par Phantom_Blue » 09 Déc 2007, 11:15
DRIMS saison 2
Episode 5
L’autobus stoppa devant les grilles ouvertes de l’Académie. Des coups de feu retentirent.
Il serait peut-être plus prudent de me casser, si possible avec l’autobus, et sortir de DRIMS. Je descendis en bas, la porte de la cabine conducteur était ouverte, le chauffeur cavalait sur la route. Les clés étaient sur le contact. Oui, mais comment on fait pour quitter DRIMS une fois qu’on roule ? Je matai les cadrans, les boutons. Peut-être qu’en appuyant sur un bouton, on sort de DRIMS. En plus j’ai jamais conduit un autobus. Bon, j’embarque les clés, je trouve les filles, et puis voilà . Vu qu’elles conduisent des karts, y en aura bien une qui sait piloter un autobus. De nouveaux coups de feu claquèrent. Oui, euh, plutôt risqué en fait de sortir.
Hein ? C’est quoi ça, fixé au-dessus de la vitre, qui dépasse du pare-soleil ? Un fusil à pompe à canon scié ! Je le décroche. Doit y avoir des balles quelque part. J’ouvre ce qui ressemble à une boite à gants dans le tableau de bord. Bingo ! Des cartouches ! J’en fourre plusieurs dans le fusil et prends le reste dans ma poche. Une chance que le chauffeur ne l’ait pas pris avec lui.
Je filai vers l’Académie. La lune éclairait toujours autant. J’évitai l’allée et coupai par les pelouses, me dissimulant derrière des haies et des bosquets. Ça rafalait de l’autre côté du bâtiment. Purée, pourvu que je tombe pas sur des monstres. J’aurais mieux fait de rester dans l’autobus et de filer avec. Un instant j’ai envie de revenir en arrière. Surtout en voyant un corps sans tête allongé sur le gazon. Sûrement un zombie éclaté par une balle. Bon, du moment qu’il y en a un claqué ici, doit plus en rester dans le secteur. Raisonnement à deux balles qui ne me rassure qu’en partie.
J’arrivai devant l’Académie. Le hall et la plupart des fenêtres étaient éclairés. Une dizaine de karts stationnaient devant. Je reconnus celui des filles. Ben le modèle de petites culottes attachées aux antennes. C’est des détails qui s’oublient pas. Pour les autres, je vois pas. Si, je crois reconnaître celui de Laraider. Un string rouge pend au bout de l’antenne. Donc doit y avoir Corinne et Babou. Et Steve.
Je montai speed les marches de l’escalier. Déboulai dans le hall. Silence dans les couloirs. Je serrai mon fusil à pompe dans les doigts, prêt à flinguer.
Mais oui ! Je viens d’y penser ! Si on se fait tuer dans DRIMS, on sort forcément du jeu. Ben oui ! Euh, peut-être pas forcément. Je sais pas. Faudra que je demande à BB-lilith. Elle a dû y penser. Peut-être pas. Qu’est-ce qu’elle nous cache ? Si elle nous cache quelque chose ?
Des tirs parvinrent de dehors. Et si c’était les filles ? Je retournai sur mes pas. Jetai un œil sur le perron, dans le parc.
Deux guns vissés dans les mains, Sandra et Enilis canardaient soutenu. A quelques mètres, plusieurs zombies éclatèrent par petits bouts sanglants. Et s’écroulèrent dans le gazon. Heureusement je suis pas passé par ce côté. J’attendis que les guns se taisent et je bondis dehors en criant :
— Hep les filles !
Elles se retournèrent.
— C’est Blue ! s’exclama Enilis. Tétais où ? On croyait que t’avais été bouffé par les zombies !
— Mais qu’est-ce qui se passe ici ? que je demandai après les avoir rejoint. Avant c’était cool avec les zombies.
— Y’a eu une éclipse, expliqua Sandra, puis la nuit est revenue, et les zombies ont de nouveau eu la dalle.
— Et les autres filles ?
— Elles nettoient derrière l’Académie, répondit Enilis.
— Faut que je parle à BB-lilith. J’ai des infos pour sortir de DRIMS.
— Ah oui ! s’exclama Sandra. Tu sais comment faire ?
— Oui, même que je suis sorti de DRIMS.
