par Phantom_Blue » 04 Nov 2007, 11:04
DRIMS saison 2
Episode 3
Les filles parlaient en même temps, surtout Enilis et Sandra. Des vraies pipelettes. BB-lilith ponctuait de temps à autre par une remarque intellectuelle. Non, j’ai pas dit qu’Enilis et Sandra racontaient des débilités du cerveau des couettes, mais l’intellectualisme des propos était dilué dans une trame de phrases simplifiées au niveau construction syntaxique. Oui, euh, bon, je m’étendrai pas sur le sujet. Aeryn Sun se contentait de hausser les couettes.
Donc, si j’ai bien capté, j’avais perdu la mémoire et mon vol plané dans les airs me l’avait rendue. Apparemment j’étais entier. Je bougeai mes bras, mes jambes, me redressai, pas de douleur.
— Ça va, t’as rien ? demanda BB-lilith.
— Non, que je bafouillai, assis dans l’herbe, face à huit lolos. Un peu étourdi, c’est tout.
— Alors, t’es passé où quand t’as disparu ? demanda Sandra. T’es retourné dans la réalité ?
— Hein ? Je me suis retrouvé dans une sorte de tube transparent, je volais dedans à grande vitesse. Des fois y avait un cercle sur la paroi, avec un truc écrit dessus.
— C’était quoi qu’y avait écrit dessus ? demanda speed Sandra.
— Laisse-le respirer, dit BB-lilith.
Je me frottai les zoeils.
— Attendez… euh… y avait écrit sphère fantasy sur un… j’avais l’impression de voler en rond, le tube allait toujours vers la droite…
— C’est le vortex qui relie les sphères de DRIMS, lança BB-lilith, il doit être circulaire, et t’es revenu au point de départ. Je suis sûre que sur un cercle y a écrit sortie.
— Ouaaaiiiis ! s’exclama Sandra, on va pouvoir enfin sortir de ce jeu !
— Y’a qu’à sauter dans le vide, proposa Enilis, on sort d’ici, on se retrouve dans le vortex, on repère la sortie…
— Doucement, les calma BB-lilith, c’est peut-être pas aussi simple. Le mieux serait de trouver Yakira Yamamoto, en espérant qu’elle se pointe dans le jeu.
— Yakira Yamamoto ? que je répétai. Ou Yakara, je sais plus, oui, je connais !
— Quuuoooiiiii ?
Je crispai ma tête du côté des zoreilles, surtout la droite, vu que Sandra se tenait à ma droite.
Et surtout parce que c’est elle qui avait poussé ce cri interrogatif aigu prolongé. Elle rajouta :
— Tu connais Yakiraaa Yamamotooo ?
— Ben oui. Elle a appelé pour qu’on lui fasse le jardin de sa villa. Je me rappelle de son nom, c’est une Japonaise.
— Evidemment, grumpfa Enilis, un demi-rictus dégouliné sur la bouche.
— Et elle habite où ? demanda BB-lilith.
— Je sais plus, mais c’est marqué dans le cahier des commandes. Il est à l’accueil.
— Je vais le chercher, dit Aeryn Sun.
Et elle se dirigea vers l’entrée de l’agence.
Enilis bondit sur ses rangeos et cavala vers les karts. Elle revint avec l’annuaire.
— Normalement son nom doit être dedans.
— Ah ouaiiiis ! cria Sandra.
Nouvelle crispation des zoreilles.
Enilis feuilleta les pages dans les Y.
— Elle est dedans ! Euh… oui mais là c’est marqué Yakari et pas Yakira !
— Peut-être une erreur de DRIMS, souffla Sandra. T’en penses quoi, Lili ?
— Quelle est l’adresse ? On va comparer avec celle dans le cahier des commandes.
— Elle habite 34 rue des asperges.
Aeryn Sun se pointa avec un cahier blue à la main, l’index logé entre des pages. Elle l’ouvrit et lu :
— Yakari Yamamoto, 34 rue des asperges.
— C’est la mêêêême ! cria une nouvelle fois Sandra.
Va falloir que je mette un protège-oreilles contre les décibels.
— Ouais, gargouilla Enilis en feuilletant dans les A, mais le prénom ne correspond pas.
Sandra leva le poing en l’air.
— Ça fait rien, on fonce chez elle, c’est elle, j’en suis sûre.
