièce, s’arrêtant sur la porte blindée, les corps des huit mercenaires et les canons de mes 9mm toujours dirigés droit sur sa tête.
Malgré son état de choc de reprendre connaissance dans de telles conditions, il trouva la force de me demander d’une voix rauque si je pouvais « diriger ces machins-là ailleurs ». J’abaissai légèrement mes pistolets mais continuai de les tenir fermement sans bouger.
Charles se redressa péniblement et passa ses doigts contre sa tempe. En découvrant le sang les recouvrant, il fut saisit de vertige et retoucha d’une main tremblante sa blessure. Je me décidai finalement à ranger mes 9mm dans mes holsters et me penchai sur lui.
De toute évidence, on l’avait violemment frappé avec la crosse d’une arme pour l’assommer. Je reconnu la bâche dont je me servais pour recouvrir les trois caisses de munitions à effets spéciaux.
Je relevai Charles avec précaution, tandis qu’il s’appuyait au mur, la main toujours contre sa tempe. Le sang coagulé collait ses cheveux contre son visage et ses habits habituellement très soignés étaient sales et froissés.
Son regard se vrilla sur moi alors que je lui demandai d’une voix à peine plus forte qu’un murmure :
— Où se trouve Winston ?
— La pièce… à côté, derrière la porte… blindée.
— Il est blessé ?
— Oui, mais je ne sais pas… si c’est grave.
Je me précipitai vers la porte, repoussai d’un mouvement brutal le montant de l’étagère et appelai Jeeves en tambourinant violemment. Par dessus le boucan des coups, j’entendis nettement un cliquetis familier dans mon dos. Très calmement, je me tournai vers Charles qui me visait avec un M1911 qui traînait au sol.
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