BB-lilith rengaina ses guns. Des zombies croupissaient dans l’herbe, les têtes plus ou moins arrachées par les balles. Aeryn Sun l’imita après avoir tiré une dernière salve sur un corps étendu qui bougeait encore.
— Lili, lança Sandra, y a Blue qui est sorti de DRIMS ! Allez, Blue, raconte-nous maintenant !
Je commençai mon récit. L’autobus. Le brouillard lumineux. Le réveil dans ma chambre. Ma mère qui débranche le pc. Les filles rigolèrent. Tonton le nez dans les courses. Goupy qui dalle une souris. La virée au Poilu. Les filles rigolèrent une nouvelle fois.
— Blue, caqueta Aeryn Sun, t’es vraiment un fils indigne.
— Ben quoi, un copain l’a ramené après, et puis il a pu cuver tranquille. Comment j’aurais fait sans remorque ? Grumpf !
C’est Sandra qui dégaina speed et rafala un zombie qui devait traîner dans le coin. En manque d’affection, cherchant un câlin. Elle le câlina avec des bisous de métal perforant.
— Nan mais, qu’elle crachota en rengainant, c’est vachement impoli d’interrompre une conversation.
Je repris la narration. Le chat le soir. La disparition des lunettes 3D et du CD DRIMS.
— Ce que je comprends pas, c’est que vous étiez vous aussi revenues dans la réalité, et pourtant vous étiez coincées dans DRIMS en même temps, vu que vous êtes toujours là .
— Rien ne prouve que c’était nous, dit BB-lilith, tu ne nous as pas vraiment vues, c’était juste des phrases sur le chat.
— Saperlipopette ! dégobilla Sandra. Alors ce serait encore un coup de DRIMS ? Et Blue n’aurait pas retrouvé la réalité, mais une imitation ?
— Pourtant tout collait bien, ça avait l’air d’être la vraie réalité. Même votre comportement sur le chat.
— Y’a pas un détail qui te paraît bizarre quand tu y repenses maintenant ? demanda Enilis. Réfléchis bien !
— Ben… euh… non… je vois pas… purée !
Les filles me fixèrent avec des zoeils ronds.
— Quoi ? demanda Sandra.
— Ben on n’a jamais eu de remorque ! Quand mon père avait besoin d’une, il empruntait celle de l’épicier. Et puis c’est tonton qui était une fois bourré au Poilu, jamais mon père ! Il picole pas !
— Saperlipopette !
— C’était une fausse réalité, dit BB-lilith, mais je pense qu’après, y a la vraie réalité.
— T’es sûre ? demanda Enilis.
— Encore un truc à vérifier, mais je suis pratiquement sûre.
Aeryn Sun la fixa.
— Tu sais des trucs et tu veux rien nous dire. Pourquoi ?
Tout le monde la loucha soutenu.
— J’attends d’avoir tous les éléments. Et puis je pensais que Nini retournerait dans la réalité, du moins dans une des réalités, et que je pourrais la suivre avec un mouchard. Du moins fallait tenter le coup.
Tout s’expliquait pour le mouchard dans le shorty d’Enilis.
— Faudrait en placer un sur Blue, lança Enilis.
Je sortis les clés de ma poche.
— Pas la peine ! L’autobus est garé devant l’Académie.
— Quooooiiiiii ! cria Sandra, que ses couettes elles s’entrechoquèrent au-dessus de sa tête. Et c’est maintenant que tu nous le dis ?
Je racontai vite pour le chauffeur, le fusil, l’idée du bouton qui déclenche la sortie de DRIMS.
— Hoooop ! speeda Sandra. Tous dans l’autobus !
— Mais si on se retrouve dans une imitation de la réalité ? s’inquiéta Enilis.
— On s’en fout, répondit Aeryn Sun, du moment qu’il y a quelque chose à picoler. Oui, ça va, c’est bon, je blague !
Au passage, BB-lilith prit l’annuaire derrière son kart avec elle.
C’est Aeryn Sun qui se proposa pour le volant.
— Une fois je flirtai avec un routier, il m’a appris à conduire son dix tonnes. La réserve de canettes qu’il trimballait dans la cabine, je vous raconte pas.
BB-lilth se plaça à côté d’elle, l’annuaire posé sur le tableau de bord.
— Bon, nous on file au-dessus, lança Enilis on pourra tout surveiller d’en haut.
— Ouais, bonne idée, approuva Sandra.
Je les suivis à l’étage.