— Possible, dit BB-lilith, mais si elle est amnésique et bloquée elle aussi dans le jeu ?
— Super gasp ! cracha Sandra. Ben là on est mal. Faudra peut-être lui faire le coup du vol plané, comme à Blue.
Je sais pas ce que vous en pensez, mais moi je crois qu’on va encore en voir des belles.
Soudain Enilis poussa un cri perçant de surprise. C’est fou ce que les filles peuvent être sonores, euh, décibelles ! Ben oui, fallait le faire, ça me brûlait les doigts !
— L’Académie, elle est reconstruite !
— Bon, envoya BB-lilith, on va s’organiser. Moi et Aeryn Sun on fonce chez Yakari, toi Sandra et Blue vous filez à l’Académie. Peut-être que vous trouverez des infos. Et vous nous attendez là -bas. File-moi l’annuaire ! Hop, on s’arrache !
Cramponné à l’arrière du kart d’Enilis, j’essayais de pas me ramasser dans les virages. Sandra suivait derrière, les couettes étirées comme les ailettes de Flash sur son casque. Mais pourquoi elles se sont pointées. J’étais super trop bien avec mon agence de Japonettes. J’allais inaugurer une nouvelle combi encore plus mini. Snif et resnif ! C’est po juste !
Stupeur en arrivant devant la grille d’entrée grande ouverte donnant sur une allée bordée de buissons décoratifs. Au-dessus, imprimé en lettres capitales sur un panneau arrondi :
ACADEMIE DES LOVE GIRLS
— C’est plus les RE girls ? demanda Sandra, étonnée.
— Faut croire que non, répondit Enilis. On va tout de suite le savoir.
Et les deux karts remontèrent l’allée.
L’Académie apparut derrière un rideau d’arbres. Un véritable château renaissance avec des tourelles pointues et des sculptures baroques.
Près du grand escalier, un groupe de filles discutaient.
Sandra avait stoppé son kart à côté du nôtre.
— Z’avez vu ça ?
Pour voir, j’avais vu. Chemisiers en nylon blanc laissant voir les soutifs. Mini kilts jupettes ras la petite culotte. Longues socquettes blanches déroulées jusqu’à mi-cuisse. Bottines à talons hauts. J’oubliais les couettes, de toutes les couleurs.
— Mais où est passé le shorty et les guns ? gargouilla Enilis. C’est quoi, ces tenues de pouffes de pensionnats ?
Le zombie avait déboulé dans l’allée.
— Gasp ! dégobilla Sandra.
Elle sauta de son kart et dégaina son gun.
Au même moment une fille se détacha du groupe, courut vers le zombie juste quand l’index meurtrier de Sandra allait presser la détente, ce qui le bloqua vu le surréalisme de la scène, d’hab les filles se barrent devant les zombies, et la fille lui fit la bise, les bras passés autour du cou du monstre humain. Puis elle le prit par la main et ils filèrent sur la pelouse vers un parc.
Sandra resta figée sur place, le gun à la main, les couettes pendouillantes.
— Ben ça alors.
Elle rengaina mollasse. Je crois que toute sa raison de vivre venait de s’écrouler d’un coup, dans un flot de paillettes éparpillées par le vent.
En haut du grand escalier, une série d’affiches ornaient les portes vitrées. Dont une en rose fluo encadrée de petits cœurs qui scintillaient quand on bouge la tête :
LES ZOMBIES SONT NOS AMIS
— M’enfin, gargouilla Sandra, c’est quoi ce binz de dingos ?
Dans le vaste hall, une statue de trois mètres de haut en marbre blanc de Charly en empereur romain se dressait, altière, sous un dôme garni de vitraux.
— Ben lui il change pas, gloussa Enilis, toujours la même mégalo.
On emprunta un couloir. Soudain une horde de gamines en tutus roses jaillit d’une salle et passa en riant et en bavardant fort.
— Mais c’est quoi comme Académie ? demanda Enilis.
— J’en sais rien, répondit Sandra, mais j’ai la soif aux dents.
Elle fonça vers un distributeur de Zomby Cola.
— Ça au moins ça n’a pas changé. Quoi ? Deux euros la canette ? Dans le temps ça coûtait 50 cents !
— De toute façon on n’a jamais payé, rigola Enilis.
— C’est vrai, crachota Sandra.
Elle balança un coup de rangeo dans le distributeur.