Je viens juste d’y penser. On aurait peut-être dû prévenir Laraider et les autres. Oui, bon, d’abord on sort de DRIMS, après on verra.
— Peut-être qu’on atterrira tout de suite dans la vraie réalité, souffla Enilis. Hein Blue ?
— Ben oui, pourquoi pas !
Je pensais à l’idée de se faire flinguer pour sortir du jeu. L’intensité émotionnelle devait normalement interrompre la partie. Je préférai attendre pour en parler. De toute façon c’était dans le mode d’emploi de DRIMS. BB-lilith avait dû y penser. Mais tout compte fait, ce n’était pas si évident. Ça équivalait à une sorte de suicide. Décidément, DRIMS était bien le jeu garantissant des émotions fortes.
On roulait depuis un quart d’heure dans les rues. La lune illuminait toujours la ville. De temps à autre un zombie se dandinait sur un trottoir. Les filles rafalaient à donf. Le zombie terminait déchiqueté dans une mare de sang.
Une autre idée me flasha dans l’esprit.
— Hééé ! Mais vous ne rechargez jamais vos guns ?
— Hein ? fit Sandra. C’est Lili, elle a activé le code pour avoir toutes les munitions pour les guns.
— Ouais ? Comment elle a fait ?
— Ah oui, répondit Enilis, elle a vu Yakari et… bla bla bla…
On n’était pas plus avancé. Peut-être qu’on devrait filer chez Yakari et lui en demander plus. Mais bon, là on avait une chance de sortir de DRIMS, ensemble en plus. Enfin d’atteindre une réalité proche de la vraie. Après on aviserait.
Une dernière chose me parut bizarre. Pourquoi le chauffeur s’était barré en abandonnant l’autobus ? Et sans prendre le fusil à pompe ? Avait-il un gun avec lui ? Etait-ce de nouveau un scénario monté par DRIMS ?
Bon j’arrête de cogiter. Je préfère me concentrer sur le moment présent.
Soudain l'autobus s’arrêta.
— Il se passe quoi ? demanda Sandra en se penchant en avant, pour mater la route devant l’autobus.
La portière de la cabine s’ouvrit et BB-lilith bondit dehors. Elle se plaça devant l’autobus, puis envoya :
— Blue ! Y’avait quoi affiché devant ? Avenue des lilas ?
— Hein ? que je répondis, penché à côté de Sandra. Oui !
— Je m’en doutais, dit-elle, sur l’affichage devant y avait toujours marqué DRIMS. Et comme on avance depuis un moment sans qu’il se passe rien.
— Mais t’as trouvé le bouton qui fait sortir ? demanda Enilis, à côté de moi.
— Pas vraiment, mais y en a que sept, alors je les essaye tous.
Elle regagna la cabine et l’autobus redémarra.
— A mon avis, dit Enilis, on peut sortir de DRIMS à n’importe quel moment avec l’autobus.
— Peut-être pas, répliquai-je, faut peut-être arriver au bout d’une ligne.
— Ah ouaaiiiis ! s’écria Sandra en me prenant par le bras, des zoeils admiratifs braqués sur moi. Blue, t’es trop fort !
Un sourire de satisfaction égocentrique narcissique flashota sur mon visage.
Un grrrr vampirique assombrit le visage d’Enilis.
— Arrête de frimer devant les gamines ! qu’elle crachota, les bras croisés.
— Quoiiii ! s’exclama Sandra. Qui c’est qui est une gamine, nan mais ? Je te signale que c’est ma dernière année de collège, l’année prochaine je suis lycéenne. Et pis je suis vachement plus mature que les autres filles.
Enilis nous fixait, pas contente du tout, les couettes pointues comme des pics à glace.
Quand une main crochue avec des ongles démesurés agrippa le rebord. Et une tête de monstre apparut, la gueule ouverte, les crocs baveux.
Enilis dégaina la première et lui tricota un lifting presque à bout portant. La tête aux trois quarts explosée, le monstre lâcha et s’écrasa sur la route.
Valait mieux ne pas en rajouter. Je gardai un silence de grande sagesse silencieuse. Surtout devant une fille très nerveuse avec un gun dans la mimine.
L’autobus stoppa devant mon agence. Elle était fermée. Que sont mes petites japonettes chéries devenues ? Snif !
Enilis capta mon désarroi. Un sourire de satisfaction carnassière étira sa bouche.
Et pas de brouillard. Ça ne devait pas être les boutons. Alors comment le chauffeur faisait pour sortir de DRIMS ?
L’autobus redémarra.
— On repart, dit Enilis, peut-être qu’elles essayent avec d’autres rues.
BB-lilith nous rejoignit à l’étage.
— Aucun des sept boutons ne fait sortir de DRIMS, ça n’a rien donné. Il faut retrouver le chauffeur. On file au central des bus. On pourra certainement récolter des infos. Et peut-être même le plan des lignes, et de celles qui conduisent hors de DRIMS.
— Ouaaaiiiis ! sécria Sandra, les couettes agitées. Bonne idée ! Lili, t’es trop la meilleure !
— Je viens d’y penser, dis-je, et s’il fallait faire une combinaison avec les boutons ?
— Ben là pour trouver ça, répondit BB-lilith, c’est pas gagné. Bon, je retourne en bas, j’essaye encore les boutons, on ne sait jamais.
Avant de redescendre, son regard croisa le mien.
Elle devait en savoir long. Elle n’avait peut-être pas tout dit sur Yakari. Et je suis sûr qu’Aeryn Sun cachait des trucs. Après tout, elles étaient allées ensemble chez Yakari. Pourquoi BB-lilith n’avait pas proposé d’y retourner ? Ou peut-être je me faisais des idées. Vu la situation, y avait de quoi devenir parano du ciboulot.
Des lueurs dans le ciel. Un incendie. On s’approchait, fascinés. De notre hauteur, on pouvait voir par-dessus le mur du central. Une dizaine d’autobus flambaient sur un parking. Un bâtiment à côté aussi.
— C’est pas vrai, souffla Sandra, y a tout qui brûle !
Notre autobus s’arrêta devant l’entrée. Je vis BB-lilith sortir de la cabine et foncer sur le parking, vers le bâtiment.
— Venez, on la suit ! que je criai.
J’embarquai mon fusil à pompe.
Après une descente speed, les rangeos claquant sur les marches, on s’éjecta à l’arrière du bus. Aeryn Sun était restée au volant.
Les flammes ronflaient dans la nuit claire. Un ballet démoniaque mouvant. La chaleur nous enveloppait comme une fourrure dangereuse.
BB-lilith se tenait devant le bâtiment.
— Impossible d’y entrer, dit-elle, là je crois c’est râpé. On dirait que quelqu’un veut effacer tous les liens qui nous relient à la soluce.
— Gasp ! crachota Sandra. Si je le tenais, il aurait des baffes à gogo.
Soudain un flash blanc lumineux éclaira la rue.
— C’est quoi ça ? demanda Sandra.
— L’autobus ! cria Enilis.
On se précipita, les filles cavalant devant, vachement entraînées, moi je suivis en forçant sur les enjambées.
L’autobus avait disparu.
— Sunny a dû trouver comment sortir de DRIMS, dit Enilis.
— Saperlipopette !
— Oui, confirma BB-lilith, elle a dû essayer un truc au hasard et ça a fonctionné.
— Et l’annuaire ? s’inquiéta Enilis. Il est parti avec elle.
BB-lilith poussa un soupir soupirant.
— Oui, mais bon, doit y en avoir d’autres. Je pense pas que ce soit une de nos préoccupations vitales.
Eh ben, on était plutôt mal barré. Un central d’autobus ravagé par le feu. Notre autobus envolé. Aeryn Sun avec. Dieu sait où elle allait atterrir. Pas d’infos sur le chauffeur.
BB-lilith proposa de retourner à l’Académie. De là on aviserait.
— Tiens, à propos, que je demandai, y avait pas Laraider, Babou, Corinne, et Steve ?
— A ouaaaiiis ! s’écria Enilis. Laraider n’était pas contente, Steve voulait pas se marier avec elle. Alors elle l’a emmenée de force à l’église. Mais là -bas, pendant la cérémonie, y a eu l’éclipse et l’église a été attaquée par des vampires.
— Ah oui, l’éclipse ! que je répétai.
— Ben oui, le soleil s’est obscurcit, et y a de nouveau eu la nuit et les zombies, et tout le reste.
On n’allait pas se taper le chemin à pied. Enilis se planta devant une Mercedes, rafala la serrure et s’installa au volant. Après un tricotage des fils, le moteur démarra. Puis elle déverrouilla les portières. BB-lilith se planqua devant, moi et Sandra à l’arrière.