Une voix d’hôtesse de l’air, faisant un appel dans un aéroport, chanta :
— Veuillez insérer deux euros dans la fente du monnayeur.
Sandra dégaina son gun. Une rafale plus loin, une flopée de canettes de Zomby Cola valdinguèrent sur le carrelage.
— Nan mais, c’est pas une machine qui va faire la loi.
Elle rengaina son gun, ramassa une canette, arracha la languette, avala une gorgée et la recracha, un rictus de dégoût décalqué sur son gloss.
— Beeeuuuurrrkkkk ! Ça a le goût de la fraise ! C’est plus le même qu’avant ! Où est passé le bon goût de blood ?
Quatre filles venaient de surgir dans le hall. Enilis me refila un coup de coude, le zoeil pas content. Elle avait calculé en un quart de seconde, en analysant la trajectoire balistique de mon regard, qu’il n’était pas dirigé mathématiquement parlant sur les couettes.
Mais oui, c’était bien Sami, Misscroftlook, Coralie et Nayru qui se ramenaient dans la nouvelle tenue des Love Girls.
— Elles ont peut-être des infos, s’excita Sandra. Alors les filles, vous êtes aussi bloquées dans DRIMS ?
— Pardon ? demanda Sami, le voix un zest agressif, en stoppant à notre hauteur. T’as un problème ? Je te connais pas ! — Ouais, grogna Coralie, t’es qui toi, avec ta tenue de safari ? Tu te la pètes Lara Croft avec tes pistolets ?
Sandra nous loucha, dépitée.
— Gasp ! Elles sont amnésiques ! Blue, elle te reconnaît plus !
— C’est pas plus mal, gargouilla demi-féroce Enilis.
— Mais enfin insista Sandra, vous ne vous souvenez pas de nous ? Les RE girls ? La chasse aux zombies ?
— Quelle horreur ! s’exclama Sami. Flinguer les zombies ? Mais ça va pas la tête ? Faut te faire soigner la boule !
— Bon, envoya Misscroftlook, on a un cours de maquillage. Dégagez avec vos débilités !
Et elle se barra dans le couloir, suivie par les trois autres.
Coralie se retourna et nous tira une langue postillonnante.
BB-lilith et AerynSun garèrent leurs karts derrière la camionnette de l’agence Bricole Blue. Un muret en rondins de bois entourait une villa en forme de temple japonais. Un sentier en dalles plates conduisait au perron sur lequel veillaient deux dragons ailés éclatant de couleurs.
Deux Japonaises en combis blue, avec le sigle BB imprimé dans le dos, s’activaient dans le jardin sous un petit pont en bois arqué. Elles plantaient des orchidées dans une petite mare. Des poissons argentés glissaient dans une eau transparente.
Une autre Japonaise aux longs cheveux noirs méditait dans la position du lotus sur un petit tapis posé au milieu du jardin. Elle sortait tout droit de Ring.
— Ça doit être elle, dit BB-lilith.
Elles s’approchèrent. Les rangeos glissaient sur le gazon. Un air de printemps flottait dans l’air.
— Vous êtes Yakari Yamamoto ? demanda BB-lilith.
La jeune Japonaise, les yeux toujours fermés, articula d’une voix douce :
— Je vous attendais.
Les deux RE girls échangèrent un regard surpris.
— Ne vous étonnez pas. J’ai vu votre profil dans le jeu. Il y a eu un bug et DRIMS est devenu indépendant. Il s’auto-pense et agit à sa guise.
Le regard échangé fut encore plus surpris.
— Mais vous avez créé le jeu, dit BB-lilith, vous ne pouvez rien faire ?
— Ce n’est pas moi qui l’aie créé, mais ma sœur, Yakira. Et je ne sais pas où elle se trouve. Une seconde !
Les longs cheveux noirs de Yakari s’agitèrent avec force. L’effet dura quelques secondes. Puis ils redevinrent droits et lisses. Elle ouvrit les yeux.
— J’essayais une nouvelle fois de sortir du jeu.
— Vous étiez dans le vortex ? demanda BB-lilith.
Elle exposa les infos données par Blue.
— Oui, c’est ça. Mais les accès aux autres sphères sont fermés. La sortie aussi.
Aeryn Sun intervint :
— Vous avez accès aux profils des joueurs, et à quoi d’autres encore ?
— J’accède aussi aux archives de cette sphère, à tout ce qui a été joué. J’ai parfois des flashes. J’arrive à lire les choses au fur et à mesure qu’elles se déroulent.
Un silence passa. Yakari continua :
— Vous devriez aller à l’Académie. Enilis et Sandra ont un petit problème. Blue est dépassé par la situation. Mais ce n’est pas grave. Si j’ai des infos, je vous envoie Clac-Clac.
— Vous connaissez Clac-Clac ? demanda étonnée BB-lilith.
Yakari sourit en fixant les deux RE girls. Puis elle ferma les yeux.
— Mais…, commença Aern Sun,
BB-lilith la prit par le bras et l’entraîna vers la sortie.
Les deux Japonaises disposaient des nains jaunes un peu partout dans le jardin (l’équivalent des nains de jardins, sauf qu’ils étaient jaunes).
Une fois devant la villa, BB-lilith envoya :
— Je trouve ça très bizarre. Je me pose un tas de questions.
— Normal, dit Aeryn Sun en haussant les épaules, avec DRIMS tout est bizarre.
— Oui, mais j’essaye de reconstituer le puzzle et il me manque des éléments.
— Comme je te connais, tu finiras bien par trouver la soluce. Hé attends ! On lui a pas parlé de Nini, de sa sortie…
— Pas la peine.
— Hein ? Euh… Toi tu sais des trucs que je sais pas.
— T’occupe ! Allez viens, on file à l’Académie voir ce que ces deux écervelées ont encore fait !
Je sais pas ce qui leur a pris. C’est Sandra qui a commencé. Une pulsion, comme ça. Et Enilis a suivi. Ces deux-là , quand elles s’y mettent. Elles sont devenues comme folles. Bon, faut jamais contrarier une fille qui débloque. Alors deux…
Je préférai sortir et m’asseoir sur un banc. Louchai des Love Girls qui passaient pour aller en cours. C’était vraiment une après-midi extra. Après-midi ? D’un coup je me demandais quel sens avait une journée dans DRIMS. J’avais presque oublié que je créchais dans un jeu. Mes pensées tourbillonnaient dans tous les sens.
Hééé mais mon agence ! Mes Japonettes bricoleuses ! J’avais oublié. Comment avais-je pu oublier mes Japonettes bricoleuses ? Incroyable ! Faut que j’y retourne. Je fauche un kart. Oui, c’est ça. Je fauche un kart et je file à l’agence. Les karts étaient toujours garés sur le côté du grand escalier. J’allais me lever quand la voix de Sandra souffla à mon oreille :
— Coucou, Blue !
Vu que je fixai les karts sur le côté, ma tête ayant accompli un tour de 90° dans leur direction, je ne voyais plus devant moi. Je rectifiai la position et découvrit Sandra et Enilis en tenue de Love girls.
Glurps !
— Alors, comment tu nous trouves ? qu’elle demanda, Enilis, presque rougissante.
— Euh, bafouillai-je, ouais, euh, extra, super glurps !
— On va reprendre les cours, lança Sandra, c’est trop bien. Ça fait beaucoup plus féminin que les tenues de RE girls. On est des filles, après tout.
— Oui, confirma Enilis, y en a marre de jouer les killeuses. On est sensibles, douces, fragiles, hein Blue ?
— Euh… oui…
C’est à ce moment-là que BB-lilith et Aeryn Sun se pointèrent plein gaz sur leurs karts. Elles bondirent sur leurs rangeos.
— Ah je vois, dit BB-lilith en louchant les deux nouvelles Love girls.
— Super la tenue, non ? gloussa de joie Sandra. Ça change du shorty.
— Ouais, roucoula Enilis, la jupette c’est le top.
Elle tourna sur elle même, les couettes souriantes.
J’avalai ma salive devant le tiers de petite culotte entraperçu pendant le mouvement rotatoire, vu l’envolée de la jupette vers le haut, causée par l’attraction de la force anti-gravité causée par le vooouuufff tournoyant des fesses…
BB-lilith les cadra.
— C’est DRIMS qui vous influence. Vous devez vous changer. Sinon vous allez tout oublier.
— Hein ? fit Sandra. Oublier quoi ? Et pis d’abord, qui êtes-vous ?
—Enilis, tu nous reconnais ? questionna BB-lilith.
Enilis nous loucha avec des zoeils de grenouilles.
— Euh, je devrais ?
— Purée, souffla Aeryn Sun, total hallucinée. On est mal barré, là !