— Dis donc, que je demandai, c’est au lycée que t’as appris à faucher les bagnoles ?
— Nan, qu’elle répondit, c’est dans 24 H chrono.
— Ah ouaaaiiiis ! s’écria Sandra. Trop bien la série ! Mais moi c’est Prison Break ! J’adoooore Robert Knepper ! Il est trop sadique attitude !
Une meute de Zombies se ramenait au milieu de la route, dans la carté des lampadaires.
— Je vais les emplafonner, cracha joyeuse Enilis.
— Nooooon ! hurla Sandra. Arrêêêête ! Je veux les zigouiller !
— Toua alors, avec tes zombies !
Elle freina sec dans un crissement de pneus.
Sandra j’éjecta de la bagnole, dégaina ses deux guns et courut vers eux en rafalant non-stop.
— C’est pas vrai, hocha des couettes BB-lilith, le jour où elle sort de DRIMS, elle va déprimer.
— Hé, Blue, demanda Enilis en me louchant du coin des zoeils, t’as pas envie de faire aussi un carton ?
— Euh, non merci, que je bafouillai, Sandy assure très bien.
C’est vrai qu’elle assurait, la Sandra. A mon avis elle est née avec deux petits guns dans les mains, et ils ont grandi avec elle. Elle a dû tirer sur le biberon plus d’une fois en braillant : « J’veux du Zomby Cola ! »
Une tête de zombie vola en éclats. Normal, à bout portant, avec Sandra au bout du bout portant, c’est légèrement différent que de se passer de la brillantine dans les tifs.
Elle balança un coup de rangeo dans les burnes d’un autre zombie. A mon avis, là elle exorcise le refus d’un copain de sortir avec elle. Normal, faudrait être suicidaire pour passer une soirée avec elle.
Même au sol, quand ils bougeaient plus, elle canardait hystérique. Deux zombies se barrèrent. Je les comprends. Sandra les arrosa de balles dans le dos. J’ose à peine imaginer si un jour son amoureux voulait la quitter. Les zombies s’écroulèrent sur la route, les corps giclant des jets de sang.
Elle rengaina ses guns et revint en roulant du shorty, les couettes flapotantes.
— Ah ça fait du bien, qu’elle souffla, de nouveau sur la banquette arrière.
Enilis redémarra, roula entre les zombies éclatés, et fonça vers l’Académie.
Un silence pesait sur le bâtiment. Les fenêtres et le hall étaient toujours éclairés. Il ne restait que les quatre karts des filles. Les autres avaient disparu.
BB-lilith exposa son plan.
— On file chez Yakari, peut-être qu’elle est encore là . Blue, tu prends le kart de Sunny. Tiens, voilà une oreillette, ça nous sert à communiquer quand on roule.
Je m’étais trompée sur BB-lilith. Elle ne nous cachait rien. Elle essayait seulement de résoudre la situation au plus vite, et le mieux possible. Enfin c’était une nouvelle conclusion. Jusqu’à preuve du contraire.
On allait monter dans les karts quand une voix chantonnante de mec jaillit dans l’air :
— Bonsoir belles demoiselles, le plus grand détective du paranormal peut-il vous être utile ?
— Oh ça va, arrête ta frime ! cracha une voix de fille.
C’était Martin Mystère et sa sœur Diana. Alors eux aussi se trouvaient dans DRIMS.
Martin loucha BB-lilith, les yeux lançant des appels de phares. Ce qui ne parut pas lui déplaire.
Quant à Diana, elle se ramena vers moi, les zoeils envoyant des cœurs comme un flacon de bulles à savon.
— Bonjour, quelle me roucoula, tu enquêtes aussi sur les monstres ?
Enilis me loucha en émettant un grognement guttural.
— Dégage, poufiasse ! qu’elle aboya.
— De quoi ? lui cracha Diana. Non mais pour qui tu te prends, espèce de morue ?
Elles s’empoignèrent aux soutifs et se secouèrent soutenu.
— C’est pas vrai, dit BB-lilith.
— Elle n’est pas sortable, gloussa Martin, mais oublions-la et allons nous promener au clair de lune, main dans la main. Je te raconterai mes dernières aventures contre les monstres de l’espace.
Enilis et Diana roulaient sur le gazon en poussant des cris de filles qui poussent des cris de filles quand elles roulent sur le gazon.
— Bon ça suffit ! gueula BB-lilith.
Elle dégaina un gun et tira une rafale en l’air. Martin sursauta, sa longue mèche blonde effrayée.
BB-lilith et Enilis roulaient en tête. Je suivais avec Sandra à côté de moi. Pas si difficile que ça de conduire un kart. Martin et Diana s’étaient barrés dans le parc. Elle m’avait lancé un coup de zoeil aguicheur. Peut-être qu’on se reverra.
Il fallait le prévoir, la villa de Yakari était vide. On fouilla partout. La plupart des pièces se résumait à une décoration japonaise très sobre. Quelques rares meubles, des tatamis, des bonzaïs. Aucun indice susceptible de nous faire progresser. On reprit les karts.
Enilis : Faudrait trouver Clac-Clac et lui demander. Il en sait beaucoup.
Sandra : Si on le trouve. Faudrait envoyer dans le ciel une petite culotte attachée à un cerf-volant. Ça le ferait venir.
Enilis : (rigole) Ouais, ce serait une bonne idée.
Blue : C’est qui, ce Clac-Clac et cette histoire de petite culotte ?
Enilis : Dès que les filles parlent de petites culottes, les mecs sont tout de suite obsédés.
Sandra : Ouais, c’est terrible.
Blue : Ben nooon, je demande, je sais pas de qui vous parlez, m’enfin !
On roulait depuis cinq minutes, quand on tomba sur un kiosque à journaux ouvert.
Enilis : C’est le kiosque de la mère Mouftard. Peut-être qu’elle a des infos.
BB-lilith : Oui, on va l’interroger.
Sandra : Attention, la vieille n’est pas commode.
Enilis : Elle a intérêt à smiler cool, sinon je lui refais son chignon avec mes guns.
Sandra : (rigole)
Le temps de stopper les karts, Enilis bondit sur le trottoir et fila vers le kiosque. On la rejoignit.
Une vieille style sorcière glandait dans le kiosque, coiffée d’un chignon gris, des petites lunettes rondes en métal sur un nez crochu. Deux loupiotes 40 watts en forme de cranes pendaient au-dessus d’elle. Elle tricotait avec dextérité, ses doigts crochus garnies de bagouzes.
Je louchai sur les magazines. Glurps ! Y’avait des revues de japonettes nues. Je louchai ailleurs sur Le Figaro Magazine, histoire de ne pas attirer l’attention sur mon attention attirée par les magazines de japonettes. Super glurps !
— Hiiiiiiiiiiiiiii ! cria Sandra.
Là mes tympans dégustèrent du décibel à donf.
— Là à à à à à à !
Elle tendait son index vers un magazine.
LE GUIDE OFFICIEL DE DRIMS
TOUTES LES SOLUCES, TOUTES LES SPHERES, LES DIFFERENTS MOYENS DE SORTIR
UNIQUE EXEMPLAIRE HORS SERIE
— C’est pas vrai, dit BB-lilith, je le crois pas.
Sandra décrocha le magazine de sa pince et l’ouvrit.
— Tout est en photos, y a des plans. Wouaaah !
Elle s’avança dans la lumière du lampadaire pour mieux voir, suivie par Enilis et BB-lilith.
WOOOOOOOOUUUUUUUUUUMMMMMMMMM !
Le landau avait surgi plein gaz, vu que c’était un landau à réaction. Un affreux bébé tout boursouflé du visage arracha au passage le guide des mains de Sandra. Il l’exhiba dans sa grosse menotte.
— Hahahaha ! qu’il ricana fort en s’éloignant.
— C’est bébé big boss ! s’exclama Enilis.
— Saloperie ! cracha Sandra. Je vais lui faire bouffer sa couche-culotte !
— Vite ! cria BB-lilith. Faut le rattraper !
On sauta sur nos karts. Les filles fonçaient déjà en avant, pistant le landau. Les mains crispées sur le volant, j’appuyai sur la pédale d’accélérateur.
La mère Mouftard était sortie de son kiosque, un fusil à triple canon dans les doigts.
— Bande de voyous, revenez payer le magazine !
Elle épaula et appuya sur la gâchette. Une volée de billes en métal acéré fusa dans l’air de la nuit, toujours noyée par un clair de lune irréel.